Aller au contenu principal

Herbe-vache : l'indissociable duo

Après sa venue à  Toulouse pour le dossier de l'ours, la ministre chargée de l'Écologie était en visite dans les estives du Cantal, démontrant qu'agriculture et écologie peuvent trouver des intérêts communs.

file-8194
Pierre Chevalier ne cache pas sa stratégie. Le président de la Fédération nationale bovine (FNB) pense qu'il n'est pas trop tôt pour réfléchir déjà  à  la politique agricole de l'après 2013. Et c'est bien dans ce cadre qu'il a invité vendredi dernier en terres cantaliennes Chantal Jouanno, secrétaire d'État chargée de l'Écologie. « C'est de l'investissement sur l'avenir », résumait-il à  l'issue d'une journée passée à  Brezons sur le thème du pastoralisme et de la biodiversité. « Notre élevage à  l'herbe n'aura que plus de soutien s'il remporte l'adhésion de toute la société en prenant en compte des préoccupations environnementales. Nous avons déjà  gagné sur le rééquilibrage des aides lors du bilan de santé de la PAC. Nous gagnerons encore sur les zones herbagères inconvertibles si nous avons le soutien de plusieurs ministres », estime le président de la FNB. Et Chantal Jouanno n'ignore pas les affaires agricoles. Elle qui se présente comme la petite fille d'éleveurs laitiers normands - région où elle passait son enfance à  rentrer les vaches - a choisi comme directrice de cabinet l'ancienne collaboratrice de Michel Barnier, un ministre de l'Agriculture jugé efficace. Brezons, ce n'est pas le Mercosur! La ministre analyse la révision de la PAC sous l'angle du triple enjeu de la qualité, de l'excellence et de l'indépendance alimentaire. Des propos qui ne peuvent que rassurer Patrick Bénézit, représentant cantalien de la FNB dont il est secrétaire général adjoint et Louis-François Fontant, président de la chambre d'agriculture du Cantal. Car selon eux, le vrai danger ne vient pas seulement d'une Europe qui n'en finit pas de s'étendre tandis que les enveloppes ne bougent pas, mais aussi et surtout des pays du Mercosur, notamment du Brésil et de l'Argentine. Là -bas, on produit de manière intensive de la viande qui n'a ni la traçabilité, ni la sécurité exigées dans l'Union européenne, assurent-ils. Mais surtout, Bruxelles autorise l'importation de ces produits qui viennent à  bas prix concurrencer les marchés français, mais aussi irlandais, écossais Une aberration pointée du doigt dont convient Chantal Jouanno estimant que « le libre-échange ne fonctionne que si les marchés sont purs et parfaits ; et là , il n'est ni pur ni parfait ». En défendant les produits agricoles français, la ministre de l'Écologie milite aussi pour une forme de valeur de l'identité de la France « Garder nos prairies naturelles, c'est ne pas se soumettre aux contraintes de production les moins chères comme en Amérique latine », analyse le président Fontant. « Mais le modèle est fragile ; depuis quatre ans, il ne nourrit pas son homme », relève Patrick Bénézit. Pourtant, la prairie naturelle c'est trois millions d'hectares pour le seul Massif Central sur lesquels paissent deux millions de vaches. Et leur rôle environnemental n'est plus à  démontrer : elles stockent bien plus de CO2 que les vaches ne peuvent en émettre. Le ratio positif précis est en cours de calcul par l'INRA. On sait que la moyenne basse fait apparaître un stockage de carbone autour de 500 kg par hectare et par an ; les dernières estimations tendant plutôt vers la tonne Largement de quoi compenser les émissions des moteurs biologiques que sont les estomacs des bovins. « Et puis il faut arrêter de dire des bêtises », lance Mme Jouanno décidée à  battre en brèches quelques notions qui ont actuellement cours dans les milieux écologistes. « Ne pas manger de viande au nom de l'écologie est une fausse bonne idée. L'écologie, c'est le respect des équilibres naturels. Et la nature nous a voulus omnivore. C'est dire que nous avons besoin de protéines animales et donc de consommer de la viande. En outre, nous avons besoin dans notre propre pays de trouver les ressources de l'alimentation de base », ajoute-t-elle, prônant la consommation de viande rouge française. Intérêt commun À l'heure de la mondialisation, Patrick Escure, président de la FDSEA du Cantal, rappelle de son côté les enjeux économiques du maintien de ce type d'agriculture de montagne. Il réclame des prix plus rémunérateurs, mais aussi un soutien politique accru. « Car si la nature et le climat ont façonné le relief, c'est bien l'homme qui fait le paysage », adresse-t-il à  Chantal Jouanno. Pierre Chevalier formule le voeu que la ministre française partage l'idée d'un soutien différencié avec ses collègues européens. « Vous avez besoin de nous, nous avons besoin de vous », comprend la secrétaire d'État. Elle cite aussi d'autres domaines où les agriculteurs interviennent en faveur de la préservation de l'environnement, comme les zones humides ou les haies. Convaincue du lien étroit entre agriculture et écologie, Chantal Jouanno estime légitime de prétendre à  « une rémunération pour services rendus à  l'environnement ». Avec les accents de la sincérité, la ministre a assuré la petite centaine d'agriculteurs présents à  l'heure des discours de son profond respect pour les éleveurs : « un métier qui ne séduit pas les adeptes des 35 heures mais qui démontre l'attachement au pays ». Renaud Saint-André
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Le Sillon

Les plus lus

L'Agenda de votre semaine

Réunion d'informations, sortie culturelle, conférence débat, portes ouvertes : retrouvez tous les événements  organisés…

Un revenu pour ceux qui vous nourrissent !

Quand les plates-formes logistiques et les centres commerciaux auront remplacé nos cultures,
Quand les électrons des…

la surtaxe Trump revient sur le tapis

Les filières alimentaires du bassin de l’Adour demeurent dans l’attente de voir ou non l’application de potentielles surtaxes…

Vendanges : lever les freins à l’insertion et répondre au problème de main-d’œuvre

Pour cette campagne 2024, l’Anefa 64, l’association Transition et la commune de Monein ont uni leurs forces au profit d’un…

AOP Ossau-Iraty : une adaptation aux réalités du territoire

Pour répondre aux défis climatique et économique, et ainsi être mieux en phase avec son temps, le syndicat de défense de l’AOP…

Dans les Landes, la FDSEA et JA sont passés à l’action

Dans la soirée de ce dimanche 17 novembre, la FDSEA des Landes et Jeunes Agriculteurs ont entamé, comme prévu, un…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 98€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site du Sillon
Consultez le journal Le Sillon au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters du journal du Sillon