Kiwis : à la surprise générale, la récolte 2022 s’avère meilleure que prévue dans le bassin de l’Adour
Quelques jours après la fermeture des derniers chantiers de cueillette dans les vergers de kiwis du bassin de l’Adour, l’angoisse accumulée tout l’été en raison de la sécheresse et de la canicule s’est finalement assez rapidement dissipée. Ce début décembre, à l’heure de dresser le bilan, les kiwiculteurs se considèrent assez chanceux…
Quelques jours après la fermeture des derniers chantiers de cueillette dans les vergers de kiwis du bassin de l’Adour, l’angoisse accumulée tout l’été en raison de la sécheresse et de la canicule s’est finalement assez rapidement dissipée. Ce début décembre, à l’heure de dresser le bilan, les kiwiculteurs se considèrent assez chanceux…
Malgré la fraîcheur de septembre qui avait commencé à activer la maturation des fruits, la récolte a démarré dans de bonnes conditions avec un redoux observé en octobre qui est venu calmer cette avance. «La fermeté des fruits a bien tenu, ce qui nous a permis d’étaler correctement la récolte», souligne Franck Gilbert, responsable développement et innovation des vergers à la Sikig (Société internationale de kiwi des gaves).
L’année n’a pas été exceptionnelle en termes de volume, mais tous les kiwiculteurs s’accordent à dire qu’ils s’attendaient à pire. «Au vu de cet été sec, ça s’annonçait pourtant très compliqué. Et sans arroser davantage, on a réussi à assurer», souligne, satisfait, Xavier Lafargue, producteur à l’OP Garlanpy, installé à Carresse-Cassaber, dans les Pyrénées-Atlantiques. Aussi surprenant que cela puisse paraître, 2022 a même été meilleure que l’année passée où la mauvaise fécondation couplée à un manque de luminosité avait été très préjudiciable.
«En kiwis, verts notamment, au niveau des grammages, on a gagné 1 ou 2 grammes, relève Franck Gilbert. Évidemment, on aurait pu avoir plus de tonnages et de calibre. En revanche, la pollinisation en kiwis jaunes s’est moins bien déroulée et donc on a du manque. Mais on a du bois pour l’année prochaine, ça promet.» Résultat : l’entreprise enregistre une récolte de 5.000 tonnes de kiwis verts et de 2.500 tonnes en jaunes.
Sécuriser les vergers
Avec 113 agriculteurs fédérés autour de l’organisation de producteurs (OP) Garlanpy déployée dans les Pyrénées-Atlantiques, les Landes, le Lot-et-Garonne et le Tarn-et-Garonne, la Sikig compte environ 400 ha de vergers, dont 190 ha de kiwis jaunes et le reste en vert. Mais pour ses responsables, l’heure est au renouvellement.
«Des vergers arrivent en fin de course et nous avons des zones qui ont été inondées notamment autour de Sames, Orthevielle et Hastingues. On sera sur 460 hectares en début d’année et à court terme, on cherche à implanter entre 50 et 75 hectares de kiwis verts sur la zone Adour pour privilégier nos labels et notre IGP. Nous sommes réellement engagés dans cette quête de nouveaux producteurs pour dynamiser cette replantation.»
En réponse à un marché toujours très porteur grâce à une demande qui ne fléchit pas, la Sikig cherche à étoffer ses rangs de producteurs. «L’idée est de proposer des solutions durables et pérennes pour que le kiwiculteur puisse voir l’avenir avec sérénité», souligne Franck Gilbert. De fait, face à la rudesse du climat et la récurrence de ses aléas, la protection du verger demeure primordial.
S’adapter aux changements climatiques
Kiwiculteur depuis 1999, Xavier Lafargue renouvelle sa plantation au fil des années. L’an dernier, il a replanté un hectare de kiwis jaunes en optant pour un équipement intégral de son verger. «Filet antigel sous filet paragrêle, microjet, sprinkler à plat, filet brise-vent… Aujourd’hui, on ne peut plus produire à ciel ouvert comme avant. Investir là-dedans, c’était pour moi essentiel», souligne-t-il. Au vu du capital nécessaire à l’implantation d’un nouveau verger, «on ne peut plus se permettre de se lancer sans ces outils de protection», renchérit le responsable.
Par rapport à la lutte antigel, les filets déployés sous celui paragrêle tendent aujourd’hui à se généraliser. «Ils permettent, notamment, de fermer les vergers dès le mois de mars en procurant un gain de température et de les protéger aussi des épisodes de grêle», observe Franck Gilbert. Mais cette lutte reste tout de même axée autour de l’eau. «Il faut des volumes assez importants, souligne le spécialiste. Plus on a d’eau, plus on libérera des calories pour se protéger».
Tous ces sujets font d’ailleurs l’objet d’études menées par le BIK. «Nous sommes très investis aux côtés de l’interprofession du kiwi pour faire avancer la recherche. C’est une jeune culture qui s’est réellement complexifiée depuis 10 ans avec l’arrivée du PSA.» Produire avec efficience pour répondre à un marché fructueux en prenant en compte les nouveaux enjeux, voilà le credo de la Sikig.
B. Ducasse