La Fête des bergers d’Aramits célèbre les traditions pastorales
Après les années Covid, le village de la vallée de Barétous a retrouvé sa Fête des bergers, avec une affluence record.
Après les années Covid, le village de la vallée de Barétous a retrouvé sa Fête des bergers, avec une affluence record.
À l’heure du rangement des cloches et du démontage des chapiteaux, c’est une immense satisfaction qui étreint Jean-François Cazaux, toujours aussi volubile, avec la voix encore éraillée. «Je voulais que cette fête, celle des 40 ans, soit réussie, lance l’infatigable organisateur de cette manifestation et animateur du concours de chiens de bergers. Un pari gagné, au vu du public, présent du vendredi au dimanche, pour suivre les troupeaux descendant de La Pierre-Saint-Martin, assister aux rencontres vocales pyrénéennes, participer aux défilés à travers le village, ou s’attabler à l’heure des repas sous les chapiteaux.»
Il fallait rebondir après les moments difficiles des années Covid. «Le résultat d’une organisation structurée en commissions autonomes, avec plus de 200 bénévoles, dont certains viennent parfois de très loin. Pour rester attractif et populaire, il faut savoir faire évoluer une manifestation et se renouveler. Ce renouveau est d’abord passé par l’engagement des habitants de la vallée, avec un comité des fêtes rajeuni et renforcé, ainsi qu’une équipe de jeunes agriculteurs amenée par Michou Carrassoumet» (ferme Sottou). La fête est l’affaire de tous, et l’événement grand public phare du Barétous, célébrant ses traditions et la fin de l’été, autour de la devise des mousquetaires.
40 ans de concours
Le concours de chiens de bergers reste l’événement emblématique de ces journées, celui auquel Jean-François reste passionnément attaché. Au terme de ces quatre décennies d’organisation, au risque de la lassitude, sa plus grande satisfaction est de sentir qu’une nouvelle génération de bergers s’intéresse au travail des chiens, à l’excellence du dressage : ils ont pour nom Jonathan Kneppers, aujourd’hui berger à la ferme du lycée agricole d’Oloron Soeix, Brice Néto, membre du GAEC Les Edelweiss d’Osse-en-Aspe, ou Pierre Glisia d’Aramits.
Car, de manière paradoxale, les concours de chiens de bergers sont devenus une affaire de professionnels : dresseurs, éleveurs et sélectionneurs de chiens de race… Le plus souvent de Border collier, un animal extraordinaire par ses qualités de maniement des troupeaux de brebis, et qui tend à éclipser les autres races, et en particulier le traditionnel Labrit des Pyrénées (aujourd’hui surtout utilisé pour les vaches).
Face à cette concurrence, Jean-François défend la participation des labrits, comme celle de Nay, un petit labrit gris dirigé par Aïtor Urrien, un jeune éleveur biscayen d’Abadiño. Il défend aussi la participation des éleveurs de brebis professionnels, tels Roger Jauretche (deuxième sur le podium), Gérard Esprabens d’Arette, Michèle et Jean Acheritogaray d’Iholdi, Brice Neto de Bedous, ou Roger Huart des Aldude.
Indéboulonnable Cazaux
Pour Jean-François Cazaux, difficile d’abandonner l’envie de concourir pour se consacrer à l’animation… Le tout jeune retraité cherche d’abord à réussir le spectacle en composant un casting de qualité, avec des maîtres de l’exercice habitués aux trophées, mais aussi aux jeunes en devenir. En 40 ans, il n’a que très peu concouru, laissant sa place régulièrement à des jeunes, place qu’il aurait encore cédée à une toute jeune candidate si elle avait pu se libérer.
Après Flash, puis Luna, deux chiens d’exception, il s’est présenté cette année avec Nouck, encore jeune, qui a failli dans le très sélectif exercice de l’enclos. Une défaillance qui ne l’a pas empêché de remporter ce concours 2022, grâce aux points acquis lors de la qualification et en première partie de la finale. Mais quel final en cette fin d’après-midi, dans cette épreuve durant laquelle le chien doit faire entrer un lot de brebis dans l’étroit enclos de fougère.
Le public retient son souffle quand les lots de brebis basco-béarnaises se refusent à l’autorité du border, et que ce dernier construit petit à petit sa domination, entre stops et mouvements rapides pour rattraper la brebis qui s’échappe, en faisant reculer pas à pas les brebis dans l’enclos de fougère. Du grand art.
Jean-Marc Arranz