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La filière allaitante se mobilise

Les responsables de la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques souhaitent "susciter un électrochoc" pour relancer la filière de bovins viande engluée dans une morosité sans fin

Susciter un électrochoc » au sein d'une filière engluée dans une morosité sans fin. Jean-Michel Anxolabéhère, président de la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques résume ainsi l'objectif des assises de la filière bovin viande, qui se sont déroulées à  Mont, le jeudi 7 juillet.
Pour la filière allaitante, ce rendez-vous marquait une grande première. Il faut dire que le contexte nécrosé qu'elle traverse depuis plusieurs campagnes exige de prendre des mesures de fonds. Marchés du maigre maussades et crises sanitaires ont été les lots communs de cette production, au cours des dernières années. À ces difficultés, il faut ajouter la récente envolée des coûts de production.
Durant une matinée, éleveurs, responsables professionnels et techniciens, ont pu s'interroger sur ces difficultés qui affectent la rentabilité des élevages et le revenu des producteurs. Gràce aux présences de Pierre Chevalier, président de la Fédération nationale bovine, de Marc Pagès, directeur général adjoint d'Interbev et d'Alain Cazaux, président d'Aquibev, les discussions se sont orientées aussi bien autour des questions d'organisation de la filière à  l'échelon national, que sur les problèmes structurels des élevages locaux.
Il faut dire que les enjeux sont à  la hauteur des préoccupations. Dans les Pyrénées-Atlantiques, un déclarant PAC sur deux possède des bovins viande et cette production arrive en première position parmi l'ensemble des filières agricoles, pour son chiffre d'affaires (22 %). En outre, le potentiel de production local a poursuivi son renforcement au cours de la dernière décennie, à  contre-courant d'autres régions françaises et de la conjoncture défavorable. Ainsi, le département conforte son statut de premier bassin allaitant de la région Aquitaine (lire zoom ci-dessous), avec 40 % du potentiel de production régional.
Le sujet touche donc de près un grand nombre d'agriculteurs. Pour leur assurer des niveaux de prix rémunérateurs, plusieurs dossiers vont s'avérer essentiels. Si la mise en place de la contractualisation est en cours de réflexion, de nombreuses questions restent en suspend. Selon Pierre Chevalier, la contractualisation apportera de « la lisibilité aux producteurs », à  condition de garder la main sur ce dossier. Toujours à  l'échelon national, la répercussion des coûts de production, la réforme des cotations, ou encore la création d'un groupement d'intérêt économique (GIE) « export » doivent être de nature à  dynamiser la filière.
Localement, les élevages souffrent aussi d'autres maux. Sévissant de longue date, les problèmes de productivité atteignent aujourd'hui des proportions particulièrement inquiétantes. Les ingénieurs de la chambre d'agriculture ont dressé un état des lieux éloquent. Chaque année, une vache sur cinq est improductive ! Le constat est comparable dans les autres départements d'Aquitaine. D'autres questions se posent, comme la structuration de la filière et le faible taux de finition des animaux. Des éleveurs angoissés
Bref, les chantiers sont nombreux et les producteurs présents n'ont pas manqué de témoigner de leurs angoisses. Pour Jean-Michel Anxolabéhère, cette première rencontre doit déboucher sur des rendez-vous réguliers afin de remettre la filière sur de bons rails. « Nous disposons de réels atouts, comme le potentiel fourrager et le capital génétique », indique-t-il.
Un accompagnement étroit des éleveurs apparaît comme indispensable, d'autant que près de deux mille d'entre eux, dans les Pyrénées-Atlantiques, ne bénéficient d'aucun interlocuteur technique régulier. Pour cela, le président de la chambre d'agriculture en appelle à  la mobilisation de l'ensemble des équipes techniques et des différentes organisations de producteurs. La filière bovin viande doit rebondir. Fabien Brèthes Le cheptel allaitant aquitain en chiffresLa région Aquitaine possède un peu plus de 250.000 vaches allaitantes, réparties dans 7.700 troupeaux. Leader pour ses effectifs, le cheptel allaitant des Pyrénées-Atlantiques compte 111.402 vaches nourrices de plus de trois ans, au 1er juillet 2011, pour plus de 5.600 détenteurs (dont 1 907 de moins de dix vaches). Il précède celui de la Dordogne et des Landes, avec environ 22 000 vaches, pour 1 130 détenteurs (dont 441 de moins de dix vaches). Les troupeaux des Landes et des Pyrénées-Atlantiques sont majoritairement constitués par la race Blonde d'Aquitaine (98 % des animaux dans les Pyrénées-Atlantiques).
Ces deux départements sont caractérisés par la prépondérance des ateliers naisseurs.
Globalement, ce phénomène implique une forte dépendance vis-à -vis des débouchés extérieurs, notamment des principaux pays importateurs de broutards, à  l'image de l'Italie. Dans les Pyrénées-Atlantiques, 71 % des animaux sont commercialisés maigres, avec une prédominance du broutard, dont la production s'élève à  plus de 45.000 têtes par an, auxquelles il faut ajouter plus 17.000 vaches maigres. Ainsi, le département fait figure de premier fournisseur des ateliers d'engraissement des Pays de Loire (10 % des approvisionnements).
Dans les Landes, le nombre de troupeaux exclusivement naisseurs s'élève à  272, tandis que l'on compte 308 élevages naisseurs-engraisseurs. Sur le pan technique, les troupeaux aquitains sont marqués par des troubles de productivité particulièrement récurrents. L'écart moyen entre vêlages se situe à  461 jours dans les Pyrénées-Atlantiques et 443 jours dans les Landes (pour la race Blonde d'Aquitaine). Chaque campagne, ce sont plus de 36.000 veaux qui manquent à  l'appel, pour l'ensemble de la région.
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