Aviculture
La mise à l’abri au cœur des préoccupations des éleveurs
L’attachement des consommateurs pour l’élevage en liberté a renforcé la volonté des éleveurs landais de militer contre la mise à l’abri des volailles de chair en période à risque.
L’attachement des consommateurs pour l’élevage en liberté a renforcé la volonté des éleveurs landais de militer contre la mise à l’abri des volailles de chair en période à risque.
Installée au pied de la grande roue, la marensine était le centre d’attraction de Poulet à la plage qui s’est tenu la semaine dernière à Vieux-Boucau. Les familles se pressaient contre les barrières pour voir les animaux, avoir l’opportunité de caresser un poussin et engager la discussion avec les éleveurs. «Les gens sont très intéressés de savoir comment on élève nos volailles», indique Mathieu Labarthe. Installé sur un site de 27 cabanes à Bégaar, le jeune agriculteur participait à la manifestation pour la deuxième fois.
Ravi d’être au contact des consommateurs, il leur expliquait avec passion, la façon dont il nourrit et soigne ses animaux au quotidien. «Et même sans leur dire, pour eux, c’est une évidence : nos poulets sont élevés en plein air.» Sauf que, pendant un temps, les mesures prises durant l’épizootie d’influenza aviaire ont empêché les gallinacés de mettre le bec dehors. «Techniquement, ça a été compliqué, souligne l’éleveur de 32 ans. Ce n’est pas adapté pour nos petites cabanes traditionnelles. Nos animaux sont faits pour vivre en liberté. Cette situation ne doit pas se reproduire, même en période à risque.»
En attente de l’avis de l’Anses
C’est ce pour quoi milite le Synalaf depuis plusieurs semaines. «Même dans les zones classées à risque élevé, nous voulons que nos volailles aillent dehors», martèle le président du Syndicat national des labels avicoles de France, Bernard Tauzia.
Dans le cadre de la feuille de route du ministère de l’Agriculture, la mise à l’abri des animaux est l’une des actions phares pour limiter la diffusion du virus. «Nous ne sommes pas contre des adaptations selon les périodes et à proximité des zones humides. Mais pour les petits bâtiments, la feuille de route n’autorise les poulets à sortir qu’à partir de 10 semaines. Ce n’est pas tenable. Nous souhaitons qu’ils puissent aller dehors au maximum à 8 semaines. Cela n’augmente pas les risques de contamination. D’ailleurs, nous attendons avec impatience l’avis de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) à ce sujet.»
Éleveur depuis deux ans, Mathieu Labarthe connaissait le contexte à risque avant de s’installer. «Malgré tout, je crois que notre modèle peut s’adapter à ce virus et qu’il a de l’avenir, assure-t-il. Mais l’élevage en liberté de nos animaux ne peut pas être remis en cause. Au même titre que le bien-être animal, que le mode d’alimentation et que la qualité de notre produit fini, c’est une attente forte des consommateurs. C’est aussi ce qui fait notre plus-value. En cette période d’augmentation des prix, comment les acheteurs pourraient-ils comprendre que nos poulets élevés sous label rouge n’aient plus accès à l’extérieur ? Notre modèle répond aux demandes sociétales. Il est vertueux. J’espère donc que le ministère assouplira les conditions de mise à l’abri.»
Cécile Agusti