Lait de brebis : les négociations dans l'impasse
Vives tensions à l'interprofession du lait de brebis des Pyrénées-Atlantiques : les producteurs ont retenu les industriels à Saint-Palais et leur ont rappelé qu'ils doivent privilégier la production locale. Une prochaine rencontre est prévue le 28Â février à Bayonne.
Quelque 300 producteurs de lait de brebis ont répondu à l'appel de leurs responsables syndicaux (dont Alain Cornu pour la FDSEA, pour s'inviter à la réunion du comité directeur de l'interprofession le 9 février à Saint-Palais © Le Sillo
À situation exceptionnelle, solution exceptionnelle. Ainsi peut-on résumer la position des producteurs de lait de brebis mobilisés le mercredi 9 février à Saint-Palais. À l'appel lancé par la FDSEA des Pyrénées-Atlantiques, ELB et les syndicats de laiteries, 300 éleveurs ovins se sont invités à la réunion du comité directeur de l'interprofession afin de dénoncer les « importations » en provenance d'Espagne et d'autres bassins français de collecte.
Pour comprendre le malaise actuel, un petit retour en arrière s'impose. Rappelons tout d'abord que les besoins en lait de brebis des transformateurs sont structurellement supérieurs à la production des Pyrénées-Atlantiques. En conséquence, les industriels (coopératives et privés) font venir d'ailleurs les litrages manquants.
Déficit chronique
Ce déficit chronique se situe depuis quelques années aux alentours de 12 millions de litres de lait. Lors de l'assemblée générale de l'interprofession, le 28 octobre dernier, les chiffres de la campagne 2009-2010 faisaient apparaître que la production sur le bassin avait augmenté de 8 %, soit environ 4 millions de litres, atteignant ainsi près de 53 millions de litres de lait collectés. Parallèlement les transformations ont également progressé pour atteindre 63 millions de litres. Le déficit pour 2010, bien que légèrement réduit, est de l'ordre de 10 millions.
Cette assemblée générale avait aussi été l'occasion pour le président Patrick Etchegaray représentant du collège des producteurs que « pour préserver les équilibres sur la filière de notre bassin, l'accord interprofessionnel en vigueur stipule que les entreprises doivent prioriser l'utilisation de la collecte départementale avant de faire appel aux compléments d'approvisionnement extérieurs ».
C'est dans ce contexte tendu qu'a débuté la nouvelle campagne laitière alors que les discussions sur le prix dans certaines laiteries n'ont toujours pas abouti. Les entreprises redoutent en effet d'être confrontées à un excédent de lait en raison d'une part de l'augmentation de la production locale (+ 3 %) mais aussi de stocks de la campagne précédente. Et ces entreprises n'étant pas disposées à cesser d'importer du lait, comme le leur demandent les producteurs, il y a « surproduction dans le bassin » d'environ 1,5 million de litres.
Faute de consensus, le président de la section ovine de la FDSEA, Alain Cornu et son homologue du syndicat basque ELB, Xavi Lopepe, avec l'appui des syndicats de laiterie ont décidé de venir demander aux industriels de respecter leurs engagements. Après plusieurs heures de discussion (jusque hier jeudi), les deux parties en présence ne sont parvenues à un accord. Des propositions ont certes été avancées de part et d'autres mais sans permettre une issue favorable.
« De notre côté, explique Patrick Etchegaray au nom du collège producteur, nous avons accepté le principe d'un arrêt anticipé de la collecte en fonction de l'évolution de la situation ». Habituellement, cet arrêt intervient le 31 août. En contrepartie, les producteurs demandent aux industriels de ne pas fabriquer de fromage pur brebis jusqu'au début de la campagne prochaine (à l'automne). « Les industriels se sont certes engagés pour le mois d'août à ne pas produire avec du lait importé mais nous n'avons pas obtenu de réponse de leur part pour septembre et octobre » regrette Patrick Etchegaray. Les négociations restent donc au point mort. Elles reprendront - en présence du sous-préfet - le 28 février à Bayonne.
Guy Mimbielle
Guy Mimbielle