Les antibiotiques en net recul dans l’élevage des veaux de boucherie
Mis en place par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), l’ANMV (Agence nationale du médicament vétérinaire) et l’Institut de l’élevage à la demande de l’interprofession (Interbev veaux) en 2015, l’observatoire pérenne des usages d’antibiotiques en production de veaux de boucherie fait état, en 2016, d’une réduction globale de 40% de leur utilisation dans les élevages, par rapport à 2013.
L’observatoire est constitué de 40 élevages représentant 15.000 places de veaux élevés dans des systèmes de production représentatifs des pratiques d’alimentation et de logement observées au niveau national, explique Interbev. Ce dispositif «repose sur une collaboration active des éleveurs, des firmes intégratives, des groupements de producteurs et des vétérinaires, avec l’appui des techniciens des chambres d’agriculture» précise l’interprofession qui note que le niveau d’exposition des veaux aux antibiotiques est ainsi passé de 5,74 en 2013 à 3,41 en 2016-2017.
La diminution du recours aux antibiotiques découle de plusieurs leviers comme en témoigne Arnaud Haquin, éleveur de 543 veaux, dans les Côtes-d’Armor, depuis 2007. «Rigueur, observation et individualisation des traitements représentent un premier levier. Je dispose en effet d’un système DAL qui me laisse davantage de temps pour surveiller mes veaux» indique l’éleveur.
Celui-ci connaît, par ailleurs, la quantité de lait exacte consommée par chacun d’entre eux «ce qui me permet, précise-t-il, dès que j’ai un doute sur la santé d’un animal, de vérifier ce paramètre». Corrélée à la vitesse de buvée et à la prise de température, Arnaud Haquin juge s’il est nécessaire ou non d’intervenir. «Le traitement antibiotique n’est pas systématique. Je travaille également en étroite collaboration avec mon vétérinaire et mon technicien» souligne l’éleveur.
Changer ses habitudes
Autre facteur de réussite pour l’exploitant, la maîtrise de la ventilation et la prise en compte des consignes de biosécurité (pédiluves à l’entrée de chaque bâtiment, blouse propre pour les personnes extérieures, nettoyage des bottes avant de pénétrer dans les salles…). «La maîtrise de l’ambiance est essentielle. Les grands volumes limitent les contaminations. Au final, j’utilise peu de produits pharmaceutiques. Au démarrage, je mets du kaolin dans le lait pour éviter les diarrhées. La réduction de l’usage des antibiotiques n’a, par ailleurs, pas engendré une plus forte mortalité, ni même un surplus de travail. Le plus dur est de changer ses habitudes», observe Arnaud Haquin.
Après une première étape et des engagements qui ont porté leurs fruits, les objectifs de la filière veaux, décrits dans son plan de filière des États généraux de l’alimentation, reposeront désormais sur cinq axes. Le premier concerne la formation des éleveurs aux bonnes pratiques d’usages limités des antibiotiques : un module spécifique de deux jours leur sera proposé à partir de septembre 2018.
L’accès aux nouvelles technologies, en particulier pour faciliter le suivi sanitaire individuel de chaque veau (projet de dématérialisation du carnet sanitaire) représentera un second point, suivi par la santé du jeune veau. Sur ce sujet, une enquête est actuellement réalisée auprès des éleveurs naisseurs, dans le but d’identifier les leviers à activer pour que les bonnes pratiques soient adoptées à plus grande échelle. Une étude sur les circuits et les conditions de transport, de l’atelier naisseur à l’atelier d’engraissement, est également lancée.
Le quatrième axe de travail porte sur l’amélioration des bâtiments d’élevage par la maîtrise de la ventilation et le développement de nouvelles technologies pour assurer la bonne santé des veaux. Enfin, la R & D se penchera sur les mécanismes de dissémination de l’antibiorésistance afin de mieux les comprendre et sur l’identification d’alternatives disponibles.