Les chambres d’agriculture vent debout contre leur perte de moyens
Dans les discussions liées au projet de loi de finances pour 2020, le gouvernement aurait prévu de réduire le budget alloué aux chambres d’agriculture. Les représentants professionnels dénoncent ces mesures envisagées qui induiraient une perte de moyens considérable pour les compagnies consulaires.
«Le réseau des chambres d’agriculture est en ébullition», assure Claude Cochonneau, le président de l’APCA (Assemblée permanente des chambres d’agriculture). Le gouvernement envisage en effet de réduire les moyens financiers de son réseau de 6% globalement. Lors d’une réunion organisée le 18 juillet, le directeur de cabinet et le conseiller du Premier ministre lui ont confirmé l’abaissement de 15% de la TATFNB (taxe additionnelle à la taxe sur le foncier non bâti) prévu dans le projet de loi finances pour 2020. Cette enveloppe annuelle de 292 millions d’euros (collectée auprès des propriétaires ruraux) revient entièrement aux chambres, dont elle assure presque 40% du budget global. La décision du gouvernement les priverait de 45 millions d’euros, sur un budget total de 740 millions en 2018.
Vice-président de l’APCA, Sébastien Windsor dénonce une décision «incohérente et prise sans concertation». Pour les élus des chambres, la pilule est d’autant plus dure à avaler que la nouvelle équipe élue en janvier s’est lancée dans un «chantier titanesque», d’après Claude Cochonneau. Diagnostic économique et environnemental de toutes les exploitations françaises d’ici trois ans, accompagnement à la transmission de tous les agriculteurs partant à la retraite dans les cinq prochaines années, travail en direction des collectivités…
Une décision «incohérente»
Claude Cochonneau pointe la «contradiction» entre la baisse de moyens et «les ambitions» que le gouvernement affiche pour les chambres. La signature d’un contrat d’objectifs est prévue avant la fin de l’année et la loi Essoc a récemment confié de nouvelles missions aux chambres. «Nous n’avons pas l’intention de nous laisser faire, lance Sébastien Windsor. Nos élus se mobilisent pour rencontrer les parlementaires pour qu’ils ne laissent pas passer cette baisse de moyens.»
Dans les Landes, le président Dominique Graciet a immédiatement réagi en alertant, par courrier, les députés et sénateurs du département et en demandant à les rencontrer. Si les projets du ministère se concrétisent, ils induiraient une baisse des recettes de 470.000 euros pour la chambre des Landes. «Il ne sera plus possible d’assurer nos missions et sept à huit emplois seraient menacés, soit 10% des effectifs.».
Dominique Graciet pointe, lui aussi, l’aspect contradictoire de cette mesure alors que le périmètre de missions des chambres d’agriculture ne cesse de s’élargir. «Faire toujours plus avec moins n’est pas une ligne de conduite durable face aux enjeux de transition et face à l’extrême diversité des missions et des publics des chambres d’agriculture… Dans les Landes, ce qui pourrait être assimilé à un cadeau fait aux propriétaires, qui n’aura que peu d’impact sur l’économie, sur les comptes des exploitations ou la compétitivité des agriculteurs, aura aussi un impact sur le soutien à la forêt landaise, car un tiers de l’impôt perçu par notre compagnie repart au secteur forestier».
Les chambres sur tous les fronts
Dans son courrier, Dominique Graciet cite l’exemple des récentes crises sanitaires d’influenza aviaire. «Que serait-il advenu de nos fleurons de l’économie agricole landaise […] sans l’intervention des élus et des collectivités, mais aussi sans la mobilisation totale de nos responsables professionnels comme de nos collaborateurs (5 ETP pendant deux ans pour soutenir, accompagner, former, traiter les dossiers des producteurs)», s’interroge-t-il.
Dans les Pyrénées-Atlantiques, même son de cloche. Pour son président, Bernard Layre, «l’État cherche à réduire la voilure mais ce n’est pas sur le dos des chambres qu’il faut faire des économies.» Lui aussi met en exergue le danger d’une baisse du budget. «L’agriculture est en période de transition et elle vit des moments difficiles sur le plan économique. Il ne faut donc surtout pas affaiblir notre accompagnement technique auprès des agriculteurs. On a réalisé de très belles opérations comme le plan agri-environnemental et climatique (PAEC). Il permet à plus de 500 éleveurs d’avoir un accompagnement sur 5 ans pour pouvoir faire cette transition agricole, aller vers moins de produits phytosanitaires, être le moins dépendant possible et accéder à des marchés à plus haute valeur ajoutée. Si on empêche la chambre d’agriculture d’avoir les moyens d’accompagner ces agriculteurs, on court à la catastrophe sur le plan économique.»
F. B. et Y. A., avec Agra Presse