Viticulture
Les vins du Tursan face aux tensions de la conjoncture et de la météo
À quelques jours des premiers coups de sécateurs, Pascal Chalandré entrevoit une baisse de 40 à 50% compte tenu des aléas climatiques.
À quelques jours des premiers coups de sécateurs, Pascal Chalandré entrevoit une baisse de 40 à 50% compte tenu des aléas climatiques.
Après une récolte déficitaire en 2021, les vignerons de l’appellation Tursan vivent une seconde année compliquée, du fait de la répétition des aléas météorologiques exceptionnels. À quelques jours des premières vendanges, Pascal Chalandré, président de la Cave des vignerons du Tursan, évoque cette situation marquée par des difficultés à la fois conjoncturelles et climatiques.
L’été est traditionnellement porteur en matière de ventes et de promotion. Quel bilan tirez-vous ?
Pascal Chalandré - On a connu un mois de juillet difficile avec peu de touristes en raison de la période de grosses chaleurs. Cela a directement entraîné une baisse des déplacements des gens et donc de la fréquentation dans nos différents points de vente. Le mois d’août a été plus clément : on a retrouvé une activité normale après deux années difficiles, freinées par les différents épisodes de la crise sanitaire.
Aujourd’hui, on retrouve l’évolution commerciale de 2019. Mais plus globalement, à l’image de l’ensemble des secteurs agricoles, la viticulture traverse une année 2022 particulièrement compliquée sur le plan climatique et économique avec des conséquences majeures pour les vignerons.
Quels sont donc les principaux enjeux à venir ?
P. C. - Pour la coopérative, notre principal enjeu va consister à digérer les hausses de charge et la baisse des volumes des stocks. Les 30% d’augmentation sur les matières sèches — bouteilles, bouchons, capsules, carton, caisses en bois, palettes… — ont inévitablement eu des répercussions sur les prix de vente de nos produits.
Après le gel dévastateur d’avril 2021 qui avait amputé la vendange de 40% de ses volumes, nous avons eu recours aux stocks pour combler le déficit de récolte. Cette année, l’épisode de gel de début avril et les deux orages de grêle de mai ont touché la moitié des superficies. Cela va avoir un impact sur notre prochaine récolte.
D’ailleurs, aucuns anciens ne se rappellent avoir subi des gels deux années de suite. C’est inédit, moralement et économiquement très difficile à vivre.
Au regard de ces différents épisodes climatiques, quel est l’état du vignoble ?
P. C. - À l’heure où je vous parle (N.D.L.R. : ce mardi 23 août), l’état sanitaire du vignoble est correct. Depuis 15 jours, nous effectuons des échantillons pour surveiller l’évolution des paramètres acidité et degré. La chaleur estivale, excessive parfois, a favorisé les degrés mais il manque de l’eau pour gagner en volumes. Les 33 mm enregistrés ces derniers jours ont permis à la vigne de relancer son cycle végétatif et, par l’activité photosynthétique, d’installer un meilleur équilibre sucre/acidité. Avec 10 mm supplémentaires, de la fraîcheur nocturne et du soleil en journée, nous pouvons encore gagner en volumes et en maturité.
Il faut rester cependant vigilant sur le mildiou. Au jugé des premières dégustations, le profil est aromatique. En fonction des conditions météo, on prévoit de débuter la vendange du sauvignon blanc fin août/début septembre et de poursuivre avec le baroque. On peut imaginer que les pertes globales dues au gel, à la grêle et à la sécheresse seront d’un niveau équivalent à celui de l’an dernier, autour de 40 à 50%. C’est la météo de cette fin de saison qui va nous dire. Il faut garder de l’optimisme pour cette année et croire en une bonne année 2023.
Propos recueillis par G. Delahaye