Ossau-Iraty : les producteurs s'insurgent contre les importations de lait
Sur fond de tension entre producteurs et industriels, l'organisme de gestion de l'AOP Ossau-Iraty a tenu son assemblée générale 2011 à Aicirits. En cause : les achats par les laiteries de lait espagnol.
L'assemblée générale de l'AOP Ossau-Iraty qui s'est tenue le vendredi 14 octobre 2011 à Aicirits a fait salle pleine. Certes, le cahier des charges, en constante évolution, soulève encore bien des interrogations mais d'autres points conjoncturels, comme l'importation de lait espagnol à moindre prix par certains industriels, a déclenché la fureur légitime des producteurs.
L'affrontement a tourné court, les opérateurs mis en cause ayant boudé la réunion. Colère ! Et l'on sait que les absents ont toujours tort. Tout s'est bien déroulé, dans le calme, pendant le long exposé des activités 2010-2011 gérées par l'ODG (organisme de gestion).
Effectif total de 1.509 opérateurs
Les opérateurs comptent dans leurs rangs des producteurs de lait (1.375), des livreurs et fermiers (25), des fermiers (9+1), des collecteurs (10) et des affineurs exclusifs (8), soit un total de 1 509.
Au niveau du contrôle du produit, effectué avec l'appoint de Certisud, près de 80 % des opérateurs passent l'agrément sans grande difficulté. Une formation des dégustateurs est prévue chaque année. Il en est de même du contrôle interne des conditions de production de lait.
Peu d'infractions
Les éleveurs en infraction sont peu nombreux. Les infractions concernent les aliments non conformes en période de traite, la présence de races exogènes, la durée de pàture inférieure à 240 jours. N'oublions pas que les rations complètes sont interdites et que l'ensilage de mais doit disparaître en 2018.
Même constat satisfaisant pour les dépassements de la fertilisation minérale autorisée (100N-60P-100K) par hectare et par an. Autre élément, les achats d'aliments hors zone de production sont limités à 280 kg de matière sèche par brebis, pour une campagne.
Le prix de la com
À noter, sur le plan de la communication, le gros effort fourni (route du fromage balisée, spots, recours au web, nouveaux panneaux routiers). La zone AOP s'étend car on va intégrer la zone Pont Long (716 ha, près de Pau) qui fut octroyée par Jeanne d'Albret aux Ossalois.
Toutefois, des points de friction internes persistent. Par exemple, la campagne télévisée souhaitée par les producteurs fermiers ne peut être envisagée en raison de son coût exorbitant, alors même que les industriels y ont recours pour leurs propres marques.
Histoires de famille
Autre chose, derrière les sourires de façade, on sent que chaque famille défend ses propres intérêts. Ainsi, les fermiers ont demandé un représentant de plus au bureau. Du coup, les industriels aussi mais les producteurs livreurs, par la voix de Patrick Etchégaray, s'y opposent totalement. De toute manière, la révision des statuts nécessite la convocation d'une assemblée générale extraordinaire. Le président, M. Mirassou, est resté intransigeant sur ce point.
D'autre part, au nom de la sacro-sainte solidarité des familles, le président Mirassou a tenu tête, en tant qu'industriel — même si sa laiterie n'est pas en cause — à la réclamation majeure pour laquelle la plupart des présents étaient venus : l'arrêt des importations de lait espagnol à prix réduit (0,80 au lieu de 1,05 euro/litre).
Absences notables
Deux laiteries sont particulièrement visées mais leurs représentants étaient étrangement absents. De ce fait, le débat a fait long feu. Les producteurs, eux, sont prêts à livrer tout le lait nécessaire à l'industrie à condition qu'ils soient payés correctement, compte tenu des contraintes drastiques du cahier des charges.
Le député Lassalle, présent, a été requis pour défendre la cause devant les instances majeures. Au final, un nouveau conseil d'administration a été élu pour la période 2011-2013. Il se réunira le 3 novembre prochain pour élire son président, issu cette fois de la famille des producteurs livreurs.
Michel Bengoechea