Méthanisation
À Pardies-Pietat, une production vertueuse de biogaz érigée à côté d’une ferme laitière
Depuis octobre 2021, la SAS Méthagest produit du biogaz à partir d’effluents d’élevage, de CIVE (culture intermédiaire à vocation énergétique) et de déchets agricoles. Ce projet — vertueux, intégré et accepté dans le paysage de la commune de Pardies-Pietat (Pyrénées-Atlantiques)— a permis de créer de l’emploi, de développer de nouveaux débouchés, de pérenniser l’activité laitière des gestionnaires tout en permettant de relever le défi de la transition énergétique. Le plus jeune des 4 dirigeants, Théo Cassou, revient sur cette activité nouvelle.
Depuis octobre 2021, la SAS Méthagest produit du biogaz à partir d’effluents d’élevage, de CIVE (culture intermédiaire à vocation énergétique) et de déchets agricoles. Ce projet — vertueux, intégré et accepté dans le paysage de la commune de Pardies-Pietat (Pyrénées-Atlantiques)— a permis de créer de l’emploi, de développer de nouveaux débouchés, de pérenniser l’activité laitière des gestionnaires tout en permettant de relever le défi de la transition énergétique. Le plus jeune des 4 dirigeants, Théo Cassou, revient sur cette activité nouvelle.
Leur nouveau gisement suscite leur enthousiasme. Théo Cassou, Jean-Jacques Cassou, Didier Vergez et Jean-Luc Ladebat sont, depuis octobre dernier, à la tête d’une unité de méthanisation installée non loin de l’exploitation laitière sur laquelle ils sont associés. Sur un hectare et demi, dans un écrin de verdure bordé par des forêts de feuillus, deux grands champignons font désormais partie du décor. «Ca n’a pas été un long fleuve tranquille», prévient Théo Cassou, le plus jeune des associés, en évoquant le projet.
Avec pugnacité et conviction mêlée à une grande phase de réflexion et de concertation, les quatre agriculteurs sont parvenus à leurs fins : développer un projet à taille humaine venant en totale complémentarité avec leur atelier laitier composé de 110 laitières en lactation. Désormais, la SAS Methagest injecte le gaz vert produit sur le réseau.
Mardi 28 juin, GRDF, leur opérateur de raccordement, avait invité les élus du territoire à venir découvrir les coulisses de cette installation en fonctionnement depuis l’hiver dernier. «Il a fallu un an pour construire l’unité. Le plus long a été la phase préliminaire du projet.» Car, si aujourd’hui le site en production ne révèle aucunes nuisances, il a fallu au groupe d’agriculteurs faire preuve d’écoute et de discernement pour le démontrer en amont.
«Au dépôt du CU (certificat d’urbanisme), quelques craintes ont rapidement émergé dans la campagne alentour. Nous avons organisé une réunion publique pour expliquer toutes les facettes du projet», se souvient le jeune éleveur. Les efforts de communication de la SAS Methagest se solderont par la réception d’un recours. «Au terme des 2 mois d’instruction, le dernier jour, nous avons reçu une lettre recommandée.»
Valorisation des effluents
Finalement débouté, cet appel ne changera pas les plans et le premier coup de godet interviendra le 10 juillet 2020. Un an après, la première injection de biogaz emplira les raccords opérés par GRDF. Désormais, l’unité de méthanisation de Pardies-Piétat tourne à plein régime. Pour alimenter les deux méthaniseurs, 4 500 m3 d’effluents issus de la ferme sont apportés.
Du fumier du centre équestre d’Assat ravitaille également l’unité «et des déchets de fabrication d’aliments de chez Sanders et de maïs doux aussi», ajoute-t-il. La mise en place de CIVE (culture intermédiaire à vocation énergétique) sur les 300 ha du GAEC offre également un apport bénéfique au fonctionnement de l’unité. «L’obligation réglementaire d’en faire s’est avérée finalement être une opportunité.»
Ainsi, 97% des intrants sont issus de la ferme. «En étant autonome sur cela, ça permet de sécuriser notre production et n’a eu aucun impact sur notre activité laitière. Ça n’a absolument rien changé mis à part le pic de travail», assure le jeune éleveur. Au total, la SAS Methagest absorbe quotidiennement 17 tonnes de déchets. «Un automatisme prélève toutes les heures environ 700 à 800 kg pour alimenter les deux digesteurs équipés à l’intérieur d’un agitateur de matière».
Leurs fonctionnements s’apparentent à la panse d’une vache. Les deux cuves sont chauffées à 39°C pour favoriser la dégradation de la substance par les bactéries. Le gaz, «chargé en souffre et en humidité», remonte vers le ciel gazeux des digesteurs avant d’être envoyé vers l’épurateur. «L’objectif est de sortir la meilleure matière dégradée.» Le digestat solide — «relativement décrié» — fait le bonheur des associés. «C’est de l’engrais bio donc nous sommes sollicités par quelques maraîchers. Sur nos parcelles, après analyse des sols, nos résultats sont très bons avec ce fertilisant épandu», se réjouit Théo Cassou.
Côté réglementaire, un contrat mensuel lie la SAS Methagest à GRDF. «Nous sommes sur un débit injecté de 120 normo m³/h. Cela représente la consommation annuelle en gaz de 1 000 foyers», souligne le jeune responsable. Et de conclure. «C’est grâce à cette installation que j’ai pu m’installer sur l’exploitation laitière.»
B. Ducasse