Santé
Présence médicale 64 soigne son territoire
Lancé en 2018, ce dispositif novateur et unique en France a permis l’installation de 21 professionnels médicaux dans les Pyrénées-Atlantiques.
Lancé en 2018, ce dispositif novateur et unique en France a permis l’installation de 21 professionnels médicaux dans les Pyrénées-Atlantiques.
La récente manifestation des médecins libéraux fait resurgir, sur le devant de la scène, différentes problématiques découlant de la désertification rurale. Voilà plusieurs mois que dans les Pyrénées-Atlantiques, le conseil départemental s’est emparé du dossier de la crise de la démographie médicale et du renouvellement des médecins qui partent à la retraite. Aux côtés de l’ARS Nouvelle-Aquitaine, le Département a lancé en 2017 un concept novateur et unique en son genre, baptisé Présence médicale 64.
Synergie entre les acteurs
Dédié à l’installation d’internes et de médecins généralistes, ce dispositif leur confère un accueil personnalisé. « L’idée est de proposer à tous ceux qui souhaitent s’installer de n’avoir qu’un seul interlocuteur pour répondre à toutes les questions », explique Nadine Hialé, directrice de Présence médicale 64.
Pour ce faire, une synergie a été créée entre tous les acteurs. En effet, pour Thierry Carrère, vice-président du conseil départemental, impossible de parler de médecine sans être proche d’eux pour construire un projet de territoire. « Nous avons bâti une équipe et un comité de pilotage très élargi où siège l’ordre des médecins, des représentants syndicaux de la médecine, d’internes et des élus locaux. »
Très concrètement, l’accueil unique personnalisé (AUP) est la porte d’entrée de cette démarche. Articulé autour d’un accompagnement proche et individuel, son objectif vise à s’adapter aux besoins des candidats en les aidant à construire leur avenir. « Leur proposer la meilleure conciliation possible entre leur projet de vie et leur projet professionnel en levant l’ensemble des freins administratifs », glisse la directrice.
Grâce à son réseau, l’équipe de Présence médicale 64 réalise ainsi des prospectives sur les territoires d’installation selon les souhaits d’exercice, mobilise des aides financières, assiste à la recherche de logement, accompagne à la recherche d’emploi du conjoint. Elle assure la passerelle également au niveau des liens à la scolarisation et à la garde des enfants. « Nous avons conventionné avec un réseau d’agence immobilière et aussi avec les Gîtes de France pour proposer une solution d’hébergement aux 110 internes qui se rendent tous les 6 mois dans le département », cite comme exemple Nadine Hialé.
Ce maillage humain au service des professionnels de la santé porte ses fruits. Sur le plan national, les Pyrénées-Atlantiques demeurent aujourd’hui l’un des seuls départements à avoir infléchi la courbe des départs de médecin à la retraite. « Nous avons retrouvé le nombre de médecins que nous avions en 2018. Nous avons participé à l’installation de 21 professionnels. 21 accompagnements sont en cours à moyen terme et nous avons près de 50 candidats à l’installation sur le plus long terme », se réjouit Thierry Carrère.
L’initiative fait des émules
Consolider le réseau « pour maintenir un équilibre offre de soins sur le territoire » est l’objectif des années à venir. Si l’Université de Bordeaux — avec laquelle Présence médicale 64 noue déjà un fort partenariat — capitalise beaucoup sur ce dispositif collaboratif et humain, l’initiative fait des émules bien au-delà des frontières de son territoire.
Déjà sollicités par d’autres départements, les responsables vont être reçus très prochainement par le ministère de la Santé et de la Prévention ainsi que par le Sénat. « L’idée est d’être un territoire pilote sur ce sujet. On invente des solutions au fil des accompagnements. »
Car pour ses responsables, pas question de camper sur ses acquis : assurer une veille permanente est crucial. « La pyramide des âges est défavorable, c’est pourquoi nous devons continuer à faire évoluer notre dispositif. Mais il restera axé sur l’intelligence territoriale que nous avons réussi à créer », conclut l’élu.
Baptiste Ducasse