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Promouvoir la filière bois pour la construction de bâtiments agricoles

Mardi 13 décembre 2022, tous les acteurs de la filière bois avaient répondu présents à la scierie Sahores d’Orthez, puis sur l’exploitation de la famille Drougard à Loubieng dans les Pyrénées-Atlantiques. L’occasion de resserrer les liens entre les différents métiers et de mieux mesurer le potentiel de développement de la filière et de la construction bois.

© J-M A - Le Sillon

Jean-Pierre Sahores exploite une scierie artisanale sur la route de Biron à Orthez (Pyrénées-Atlantiques), une entreprise familiale associant Jean-Pierre et sa femme, aujourd’hui rejoints par leur fils. Sous le vaste hangar, déligneuses et scies se sont tues ce matin, pour accueillir cette opération dédiée aux bâtiments agricoles en bois, organisée par la chambre d’agriculture et l’interprofession régionale Fibois. Un rendez-vous auquel ont répondu agriculteurs, mais surtout les différents acteurs de la filière : le groupe coopératif Alliance bois forêt, le Centre régional de la propriété forestière (CRPF) ainsi que d’autres des entreprises du secteur.

Pour Jean-Jacques Chalmeau, élu à la chambre consulaire, et Michel Castan, de l’interprofession, la filière bois départementale est porteuse d’avenir, entre son domaine forestier (31% de la surface du département), son tissu de PME aux tailles adaptée aux ressources et sa capacité à répondre aux enjeux de décarbonation et de relocalisation économique. C’est aussi au monde agricole, propriétaires forestiers ou éleveurs en recherche de bâtiments vert de participer à cette dynamisation.

«Bois circuit court»

Jean-Pierre Sahores a évoqué avec passion son métier d’artisan scieur, de l’achat des grumes à la livraison des pièces pour les charpentiers, les constructeurs et quelques particuliers. «Je travaille essentiellement les résineux (sapin Douglas, pin Laricio, épicéa) qui proviennent des Pyrénées Centrales et du Massif Central (Limousin, Montagne Noire), la production en Pyrénées Atlantiques restant limitée.» En effet, les années Covid ont été difficiles avec l’importation de bois du nord de l’Europe à bas prix, engendrant une montée en puissance des lamellés-collés et le désintérêt relatif du bois brut.

La situation s’est redressée cette année, avec un équilibre entre les besoins en bois brut et en bois travaillé. La demande de bois en circuit court commence à intéresser certains opérateurs, en particulier les particuliers qui constituent un tiers de ses clients. Jean-Pierre Sahores travaille avec les propriétaires, le groupe Alliance, ainsi que les entreprises de bûcheronnage et d’élagage. Il est attentif à ne pas surexploiter la ressource, à permettre la régénération de la forêt et des conditions de croissance favorables à la qualité des bois.

Les difficultés économiques ont amené les différents opérateurs à se rapprocher, en mutualisant certaines tâches (séchage). À ce jour, la filière locale est en capacité de répondre à une demande significative en bois d’œuvre pour la construction agricole.

Le bois, c’est justement le choix de Rose et Philippe Drougard, apiculteurs et producteurs de fromage de vache fermier à Loubieng, aux portes d’Orthez. «Et lorsqu’il a fallu construire un nouveau bâtiment (fenil et matériel agricole), il ne pouvait être qu’en bois», témoigne Philippe Drougard.

Il a fallu rechercher un constructeur spécialisé. Il n’y a que 4 à 5 entreprises dans le département, un choix limité en regard de la vingtaine intervenant sur les bâtiments classiques en ciment et en acier. Son choix s’est porté finalement sur l’entreprise SBC (Structure bois construction) de Garlin, dirigée par Jean-Pascal Tucoulet, un spécialiste de la maison bois. Sous le nouveau hangar de Loubieng, il a présenté son métier, de la conception au montage. Aujourd’hui, la plupart des demandes concerne des bâtiments agricoles accueillant des panneaux photovoltaïques, la production d’électricité permettant de couvrir une grande partie de l’investissement consenti par l’agriculteur ou par une société spécialisée.

Philippe Drougard ne souhaite pas installer des panneaux, même si le bâtiment a été dimensionné et orienté pour poser des panneaux solaires. La structure du bâtiment associe bois brut et lamellé-collé pour les pièces les plus contraintes, un compromis qui s’avère souvent nécessaire.

Principal frein économique 

Les constructions en bois ne représentent que 5% des bâtiments agricoles. Noble, isolant, confortable, en grande partie issu de la région Aquitaine, le bois reste un matériau de construction formidable injustement délaissé par les agriculteurs des Pyrénées-Atlantiques

Gérard Camdessus, du service bâtiment de la chambre d’agriculture, a instruit ces dernières années des centaines de dossiers de bâtiments d’élevage. Il regrette que le bois soit délaissé dans notre département, quand des régions comme la Normandie, l’Auvergne, les Savoies ou la Franche-Comté ont investi massivement sur le bois. Il ne manque pas d’argument pour défendre le bois, qu’il s’agisse de la structure ou du bardage. «Le bois est un formidable isolant, contre la chaleur et le froid. Il procure un meilleur confort pour les hommes comme pour les animaux.» Une meilleure ambiance, et moins de condensation aussi. Ce confort pour les bêtes se traduit par moins de pathologies d’intérieur (problèmes respiratoires, parasitisme), avec des impacts possibles sur la qualité du lait. La dimension paysagère avec un matériau nature est à prendre en compte, entre l’exigence d’intégration paysagère et l’acceptabilité par les voisins. Le principal frein est certainement économique, avec des prix proposés supérieurs de 15 à 20% à ceux des constructions classiques à charpente métallique. Pour les monogastriques (porc) et l’aviculture, il faut aussi composer avec les exigences de biosécurité qui imposent des surfaces lisses et faciles à désinfecter. Comme le reste de la société, les éleveurs sont de plus en plus sensibles à la question de la relocalisation des activités et des produits, ainsi qu’à la réduction de leur empreinte environnementale. Le retour du bois dans les constructions agricoles est une question de temps mais certainement, aussi, de volonté de la part de la puissance publique.

Jean-Marc Arranz

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