Protection anti-grêle : vers une extension en Haute-Lande ?
Les épisodes dévastateurs de cette année posent la question d’une meilleure couverture pour protéger des cultures à forte valeur ajoutée (légumes, vignes…). L’Anelfa chiffre le besoin à une soixantaine de générateurs de particules glaçogènes pour un coût de 100.000€ annuel. Reste à trouver des financeurs pour déployer le dispositif.
Les épisodes dévastateurs de cette année posent la question d’une meilleure couverture pour protéger des cultures à forte valeur ajoutée (légumes, vignes…). L’Anelfa chiffre le besoin à une soixantaine de générateurs de particules glaçogènes pour un coût de 100.000€ annuel. Reste à trouver des financeurs pour déployer le dispositif.
À l’invitation de l’Anelfa Landes (Association départementale d’étude et de lutte contre les fléaux atmosphériques) et de la FDSEA, une trentaine de personnes se sont réunies lundi 24 octobre à Souprosse. Thierry Piet, président de l’Anelfa Landes, et Claude Berthet, directrice de l’association nationale, leur ont présenté le dispositif de lutte anti-grêle déployé dans le département et l’opportunité d’étendre son périmètre.
«Depuis 1949, 86 générateurs à iodure d’argent sont positionnés dans les Landes, rappelle Thierry Piet. Installés entre Soustons, Tartas, Saint-Sever et Labastide-d’Armagnac, ils couvrent tout le sud Adour.» Le dispositif, financé par le conseil départemental et la chambre d’agriculture, a été étendu en 2019 grâce au soutien financier des structures professionnelles du kiwi. Douze postes supplémentaires ont ainsi été implantés dans le Pays basque pour protéger la zone kiwicole à cheval sur les Pyrénées-Atlantiques et les Landes.
À chaque alerte orageuse, des bénévoles allument les générateurs qui libèrent des particules d’iodure d’argent dans l’atmosphère. Aspirées par les courants ascendants, elles ensemencent les nuages et permettent la démultiplication du nombre de grêlons. Ces derniers, de taille plus petite, ont le temps de fondre, totalement ou partiellement, avant de toucher le sol, ce qui limite leur impact. «Là où il est positionné, le dispositif permet de réduire les dégâts de 42 %», souligne Thierry Piet.
Même s’ils sont prévus, les orages empruntent des itinéraires aléatoires, ce qui explique que l’aléa ne peut pas entièrement être contrôlé. Pour autant, les épisodes de grêle dévastateurs du printemps et du début de l’été sont essentiellement dus à une couverture insuffisante en générateurs de particules glaçogènes.
Budget annuel de 100.000 €
«L’épisode du 3 juin qui a eu de terribles conséquences sur le secteur de l’Armagnac a mis en lumière une carence du maillage au sud de Mont-de-Marsan.» L’Anelfa préconise donc d’implanter six nouveaux postes entre Aurice, Saint-Sever et Mont-de-Marsan.
Parallèlement, l’association souhaiterait équiper la Haute-Lande. «Initialement, ce secteur n’avait pas été couvert, car il avait une densité de population moindre, rappelle Thierry Piet. Mais aujourd’hui, il s’y développe des culturelles contractuelles à forte valeur ajoutée, comme les productions de légumes et de semences. Et les orages de grêle y ont des conséquences économiques très importantes.»
Pour protéger la zone, ce sont 56 postes supplémentaires qu’il faudrait déployer. Mais se pose la question du financement du dispositif. «L’équipement n’est pas très onéreux, mais c’est le fonctionnement des appareils qui est coûteux.» Un budget annuel de 100.000 euros est nécessaire.
Comme dans la zone kiwi, l’Anelfa aimerait que les interprofessions agricoles prennent en charge l’extension du réseau. Et la réunion de lundi était un appel du pied pour les faire réagir. Mais aucun engagement n’a été pris.
Claude de revoyure
François Lesparre, président de la FDSEA, entend pourtant ne pas abandonner la partie si vite. «Grâce à l’assurance, les agriculteurs arrivent, généralement, à se couvrir en cas de destruction de leurs cultures par la grêle. Mais les établissements à qui il manque cette production, personne ne les indemnise. C’est autant de semences ou de légumes qu’ils ne vendront pas. En participant au financement du dispositif, ils pourraient tous ensemble et pour un coût modique, au regard des pertes enregistrées cette année, minimiser ce risque.»
Une nouvelle réunion va donc être organisée dans les prochaines semaines pour solliciter à nouveau les décideurs des interprofessions légumes et semences. «C’est une vraie stratégie d’entreprise. Et nous sommes persuadés que le jeu en vaut la chandelle.»
Pour que les cultures de la prochaine saison bénéficient de la protection anti-grêle, la décision doit cependant être prise début décembre au plus tard. «Il faut environ 6 mois pour déployer les générateurs et identifier les bénévoles pour les actionner en cas d’orage.»
Cécile Agusti