Préserver la biodiversité autour des parcelles agricoles
À Bégaar (Landes), chasseurs, agriculteurs et écoliers ont travaillé main dans la main pour implanter près de deux kilomètres de haies champêtres autour des parcelles agricoles.
À Bégaar (Landes), chasseurs, agriculteurs et écoliers ont travaillé main dans la main pour implanter près de deux kilomètres de haies champêtres autour des parcelles agricoles.
En ce mercredi de décembre, les enfants de Bégaar font l’école buissonnière. Il est environ 9 h 00 lorsque la quarantaine d’élèves qui composent les deux classes primaires quitte leur établissement, outils à la main et bottes au pied, pour se rendre sur les parcelles agricoles situées quelques centaines de mètres plus loin, en direction des Barthes.
Sur place, les techniciens de la Fédération des chasseurs des Landes donnent les dernières consignes et rappellent l’objectif de la journée : planter presque deux kilomètres de haie champêtre sur deux sites distincts.
Cette opération s’inscrit dans le cadre des actions de restauration de haies orchestrées par la Fédération départementale des chasseurs en collaboration avec le Pays Adour Chalosse Tursan, les ACCA (association communale de chasse agréée) et divers partenaires. Bénéficiant de financements de la Région et de l’Europe, elles sont renouvelées depuis 2019 et ont permis jusqu’ici de replanter entre 4 et 6 kilomètres de haies tous les ans dans le sud du département.
Dans ce cas précis, cette journée était organisée avec le soutien de la Commune de Bégaar, du syndicat Adour Midouze apportant son appui technique, ainsi que des agriculteurs bégaarois, qui, avec les dynamiques membres de l’ACCA, ont réalisé un important travail de préparation en amont.
L’équipe pédagogique de l’établissement scolaire a également eu un rôle moteur. «Ces opérations reposent d’abord sur l’émergence d’une volonté locale, explique Jean-Paul Laborde, technicien de la Fédération des chasseurs. Les seuls critères de choix consistent en une localisation pertinente d’un point de vue technique et un maillage cohérent du territoire».
Corridors écologiques
Restaurer une haie champêtre présente différents intérêts. Il s’agit notamment de réinstaller des corridors écologiques propices à la biodiversité et aux pollinisateurs. Ces zones constituent des refuges, de lieux de nidification et de nourrissage pour la petite faune en particulier : oiseaux, rongeurs, petit gibier, insectes… Les haies peuvent aussi jouer un rôle de retenue d’eau, de maintien du sol et de brise-vent. Ces vertus sont encore plus significatives dans les secteurs de «zones inondables», à l’image de celui de Bégaar. «C’est une démarche que l’on a accueillie très positivement», confirme Matthieu Labarthe, qui fait partie des agriculteurs exploitant désormais ces parcelles communales.
En pratique, les plantations se font à partir d’un mélange de six à dix espèces végétales, selon les caractéristiques du milieu. Elles allient généralement des tiges de haut jet à des formes buissonnantes moins sensibles aux abroutissements. Sur ce chantier, pas moins de 1600 plants ont été utilisés, avec des prunelliers, des cornouillers, des noisetiers, des viornes et des mellifères tels que la bourdaine… Pour l’approvisionnement, la Fédération des chasseurs s’est rapprochée de l’entreprise Planfor, qui prodigue également ses conseils et son assistance technique.
À l’automne, la préparation du sol ainsi que la mise en place du paillage ont été assurées par les agriculteurs. Les chasseurs de l’ACCA de Bégaar ont également apporté leur aide précieuse. «Par le passé, les haies étaient très présentes. Elles ont été enlevées essentiellement parce qu’il y avait beaucoup moins de monde pour assurer l’entretien qui se faisait presque exclusivement de manière manuelle», se souvient le retraité Alain Labarthe, qui a transmis son exploitation il y a quelques années. «Aujourd’hui, c’est un peu un patrimoine que l’on reconstitue».