Une rentrée syndicale sous très haute tension
La FDSEA et JA des Pyrénées-Atlantiques ont invité les élus, les services de l’État et leurs adhérents sur l’exploitation de Matthieu Amadine à Bérenx.
La FDSEA et JA des Pyrénées-Atlantiques ont invité les élus, les services de l’État et leurs adhérents sur l’exploitation de Matthieu Amadine à Bérenx.
Le ton était grave. À l’image des difficultés dans lesquelles sont plongés les agriculteurs du département. Entre une sécheresse historique et une situation géopolitique instable qui pèse sur les cours de l’énergie et des intrants, toutes les filières sont aujourd’hui concernées.
«Nous sommes face à deux niveaux de difficulté : le conjoncturel et le structurel», explique Franck Laborde, le président de la FDSEA face aux élus et aux services de l’État, invités pour cette rentrée syndicale ce 29 septembre sur l’exploitation de Matthieu Amadine à Bérenx. Et de préciser : «Il faut absolument que l’État nous accompagne dès maintenant pour passer ce cap, et il faut que nous parvenions, collectivement, à adapter nos exploitations pour continuer à exister. Il en va de la souveraineté alimentaire de notre pays.»
Des propos relayés par le secrétaire général de la FDSEA, Marc Dupouy. «Notre sécurité alimentaire est en jeu. On craint des arrêts de plusieurs agriculteurs mais aussi des pertes de capacité de production. On ampute notre capital pour traverser cette crise et survivre. On est face à une situation exceptionnelle. Il faut un accompagnement fort de l’État pour sauver le soldat agriculture.»
Faire appliquer Egalim 2
Plusieurs sujets ont été abordés par les différents responsables syndicaux. Gestion de l’eau, difficulté d’approvisionnement en fourrage pour les filières animales, augmentation des coûts de l’énergie et des engrais, baisse des rendements, installation, prédation… Aucun sujet n’a été éludé.
Un accent particulier a été mis sur l’application de la loi Egalim 2. «Cette loi est indispensable mais aujourd’hui personne n’est décidé à l’appliquer, peste Sylvain Bordenave, président des Jeunes Agriculteurs. L’État doit se donner les moyens de la faire appliquer, notamment en renforçant les contrôles. Les marges enregistrées par la grande distribution doivent redescendre dans les fermes».
«Le revenu moyen d’un agriculteur s’élève à 700 €, poursuit Sylvain Bordenave. Ramener aux taux horaires, cela fait 2,50 € de l’heure. Le smic est à 10,85 €… C’est de l’indécence. On doit pouvoir vivre de notre métier. Comment voulez-vous qu’on poursuive notre dynamique d’installation avec un tel revenu ? Il faut se poser la question».
Les élus présents, dont les députés David Habib et Jean-Paul Mattei, et la députée européenne Laurence Farreng-Despaux, ont apporté leur soutien aux représentants de la FDSEA et des JA, soulignant les efforts faits par le monde agricole sur la transition écologique. Et abondé aussi dans leur sens sur certains points, comme l’irrigation. «Quand il y a de l’eau, il faut la capter et la gérer en respect des nappes et des paysages», assure Laurence Farreng-Despaux.
En conclusion, le préfet Éric Spitz, qui assistait à sa dernière rentrée syndicale (N.D.L.R. : il a été nommé cette semaine Haut-Commissaire de la République en Polynésie française), a tenu à rappeler les différents dispositifs engagés par l’État pour soutenir les filières agricoles. Il a également insisté sur l’investissement de ses services (DDTM et DDPP). Pas certain que cela suffise à satisfaire les deux syndicats agricoles.
Y. Allongue