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Vers une charte de l'élevage plus verte

La charte des bonnes pratiques d'élevage a 10 ans. Le gouvernement est prêt à  maintenir son soutien financier à  condition qu'elle s'adapte une nouvelle fois, en intégrant en particulier les attentes sociétales sur l'environnement.

Lors de la journée Élevage et Société du 20 octobre, organisée par la Confédération nationale de l'élevage (CNE), Jean-Marc Bournigual a annoncé aux éleveurs français que le gouvernement ne va pas poursuivre automatiquement son soutien financier à  la charte des bonnes pratiques d'élevage.
Pour le directeur général des politiques agricoles et agroalimentaires et des territoires (DGPAAT) du ministère de l'Alimentation et de l'Agriculture, cette démarche, née il y a dix ans en pleine tourmente de la vache folle afin de définir et communiquer sur ce qu'est un bon éleveur, doit une fois de plus s'adapter aux nouvelles attentes sociétales.Répondre aux attentes sociétales La charte a déjà  connu trois versions sur ces dix dernières années. Elle a répondu, avec succès, aux préoccupations citoyennes sur la sécurité sanitaire des aliments, l'hygiène, la qualité et la traçabilité, autour d'un socle commun de démarches pour les élevages bovin lait et bovin viande.
Mais le ministère juge maintenant qu'elle doit « intégrer les attentes environnementales ainsi que la sécurité des personnes par exemple ». « Nous continuerons à  accompagner la charte une fois les adaptations faites et le plus tôt possible sera le mieux », a précisé le représentant de Bruno Le Maire. En bovin lait, 90 % des éleveurs ont signé la charte des bonnes pratiques et ils sont 65 % en bovin viande, pour un total d'environ 113.000 éleveurs engagés.
Chez les promoteurs de la charte des bonnes pratiques d'élevage et les responsables agricoles de l'élevage, on a bien noté les conditions de financement posées par les pouvoirs publics. En effet, le fonctionnement de cette charte a un coût, estimé à  plus de 12,5 millions d'euros par an. L'État l'a en partie financé depuis le début et à  hauteur de 3,5 millions d'euros par an sur la période 2007-2010.Progresser durablement Aujourd'hui, l'élevage est questionné en matière environnementale, sur le bien-être animal et sur ses pratiques de production ; ce qui fait dire à  Daniel Grémillet, vice-président de l'APCA et fondateur de la charte : « On est toujours dans un combat, le combat de l'accélération de l'image ; nous devons continuer à  dire ce qu'on améliore dans nos élevages. La charte est une forme d'autocontrôle, elle doit donc embrasser les évolutions réglementaires. »
Henri Brichart, président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), estime qu'il faut « progresser ». Il est convaincu de « la nécessité d'une pédagogie forte autour du développement durable » dans la charte. Le président de la Fédération nationale bovine (FNB), Pierre Chevalier, affirme de son côté que la charte est « ouverte et adaptable ». Mais « on ne le fera pas sans argent », ajoute-t-il, et d'avertir : « Les préconisations pratiques doivent être réalistes au niveau de nos exploitations et faisons attention à  ce que l'aval ne nous dicte pas ses choix. »
Une menace confirmée par Bernard Malabirade, coprésident de la charte, qui voit « fleurir des initiatives issues de la grande distribution et d'entreprises qui veulent imposer ce que doivent être les pratiques dans nos élevages », dans le cadre notamment du lancement de la contractualisation. Le remède, selon lui : « La charte, qui doit imposer aux autres la grille de lecture des éleveurs. »Intégration du Grenelle Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA, est favorable aussi à  des adaptations, mais il s'interroge sur la manière de les faire partager : « Une majorité de consommateurs n'a pas la moindre idée de la réalité quotidienne sur nos exploitations ni la moindre idée de nos progrès sur l'environnement ; la charte doit servir à  les sensibiliser ».
Pour Nicolas Mousnier, administrateur chez Jeunes Agriculteurs (JA), « le financement (public) d'une telle action doit être naturel ». Marie-Thérèse Bonneau, enfin, secrétaire générale adjointe de la FNPL, estime que la mission d'intérêt collectif assurée par la charte, d'autant plus si elle s'ouvre aux aspects environnementaux, « justifie qu'une part de son financement revienne aux consommateurs ».
Quant à  la question de l'articulation de la charte des bonnes pratiques d'élevage avec la certification « haute valeur environnementale » (HVE) issue du Grenelle de l'environnement, elle fait grincer des dents. « La HVE de niveau 3 va être très compliquée à  mettre en oeuvre en polyculture-élevage », prévient fermement Daniel Grémillet. Il considère qu'« il ne faut pas compliquer et administrer les choses », ajoutant : « Nous avons déjà  fait des progrès sur les déjections de nos animaux par exemple, dans le cadre de la mise aux normes. » Le sujet est sur la table.
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