Viande bovine : des signaux positifs qui ne compensent pas la hausse du coût
En France, la combinaison d’une offre réduite et d’une hausse de la consommation explique la progression continue des cours de la viande depuis le début de l’année, indique l’Institut de l’élevage dans son dernier bulletin.
Le marché de la viande bovine en France retrouve des couleurs. Depuis quelques mois, toutes les conditions sont en effet réunies pour que les cours des bovins viande et des carcasses augmentent. Le déconfinement de l’économie européenne, combiné à une offre réduite d’animaux, rend les marchés des bovins vifs et de la viande bovine très fluides. Malgré tout, cette embellie ne profite pas à tous les bassins de production de la même manière, et notamment aux éleveurs du Sud-Ouest.
En France, la consommation de viande bovine (511.400 TEC, veau inclus) a progressé au cours des cinq premiers mois de 2021 de 2% par rapport à 2020 et de 1% par rapport à 2019, avant que ne survienne la crise sanitaire. En conséquence, «les ventes de viande bovine française, toujours dynamiques vers l’Allemagne ainsi que la nette remontée des cours en Pologne et en Espagne, ont permis aux cours des jeunes bovins français de se rétablir au-dessus du niveau des années précédentes» analyse l’Institut de l’élevage (Idele).
Au début du mois de juillet justement, les cotations des vaches laitières ont atteint 3,38€/kg pour la vache O (+8%/2020, +3%/2019), souligne l’Institut dans son dernier bulletin Tendances (numéro 330). Dans le même temps, les cours du jeune bovin U cotaient 4,00»€/kg de carcasse fin juin (+4%/2020 et +2%/2019).
Broutards bien orientés également
Le marché du vif a profité de cette embellie. Les cours des broutards mâles ont crû du mois de janvier à la fin du mois de juin (2,80»€/kg, +30 c/kg). Mais ils demeurent cependant inférieurs à leurs niveaux des trois années passées, et depuis le début du mois de juillet, les prix des broutards mâles semblent commencer une baisse saisonnière. Le marché italien a été fortement affecté par la crise sanitaire du Covid.
En fait, l’offre de viande bovine faiblit inexorablement. On ne dénombre que 507.000 têtes de jeunes bovins mâles de 6 à 12 mois (-3%/2019). Les baisses continues des effectifs des vaches laitières et allaitantes ralentissent année après année le rythme des naissances : 3.128.000 veaux laitiers sont nés entre les mois de juillet»2020 et juin»2021 (-2,7%/2019). On ne dénombre que 985.000 jeunes mâles nés de troupeaux de vaches allaitantes (-3%/2020 et -2%/2019).
Estimées au cours des cinq premiers mois de l’année à 114.000 TEC, les importations de viande bovine sont en retrait de près de 30.000 TEC par rapport à 2019 alors que les exportations ne se sont repliées que de 6.000 TEC à 71.200 TEC. Vers l’Italie, 490.000 broutards ont été exportés (-1% rapport à 2019). Les femelles ont représenté 36,7% des envois depuis début 2021.
Hausse des cours généralisée dans l’UE
La hausse des cours de la viande bovine est observée dans toute l’Europe laitière pour les mêmes raisons qu’en France. La fonte des effectifs des vaches laitières en France est aussi observée dans les autres grands pays producteurs de lait de l’Union européenne, réduisant par conséquent l’offre de viande bovine sur les marchés. En Allemagne, on ne dénombre plus que 3.098 millions de bêtes (-2% par rapport à 2019). Les bovins mâles d’un et deux ans diminuent aussi (-4,4%/2020). Dans ce contexte, la Pologne paraît de moins en moins menaçante.
La production polonaise de viande bovine plafonne. «La cotation de la vache O a poursuivi sa forte tendance à la hausse en juin (2,92»€/kg de carcasse ; +22%/2020 et +12%/2019) dépassant ainsi le niveau atteint en 2018 de 1%», souligne l’Idele. En fait, les effectifs de vaches ne fondent plus au même rythme que les années passées, lorsque la filière laitière était en pleine restructuration. Moins d’animaux sont réformés et moins de veaux naissent puisque les vaches laitières, plus productives, sont moins nombreuses, réduisant immanquablement l’offre de viande bovine polonaise à l’export. Sur les quatre premiers mois de 2021, seuls 310.000 mâles ont été abattus (-4%/2020, +3%/2019, -5%/2018).