Vinitech-Sifel : les viticulteurs entre euphorie et gravité
Les visiteurs étaient partagés entre le plaisir de se retrouver en présentiel et l’inquiétude nourrie par la crise économique, l’inflation et les aléas climatiques.
Les visiteurs étaient partagés entre le plaisir de se retrouver en présentiel et l’inquiétude nourrie par la crise économique, l’inflation et les aléas climatiques.
Ce mardi 29 novembre, le parc des expositions de Bordeaux-Lac bruissait des pas et des conversations partagées entre visiteurs locaux et internationaux dans les allées de Vinitech-Sifel, le salon international de référence en matière d’innovations et d’échanges des filières vitivinicoles et fruits & légumes.
Lors de l’inauguration, le président de la Région Nouvelle-Aquitaine, s’est dit conscient de l’enjeu majeur que représentent ces deux filières qui ont entamé, parfois douloureusement, une profonde mutation pour répondre au changement climatique. Alain Rousset réaffirmait la nécessité de les aider pour éviter leur disparition. Notamment la viticulture. «On est passé de 120 à 55 litres de vin consommés par personne. Ça donne à réfléchir».
Le président de la Nouvelle-Aquitaine a plaidé pour l’arrachage «mais pas pour remplacer des vignes par des lotissements». Tandis que Bernard Farges, vice-président du CIVB et président du Comité national des interprofessions des vins à appellation d’origine et à indication géographique (CNIV), listait les aides et les pistes de progrès pour perdurer et demandait un soutien de l’état pour que la filière girondine puisse se restructurer.
«Je ne veux pas mentir»
Un peu plus tard, Jérôme Despey, président du conseil spécialisé Vin de FranceAgriMer lançait un avertissement : «Je ne veux pas mentir aux viticulteurs en détresse. Je ne veux pas leur donner un faux espoir. Sortir de la crise ne se fera pas en un jour.» Néanmoins, le responsable professionnel réaffirmait son soutien aux viticulteurs, en crise ou pas.
Lors de la rencontre du comité mixte France/Italie/Espagne qui a eu lieu ce mercredi 30 novembre, Jérôme Despey a mis sur la table «les mesures d’arrachage. Il faut bouger sur le budget de l’OCM vitivinicole pour accompagner les viticulteurs en difficulté» . Mais, s’il veut «combattre pour trouver des solutions», il n’entend pas oblitérer l’avenir. «Je n’ai jamais occulté les difficultés. Je vais rencontrer prochainement le ministre de l’Agriculture pour trouver des solutions à l’aide des outils existants ou à venir. On ne peut pas laisser une région dans la détresse.»
Jérôme Despey propose une prolongation des aides existantes, un délai de remboursement des plans garantis par l’État et que la France finance une nouvelle campagne de distillation et de stockage. «C’est possible si c’est financé par la France» et «pourquoi pas une aide à la préretraite pour les viticulteurs en fin de carrière…»
Néanmoins, il veut croire en l’avenir. «Je ne baisserai jamais les bras. La filière viticole a des perspectives. Il faut voir la segmentation des marchés, parler avec les metteurs en marché. Parce que, même si la production européenne diminue, la demande augmente au niveau mondial. Notre but est de pouvoir apporter des solutions collectivement pour pouvoir assurer le renouvellement des générations. Cela passe par la restructuration, l’investissement et la promotion qu’il faut absolument préserver.»