Acteur du territoire
Xavier Sinan, de l’horticulture aux jeux magnétiques
Depuis 2014, Xavier Sinan a pris la tête de SEPP Jeux à Seignosse. Très attaché au made in France et à l’écoresponsabilité, il vient de sortir une nouvelle version de son jeu phare : iOTOBO.
Depuis 2014, Xavier Sinan a pris la tête de SEPP Jeux à Seignosse. Très attaché au made in France et à l’écoresponsabilité, il vient de sortir une nouvelle version de son jeu phare : iOTOBO.
Ingénieur agricole de formation, Xavier Sinan a travaillé pendant une dizaine d’années dans l’horticulture. Mais en 2014, lorsque son père, Michel, part en retraite, il n’hésite pas à reprendre les rênes de l’entreprise familiale, SEPP Jeux. Créée en 1978 par son grand-oncle, Louis Larralde, la Société d’étude et de production de panneaux est installée à Seignosse et fabrique des supports pour la photographie.
En 1981, en partenariat avec Conté (devenu BIC), elle développe les ardoises Velleda que presque tous les élèves de primaire trimballent dans leur cartable. Le succès est tel qu’il dépasse rapidement les capacités de l’atelier. Conté décide alors de rapatrier la production dans sa propre usine et confie à SEPP celle des grands tableaux effaçables, fabriqués en plus petites séries. Déclinés sous toutes les formes, ils représentent, aujourd’hui encore, la moitié du chiffre d’affaires de l’entreprise.
En revanche, elle ne produit plus de supports photo. «À partir de 2000, avec l’avènement des appareils photo numériques, le secteur est devenu compliqué», explique Xavier Sinan. L’entreprise développe alors une expertise en composants magnétiques. Cette diversification attire les auteurs de jeux qui souhaitent donner vie à leurs concepts. C’est le cas de Jean-Marc Toulemonde et Stéphane Dubois, créateurs de iOTOBO.
Plus de 300 000 exemplaires écoulés
Cette déclinaison du Tangram allie construction et représentation graphique. À partir de trois formes issues de la rosace du cercle, les enfants peuvent reproduire des dessins ou en imaginer à l’infini. Permettant de développer la motricité fine des plus jeunes, sans créer de frustration puisque les pièces magnétiques restent en place, iOTOBO est plébiscité par le milieu éducatif. Depuis le lancement, ce sont plus de 20 000 écoles françaises, belges et suisses qui ont adopté ce jeu.
Fort de ce succès, SEPP Jeux décline la gamme en version grand public à partir de 2005. Distribué dans 150 magasins en France et un peu à l’export en Europe, le concept s’est déjà écoulé à plus de 300 000 exemplaires. Les ventes devraient encore être boostées par la nouvelle version du jeu, sortie il y a quelques semaines. Nouveaux graphismes, nouvelles couleurs et création de nouveaux niveaux de jeux, le iOTOBO nouvelle formule entend encore plus stimuler la créativité des enfants à partir de 3 ans.
Sous-traitance
Depuis qu’il a repris l’entreprise, Xavier Sinan a enrichi le catalogue de plus de trente nouveaux produits, en collaboration avec des professionnels de la petite enfance et des designers. Flor Carrascosa, graphiste basée à Lyon, a ainsi imaginé trois références pour la gamme Mosa’jeux, qui permet aux enfants de reproduire des décors à partir de modèles. Et avec la Bayonnaise Claire Veyret, ce sont les collections “J’apprends à dessiner l’alphabet” et “Formes et Couleurs” qu’il développe.
À côté de l’édition de jeux éducatifs et créatifs en nom propre, SEPP propose aussi de la sous-traitance. L’outil de production et la dizaine de salariés permettent de répondre aux demandes des entreprises pour leurs supports de communication, tableaux personnalisés, goodies clients, magnets et composants de jeux magnétiques… L’Atelier Gigogne, le musée Matisse de Marseille ou encore la marque Agnès B. font partie de ses clients.
« Outre notre réactivité et notre capacité à produire de petites séries, c’est la fabrication française qui les attire. » Un point sur lequel les générations successives n’ont jamais tergiversé et qui apparaît aujourd’hui comme un choix judicieux.
Production écoresponsable
Grand défenseur du made in France, Xavier Sinan est aussi très attaché au respect de l’environnement. Il met tout en œuvre pour rendre sa production vertueuse. Les matières premières sont majoritairement françaises. La marque a également supprimé les emballages uniques sur 80 % de ses jeux. En matière énergétique, 180 panneaux photovoltaïques ont été installés sur la toiture de l’atelier. Ils permettent de générer 60 % de l’électricité consommée par l’usine. «Les 40 % restants sont fournis par Ekwateur et issus d’une production 100 % renouvelable.»
Enfin, pour réduire son impact sur la planète, SEPP Jeux collabore avec l’association de réinsertion Api Up pour l’upcycling de ses déchets. En 2022, plus de 13 tonnes de polystyrène, cartons, palettes et autre métal ont pu trouver une seconde vie sous forme de meubles ou de briques pour le BTP.
Cécile Agusti