2015, année de mutation pour la chambre régionale d'agriculture
Lors de ses voeux à la presse, le 14 janvier dernier, Dominique Graciet s'est lancé dans le déroulé de ce qui va constituer une bonne partie de l'actualité de 2015 pour la chambre régionale d'agriculture, à savoir la réorganisation. «Parce que, désormais, beaucoup de décisions sont prises au niveau régional, les chambres d'agriculture sont confrontées à la nécessité de renforcer leur représentativité institutionnelle et de marquer leur rôle d'interlocuteur privilégié sur toutes les décisions liées à l'agriculture», explique ainsi le président.
Le président de la chambre régionale d'agriculture, Dominique Graciet, souhaite que les chambres « renforcent leur représentativité institutionnelle et marquent leur rôle d'interlocuteur privilégié ». © Le Sillon
C'est dans la perspective de ce recentrage régional des pôles de décisions qu'a été signée, le 25 novembre dernier, la charte de gouvernance entre les chambres d'agriculture, représentées par l'APCA, et les régions françaises, représentées par l'ARF (Association des Régions de France). Cette charte s'inscrit dans le cadre du transfert de compétence opéré en faveur des régions, pour la gestion du fonds européen agricole pour le développement rural (Feader), le deuxième pilier de la PAC. Ce transfert qui a débuté le 1er janvier 2014 porte sur la programmation 2014-2020.
La charte signée fin 2014 comprend deux points majeurs. Elle reconnaît aux chambres d'agriculture un statut d'interlocuteurs privilégiés dans les instances de gouvernance des politiques agricoles. Et elle marque la volonté d'améliorer les échanges entre les chambres et les régions que ce soit pour l'information, la concertation, la reconnaissance d'expertise ou encore, la gestion des instances opérationnelles.
Nouvelle organisation
Deuxième volet de régionalisation exposé par Dominique Graciet, la mise en place de la nouvelle organisation du réseau des six chambres d'agriculture d'Aquitaine (cinq chambres départementales et de la chambre régionale), soit plus de 500 collaborateurs. S'il s'inscrit sur fond de restriction budgétaire, ce vaste projet de mutualisation des compétences initié depuis près de 3 ans vise aussi à améliorer l'expertise globale du réseau gràce notamment au partage des connaissances.
Tout d'abord, cinq premiers chantiers seront régionalisés. Le pole élevage aura à sa tête Jean-Michel Anxolabéhère. Pour la viticulture, la chambre d'agriculture de Gironde sera aux manettes avec Bernard Artigue en tête de file. Le pole forêt sera présidé par Dominique Graciet, le pole agriculture biologique par Serge Bousquet-Cassagne et celui de l'installation par Jean-Philippe Granger. Cette réorganisation qui s'opère actuellement sera présentée lors de la session du 31 mars 2015.
Diagnostics et freins à l'évolution
Toujours pour 2015, trois autres chantiers sont sur la table: les fruits et légumes, l'agroécologie et l'eau. Sur ces trois thèmes, l'objectif fixé est de mettre en route un diagnostic afin de dégager rapidement les pistes de progrès. La structuration des moyens, qui a aussi conduit en 2014 à la création du réseau régional de l'innovation en partenariat avec le conseil régional, l'INRA, Irstea (ex Cemagref), Agri Sud Ouest innovation ou encore le cluster Machinisme (Technopole Agrinove), a été à l'origine de la mise sur pied de plusieurs séminaires dont celui programmé sur l'autonomie protéinique le 4 mars.
Autre rendez-vous prévu, la semaine de l'apprentissage en agriculture qui aura lieu du 9 au 13 mars dans chacun des cinq départements «parce que sur ce dossier, nous devons parvenir à lever les nombreux freins qui bloquent la bonne évolution de cet outil».
Troisième niveau de cette régionalisation, celui plus lointain qui va conduire à la future nouvelle grande région regroupant les actuelles régions Aquitaine, Poitou-Charentes et Limousin. Sur ce sujet, l'actualité est à la découverte mutuelle. Cela dit, les relations de travail existent déjà sur certains thèmes. C'est le cas sur l'adaptation aux changements climatiques, sujet pour lequel la chambre d'Aquitaine collabore avec celle de Poitou-Charentes dans le cadre du projet Oracle (opportunités et risques pour les agro-écosystèmes et les forêts en réponse au changement climatique).
Plus symboliquement cette fois, on notera que le premier rendez-vous lors duquel cette future grande région regroupée sera «visible» se tiendra dans le cadre salon international de l'agriculture à Paris le 27 février.
M.-N. Charles