5 milliards pour accompagner la transformation, l’amélioration et l’innovation des secteurs agricoles
Le volet agricole du Grand plan d’investissement (GPI) a été présenté pour la Nouvelle-Aquitaine à Bordeaux le 10 octobre. Il vise à accompagner le mouvement de transformation des modèles agricoles et est doté de 5 milliards d’euros (md€) sur 5 ans.
Le Grand plan d’investissement (GPI) est doté, tous secteurs confondus, d’un engagement sur 5 ans (2018-2022) de 57 milliards d’€ (md€) dont 5 md€ pour son volet agricole. Ce dernier a vocation d’être le principal instrument d’intervention de l’État pour stimuler la transformation des secteurs agricole, agroalimentaire, forêt-bois, pêche et aquaculture, en réponse aux enjeux et attentes exprimés lors des états généraux de l’alimentation.
Le volet agricole comprend trois axes : transformation de l’amont agricole et forestier (2,8 md€), l’amélioration de la compétitivité de l’aval agricole et forestier (1,7 md€) et l’innovation et la structuration des filières (0,5 md€). Ils se déclinent en 19 mesures. «L’État va, par exemple, renforcer les moyens d’accompagnement déjà mis en place et copilotés par les régions avec des outils d’ingénierie financière», a expliqué a expliqué Olivier Allain, l’ambassadeur du GPI lors de cette présentation. Les entreprises ont déjà bénéficié de ce type d’outils. Désormais, les agriculteurs auront la possibilité de demander la garantie de l’État pour leurs prêts.
Accompagner l’amont et l’aval
Pour les producteurs, c’est une nouveauté. L’idée est de libérer des crédits pour que des projets qui n’auraient pas vu le jour puissent se lancer. Ces outils d’ingénierie qui ont toute leur place à côté des subventions visent à rassurer le banquier et, par un évier de levier, à faire en sorte que le projet émerge. «L’État se portera ainsi caution sur des projets jugés alternatifs» liés à la transformation de l’agriculture notamment ceux portés les jeunes installés depuis moins de 7 ans.
Dans la continuité des États généraux de l’alimentation et de la loi récemment votée, il s’agit «d’accompagner l’amont et l’aval de l’agriculture pour aller vers les changements demandés par les consommateurs tout en tenant compte de l’évolution climatique, précisait Philippe de Guenin, DRAAF de Nouvelle-Aquitaine. Passer d’un système à un autre représente un risque et il faut des outils pour aider à assumer ce risque. Proposer aux producteurs de bénéficier de la garantie de l’État est un outil possible. Encourager l’instauration de relations plus contractuelles en est un autre», assure le DRAAF.
Sur le terrain, les agriculteurs ont, pour certains, déjà largement entamé les réflexions pour aborder cette transition et imaginer les outils nouveaux à bâtir pour y arriver.
Autonomie vis-à-vis des marchés
L’entreprise Pierre Oteiza (64), par exemple, se dit potentiellement intéressée par ce programme de soutien notamment «sur l’amont, expliquait le directeur, Claude Carniel, pour mettre sur pied un système qui lisserait les à-coups du prix des céréales qui servent d’alimentation de complément pour les porcs». L’objectif est de trouver «sur le périmètre de production très restreint qui est le nôtre, précise Claude Carniel, le moyen d’organiser le marché de ces céréales sur une base équitable et durable sur plusieurs années pour les deux parties, vendeurs et acheteurs».
Cette stratégie suppose de «nouer des partenariats, de s’organiser sur tous les maillons de la chaîne, et peut être aussi, de réaliser des investissements de stockage dédiés pour atteindre localement un prix qui permettra de garantir à chacun, et ce quel que soit le contexte mondial, une juste rémunération de son travail.» Autrement dit, l’enjeu est d’acquérir une forme d’autonomie et de se dégager des contraintes de prix sur lesquelles les producteurs n’ont pas de poids.
M.-N. Charles