50% des agriculteurs auraient gagné moins de 350 €/mois en 2016
L’année 2016 a été particulièrement difficile pour les agriculteurs. Si ce constat faisait déjà peu de doutes, les chiffres de la MSA viennent le confirmer. Si en 2015, 30% des agriculteurs ont gagné moins de 350 € par mois, cette proportion devrait monter à 50% pour les revenus 2016, estime la MSA.
La situation économique des agriculteurs, dans le rouge depuis plusieurs campagnes, ne s’est pas arrangée en 2016, révèlent les derniers chiffres de la MSA, présentés le 22 juin à l’issue de l’assemblée générale de l’organisme de sécurité sociale. Certes, les agriculteurs n’avaient pas besoin de chiffres pour en être conscients, mais les données donnent une indication de l’ampleur du phénomène.
Les agriculteurs en détresse
«Les revenus professionnels annuels ont chuté de 30% entre 2013 et 2015», a rappelé au préalable Pascal Cormery, président de la caisse centrale. «En 2015, plus de 30% des agriculteurs ont eu un revenu mensuel inférieur à 350 euros par mois», a-t-il poursuivi avant de faire part de ses inquiétudes pour la suite. «Nous aurons les chiffres définitifs en juillet ou en août, mais nous pensons que le seuil fatidique des 50% sera dépassé en 2016».
Parmi les indicateurs révélant la situation difficile des agriculteurs, la hausse remarquable du nombre de demandes de prime d’activité : +66% en un an. Ils étaient 153.000 agriculteurs à avoir déposé un dossier en juin 2016, 204.000 en avril 2017 et 254.000 en juin 2017. La progression est forte, et elle se poursuit.
Par ailleurs, le nombre de bénéficiaires de la CMU-C (donnant droit à la prise en charge gratuite de la part complémentaire des dépenses de santé) a augmenté de 8,4% entre 2015 et 2016. Ce sont ainsi près de 140.000 personnes qui en ont bénéficié. Quant à l’aide à la complémentaire santé (ouverte à ceux qui dépassent légèrement le plafond de ressources donnant droit à la CMU-C), elle a bénéficié à 63.000 personnes, soit 13,5% de plus qu’en 2015.
Augmentation des burn-out
Au-delà de l’aspect purement économique, les difficultés financières ont également un impact sur l’état physique et psychique des agriculteurs. Les situations de burn-out augmentent dans le milieu agricole. Et pour y faire face, la MSA a lancé en octobre 2016 un dispositif d’aide au répit. «Se faire remplacer pour souffler», propose la MSA à ses ressortissants. Il s’agit de proposer une aide financière aux agriculteurs afin qu’ils puissent faire appel au service de remplacement.
«S’arrêter de travailler n’est pas dans les habitudes du monde agricole, commente Pascal Cormery. La mesure a été longue à mettre en place». Fin mai 2017, 600 personnes avaient bénéficié de ce dispositif, pour un montant d’aide au remplacement de 900.000 euros. Au 19 juin, la MSA avait «détecté» environ 1.000 bénéficiaires supplémentaires…