9 agriculteurs sur 10 craignent que la crise sanitaire ait un impact économique durable
Après deux mois de confinement, les agriculteurs sont mieux reconnus mais plus isolés et plus démunis selon l’institut de sondages Ipsos. À l’avenir, leurs craintes portent davantage pour leur exploitation que pour leur santé personnelle.
La crise sanitaire du Covid-19 «vient fragiliser encore un peu plus la ferme France avec une situation économique et financière qui s’aggrave dangereusement pour une partie des exploitations, notamment les plus vulnérables, comme les petites exploitations et les exploitations d’élevage. Mais cette crise représente également une opportunité de revaloriser le métier et définir des conditions de production plus souveraines, plus résilientes et plus justes». C’est en ces termes que Renaud Loesel, le directeur de l’institut de sondage Ipsos commente les résultats du sondage Ipsos/AgriAvis réalisé auprès d’agriculteurs et dévoilés le 12 mai dernier.
On y apprend que la crise sanitaire a touché les agriculteurs à la fois psychologiquement et économiquement. Toutefois, leurs craintes portent davantage sur la santé de leur exploitation que sur la leur. Toujours selon l’Institut Ipsos, 13% des sondés affirment avoir une activité plus importante depuis l’instauration du confinement qu’en temps normal et 19% avoir rencontré des difficultés financières.
Approvisionnement et débouchés plus compliqués
«Seuls 17% des agriculteurs se déclarent optimistes concernant la situation de leur exploitation, et 40%, pessimistes, analyse Ipsos. Pourtant, pour 37% des sondés, la crise leur a permis de revaloriser leurs métiers aux yeux des Français».
Mais, «près de 9 agriculteurs sur 10 redoutent que la crise sanitaire ait un impact économique durable avec des marchés désorganisés générant par conséquent, des difficultés financières dans un avenir proche (58% des sondés)», explique l’institut Ipsos.
Depuis deux mois, 36% des agriculteurs se plaignent de rencontrer des problèmes de débouchés pour les productions. Les éleveurs (45%) et les petites exploitations (43%), déjà plus vulnérables, ont été particulièrement confrontés à ces problèmes, précise Ipsos. 30% des agriculteurs ont rencontré des problèmes d’approvisionnement qui s’est avéré plus compliqué, voire des pénuries (14%). Enfin, 6% des exploitants ont dû faire face à une déficience de main-d’œuvre.
Sentiment d’isolement
Au-delà des conséquences économiques, le moral des agriculteurs a également souffert pendant la crise, avec en premier lieu un isolement bien plus prononcé qu’avant la période de confinement. Selon l’Institut Ipsos, 46% des agriculteurs sont moins en contact avec leurs conseillers et/ou commerciaux, une difficulté liée au travail à distance généralisé.
Le manque de visibilité et de clarté sur les directives gouvernementales (42%) ou sur les besoins des filières (34%) a livré les agriculteurs à eux-mêmes alors que la crise sanitaire suscitait justement un accompagnement renforcé. Aussi, 62% des individus sondés par Ipsos souhaitent un dédommagement financier pour compenser une partie des pertes qu’ils ont subi et qu’ils subiront dans les semaines à venir. Ce dédommagement devrait être accompagné par des prix de vente garantis (79% des sondés) et par un assouplissement des contraintes réglementaires (72%) et une régulation des volumes produits (63%).