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Approvisionnement en blé : « pas de risque de pénurie »

Selon Philippe Pinta, président de l'AGPB (Association générale des producteurs de blé), les disponibilités en blé sont suffisantes jusqu'à  la fin de la campagne et il n'y a aucune raison de taxer les exportations en raison de nos responsabilités croissantes dans l'approvisionnement du pourtour de la Méditerranée.

file-Philippe Pinta, président de l'AGPB et d'Orama. © Actuagri
Philippe Pinta, président de l'AGPB et d'Orama. © Actuagri
Les marchés des grains sont aujourd'hui extrêmement nerveux. Des craintes se manifestent quant aux disponibilités d'approvisionnement des utilisateurs de blé en fin de campagne et certains prédisent une flambée des prix. Quelle est votre analyse ? Philippe Pinta : Les toutes dernières prévisions de stocks de fin de campagne dans le monde le confirment, il n'y a pas de risque de pénurie. Les stocks de blé représenteront 100 jours de consommation, alors que le seuil de sécurité est conventionnellement évalué à  deux mois. Le ratio stocks sur consommation au 30 juin 2011 sera supérieur à  celui du 30 juin 2008.  En Europe - et en France plus particulièrement -, tout en ayant pallié en bonne partie l'absence des pays exportateurs de la Mer Noire sur les marchés du sud de la Méditerranée et du Proche-Orient, nous gardons toute capacité d'approvisionner notre aval d'ici la récolte prochaine. En France, le rythme de la collecte de blé n'a jamais été aussi élevé que cette année, près de 60% de ce qui est entré dans les silos s'y trouvent encore et les fabricants d'aliments du bétail n'éprouvent pas d'inquiétude sur les disponibilités globales en céréales. La situation sur le front des prix, qui doit au demeurant inciter les industriels d'aval à  se couvrir pour la fin de campagne, doit donc être distinguée de l'état des disponibilités. Dans ces conditions, comment l'idée d'une limitation de nos exportations a-t-elle pu affleurer il y a quelques jours ? Dans le passé - la dernière fois, ce fut au printemps 1997-, Bruxelles a mis en oeuvre à  plusieurs reprises des taxes à  l'exportation pour limiter les ventes de blé sur pays-tiers et contenir ainsi les prix sur le territoire européen. Mais une telle démarche, qui ne peut être qu'européenne, est aujourd'hui inconcevable. Notamment parce qu'elle provoquerait une hausse supplémentaire des prix sur le marché mondial qui serait insupportable pour les populations des pays importateurs. Les temps ont changé. Les événements actuels le démontrent, l'Union européenne et la France en son sein, ont des responsabilités croissantes dans l'approvisionnement des pays du sud de la Méditerranée et du Proche-Orient, lesquels veulent trouver en elles des partenaires fiables. Autant moralement et politiquement qu'économiquement, elles doivent donc exploiter pleinement leur capacité à  produire plus régulièrement à  haut niveau que d'autres pays exportateurs. Et, complémentairement, elles doivent muscler leur politique en matière de stockage. C'est nécessaire pour approvisionner de manière satisfaisante dans le temps à  la fois le marché intérieur et les populations des pays du sud voisins de l'Europe.
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