Arvalis sur les traces du gène de la tolérance à la sécheresse
Arvalis a inauguré, le 12 mai à Ouzouer-le-Marché (Loir-et-Cher), un outil de recherche en plein champ « unique en Europe » pour étudier la tolérance à la sécheresse du maïs et du blé. baptisé PhénoField, le projet sert à s’adapter au changement climatique via de nouvelles variétés.
«PhénoField est un outil dédié à l’adaptation du matériel végétal au stress climatique, a expliqué Joël Cottart, secrétaire général d’Arvalis, lors de l’inauguration du site le 12 mai dernier à Ouzouer-le-Marché (Loir-et-Cher). Il s’agit de produire plus, dans les conditions de demain». Ce projet, conduit sur 7,5 hectares avec des toits roulants sur 5000 m2, vise à identifier les gènes de tolérance au déficit hydrique et, ainsi à développer à terme de nouvelles variétés.
Accélérer la sélection variétale
«Depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, le changement climatique affecte les productions, notamment de céréales, que ce soit pour les cultures de blé ou celles de maïs, a indiqué David Gouache, chef de service valorisation des biotechnologies à Arvalis. Cela brise la croissance de productivité qui nous accompagnait depuis la sortie de la guerre. Demain, les cultures devront supporter les stress climatiques qui se manifestent déjà et iront en s’aggravant». Et d’ajouter que si «le progrès existe» en matière de sélection variétale, «la cadence ne suffit pas».
Les huit toits roulants, sur des centaines de microparcelles installées dans la Beauce, ont donc pour but de simuler le manque d’eau. PhénoField vise ainsi à identifier de manière accélérée les gènes de tolérance au stress hydrique chez le maïs et le blé. Autre domaine de l’étude conduite par Arvalis, le déficit de rayonnement. Des batteries de capteurs, des appareils d’imagerie, des lasers, des outils d’enregistrement et de gestion de données permettent d’observer la cinétique de croissance des plantes sans les détruire.
Premiers essais sur le maïs
Cette plateforme complète le réseau de phénotypage à haut débit Phénome, intégré au programme d’investissements d’avenir, sur la croissance des plantes soumises à divers scénarios de climats et techniques culturales. En 2015, les premiers essais concernent le maïs, dans le cadre du programme Amaizing. Ils porteront l’an prochain sur le blé tendre, via le programme Breedwheat.
Le dispositif installé dans la Beauce peut ultérieurement s’étendre à d’autres cultures comme le colza, le pois, la pomme de terre, la betterave… PhénoField est doté d’un budget de 8,7millions d’euros, financé à 50% par les investissements d’avenir.
«La capacité de produire plus»
Profitant de cette inauguration, Joël Cottart a glissé dans son discours un message aux pouvoirs publics: «Il faut laisser aux agriculteurs la capacité de produire et de produire plus». PhénoField permet, selon lui, de démontrer que l’agriculture est capable d’«atténuer le changement climatique et de s’y adapter».
«Notre activité est la seule qui soit à même de capter le carbone du CO2 atmosphérique», a déclaré le secrétaire général d’Arvalis, estimant que le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll l’a reconnu en lançant une initiative pour augmenter le taux de matière organique des sols. «Le sol est un coffre-fort qui accumule la matière organique», a lancé Joël Cottart, expliquant qu’elle provient des cultures. «Si on ne produit pas, le sol s’appauvrit».