Berger : coup de jeune sur un métier d’avenir
L’élevage d’ovins, dont la France est largement déficitaire, redevient attractif pour les jeunes qui y voient un métier aux multiples facettes, au plus près de la nature, et en phase avec les attentes sociétales.
«On fait des produits en lien avec un terroir, avec un cahier des charges spécifique. Les consommateurs veulent des produits de qualité : c’est être dans l’air du temps que de faire des produits qui répondent aux besoins du consommateur», explique Marion, 27 ans, installée en 2016 sur une exploitation de 300 brebis dans le Pays basque et qui produit du lait pour le fromage AOP Ossau-Iraty. Pour la jeune femme, originaire de Bretagne, de parents non-agriculteurs, ce métier «plein de facettes», loin des stéréotypes que l’on en fait, était une évidence.
Renouveler les générations
Damien Fraysse, éleveur de brebis Causse du Lot sur la ferme familiale située à Escamps (Lot), ne peut qu’approuver. S’il est tombé dans la marmite quand il était petit et est désormais installé en GAEC avec son père, le jeune homme de 30 ans estime que «le métier se réinvente tous les jours». Et d’ajouter : «C’est à nous de sentir l’air du temps et de nous adapter en fonction des attentes de la population.» Le métier a en effet su se renouveler et «redorer son blason», après une période difficile dans les années 1980 et une chute des prix entraînant une baisse importante des effectifs, explique Patrick Soury, secrétaire général de la Fédération nationale ovine.
Aujourd’hui, la production ovine représente 20.300 fermes sur l’ensemble du territoire, mais 80% se trouvent dans les zones défavorisées, permettant de valoriser les paysages à des endroits où l’agriculture est difficile à mettre en place. D’où l’importance de continuer à attirer les jeunes, sachant que la majorité des éleveurs ovins va prendre la retraite dans les 15 prochaines années. «Dans ces endroits qui ont connu l’exode rural, il y a la place pour que des jeunes nous rejoignent», insiste Damien Fraysse, qui précise qu’aujourd’hui, le modèle unique n’existe plus, et que chacun «peut créer son espace, son projet». Un projet qui reste intégré à la société.
Aujourd’hui, les jeunes s’installent davantage en GAEC, en société, pour avoir la possibilité de se relayer et de partir en vacances, profiter de leur vie de famille, etc. «La traite, c’est deux fois par jour de décembre à août, souligne Marion. En septembre, octobre ou novembre, c’est plus facile de m’organiser avec mon associée si je veux m’absenter». Avant d’ajouter : «Mais j’ai du mal à quitter les animaux.»
Un déficit national à combler
Le bien-être animal reste, pour la jeune éleveuse, le cœur de son métier. «Des brebis mal traitées ne donnent pas du bon lait…», explique-t-elle. En revanche, si les consommateurs sont plus curieux qu’autrefois, c’est pour Damien «une bonne raison de leur ouvrir nos portes et de montrer comment on travaille, pour leur apporter des réponses.»
Et de leur montrer que le métier de berger, s’il est l’un des plus anciens au monde, est aussi un métier moderne qui répond à l’ensemble des attentes sociétales : respect de l’environnement, production de qualité, et création d’emplois dans les territoires, puisque la production ovine représente en France 44.400 emplois directs et indirects. Et avec seulement 4 moutons sur 10 consommés en France qui sont élevés dans le pays, le potentiel est important.