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Biogaz : des opportunités à saisir

La méthanisation est un moyen pour développer la production de biogaz d’ici 2030 et réduire la consommation d’énergies fossiles. L’agriculture a une carte à jouer mais pas n’importe comment.

file-La filière méthanisation est en progression. La ressource existe et le gisement laisse entrevoir la possibilité de produire 11 terawatts heure (TWh) d’énergie d’ici 2030.
La filière méthanisation est en progression. La ressource existe et le gisement laisse entrevoir la possibilité de produire 11 terawatts heure (TWh) d’énergie d’ici 2030.

En plus de proposer un mix énergétique, dont l’objectif est de couvrir 45% des besoins énergétiques en 2030 en Nouvelle-Aquitaine afin de sortir des énergies fossiles et de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de 75% à l’horizon 20501, les pouvoirs publics et politiques affichent une volonté de développer la production de biogaz. Au travers de son programme Néo Terra, la Région

Nouvelle-Aquitaine a l’ambition de couvrir environ 30% des besoins en gaz grâce au biogaz en 2030 (soit environ 6.000 GWh) et d’être autonome en 2050.

L’agriculture a le gisement

Françoise Coutant, vice-présidente de la Région en charge du climat et de la transition énergétique, explique : «La méthanisation est l’un des moyens qui permet de développer ce mix énergétique afin d’atteindre ces objectifs.» Même s’il est nécessaire de compter sur les industriels (stations d’épuration des eaux usées, installations de stockage de déchets non dangereux, nouvelles technologies…), l’exécutif régional souhaite privilégier l’émergence de projets de méthanisation à la ferme.

Parce que «l’agriculture et l’agroalimentaire ont la réserve de biomasse la plus importante», comme l’indique Dominique Graciet, président de la chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine, la profession agricole espère garder la main sur la production d’énergie grâce à ce procédé, qui participe au verdissement de l’énergie en stockant du carbone et en limitant l’emploi d’intrants minéraux ou chimiques (moins d’émissions de GES) et qui apporte un complément de revenu aux exploitants. Mais attention. Selon Françoise Coutant, plusieurs sujets portent à réflexion, dont l’utilisation de cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE), ou l’incorporation d’aliments «qui pourraient être valorisés pour l’alimentation humaine.»

Le faux débat de la concurrence sur le foncier

Les CIVE posent question à propos du risque de concurrence sur le foncier entre agriculteurs-méthaniseurs et candidats à l’installation mais aussi à propos de leurs conditions de culture. Sur ce dernier point, Dominique Graciet se veut rassuran : «Ces cultures intermédiaires (qui seront intégrées dans les méthaniseurs de manière plus ou moins importante) sont voulues par la PAC et par tout le monde pour que le sol soit occupé toute l’année ; elles permettent de stocker du carbone grâce au système racinaire et la partie aérienne est ensilée pour faire de l’énergie. C’est une méthode tout à fait fiable et tout à fait souhaitable pour stabiliser un méthaniseur toute l’année, avec des cultures dédiées qui ne sont pas en concurrence avec l’alimentation animale car elles sont sur des surfaces qui, à l’origine, n’étaient pas semées ou étaient détruites.»

Pour le président de la chambre régionale d’agriculture, le principal problème réside plutôt dans les difficultés de raccordement au réseau électrique et de gaz. En cogénération, le problème de la valorisation de la chaleur se pose (est-ce qu’on s’en sert ou est-ce qu’on la gaspille?) et la question du raccordement au réseau pour commercialiser l’électricité peut être coûteuse. «L’injection par gaz a un rendement plus important, mais pour injecter le gaz sur le réseau de distribution ou de transport les coûts sont élevés. Ils sont encore en discussion au niveau national», ajoute-t-il.

Quant aux objectifs, Dominique Graciet ne donne pas de chiffres. «L’agriculture s’est engagée aux côtés de la Région au travers du plan Néo Terra. La méthanisation, on va la développer mais il ne faut pas que la ressource soit concurrente avec l’élevage. À partir de là, c’est souhaitable qu’il y ait un maximum de projets pourvu qu’il y ait des investisseurs aux côtés des agriculteurs et que la plus value de ces projets revienne en grande partie dans la production agricole pour accompagner la rentabilité des exploitations qui est en berne», souligne-t-il.

Accompagner les projets

Pour accompagner cette dynamique, «les banques jouent le jeu mais ça dépend de la qualité du projet, ajoute-t-il. Au niveau des chambres d’agriculture, on a besoin, avec les différents partenaires, de développer une expertise neutre, pour apporter un vrai conseil aux agriculteurs et aux nouveaux porteurs de projet (caractérisation du digestat, évolution du matériel, formation parce que c’est un métier un petit peu à part)».

Bertrand Venteau, président de la chambre d’agriculture de Haute-Vienne, se dit lui aussi favorable à faciliter le portage des projets de méthanisation sur ce département, procédé qui pour lui n’est pas un frein à l’élevage et n’entre pas en concurrence avec, mais qui peut être un complément de revenu. «Je pense qu’à terme, il y aura 10 à 15 projets qui verront le jour en méthanisation agricole sur le département. Mais je préfère que ce soit ces projets agricoles avec des intrants agricoles plutôt que des projets industriels», souligne-t-il.

Aujourd’hui, 72 unités de méthanisation fonctionnent sur la région Nouvelle-Aquitaine. 22 produisent uniquement de la chaleur. Sur les 50 restantes, 39 sont agricoles. La filière est en progression. La ressource existe et le gisement laisse entrevoir la possibilité de produire 11 terawatts heure (TWh) d’énergie d’ici 2030, ce qui couvrirait largement les objectifs fixés par Néo Terra.
Nathalie Péneloux

1. Source Néo Terra et AREC Nouvelle-Aquitaine.

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