Boostée par la demande, la filière bioéthanol passe à la vitesse supérieure
N’étant pas prêt à se passer de véhicule thermique, les automobilistes portent un vif intérêt aux motorisations flex-fuel fonctionnant à l’E85. Ces voitures sont à la fois économiques et plus respectueuses de l’environnement.
Si les ventes de voitures électriques ont du mal à décoller, en revanche, l’E85, le carburant contenant 85% d’éthanol et 15% d’essence a de plus en plus d’adeptes. La consommation de ce carburant aurait presque doublé en un an. Cet engouement est le résultat des très bons retours d’expérience des conducteurs ayant équipé leur voiture à essence d’un boîtier E85 homologué. Et puis à 0,68€ le litre, le consommateur réalise des économies et fait un geste pour l’environnement lorsqu’il fait le plein dans une station-service.
«L’avantage fiscal dont bénéficie le carburant est garanti jusqu’en 2022 et même au-delà car le carburant sera toujours moins taxé. Même si la fiscalité des carburants s’accroît», a affirmé Sylvain Demoures, secrétaire général du Syndicat national des producteurs d’alcool agricole (SNPAA). Il participait aux septièmes rencontres du bioéthanol le 2 octobre dernier à Paris.
Les ventes de boîtiers ont été boostées après la publication de l’arrêté du 15 décembre 2017. Ce texte définit un cadre réglementaire précis et sûr et offre toutes les garanties en termes de fiabilité, de sécurité et d’assurance pour l’automobiliste qui achète et fait poser un boîtier flex-fuel. De plus, la flexibilité de la technologie et le nombre croissant de stations-service distribuant du E85 rassurent les conducteurs. «En 2018, un million de mètres cubes d’éthanol a été incorporé aux essences vendues. Cela représente 10% du volume des essences mises à la consommation», a déclaré pour sa part Jérôme Bignon, président du SNPAA en concluant le colloque.
Une opportunité pour la filière
Selon le SNPAA, la société est mûre pour adopter l’E85 et donner un nouvel élan à la filière bioéthanol en première ligne pour permettre à la France de tenir ses engagements sur le climat. Car la réduction des émissions de CO2 et des particules fines de l’industrie du transport ne se mesure pas seulement au niveau des pots d’échappement mais à l’échelle du cycle de vie des véhicules en intégrant les phases de fabrication.
Les résultats obtenus sont alors là surprenants: le bilan carbone des automobiles électriques est mauvais, surtout si l’électricité consommée est issue de la combustion d’hydrocarbures fossiles… A contrario, les automobiles à l’éthanol réduisent de plus de 60% les émissions de gaz à effet de serre. Et selon la Commission européenne, les cultures de blé, de betteraves et de maïs dédiées à la production de bioéthanol n’impactent ni le stock de carbone organique contenu dans le sol, ni l’affectation des terres à la production agricole et alimentaire.
Elles créent, au contraire, une synergie puisque les pulpes, le sucre et l’alcool sont des produits dérivés de la transformation des cultures dédiées à la production de biocarburant. «L’éthanol, mis à la consommation en France, est issu à plus de 90% de matières premières agricoles françaises (betteraves, blé, maïs) et c’est bon pour notre agriculture», défend Jérôme Bignon.
Le développement de l’offre de véhicule flex-fuel et la multiplication des stations-service équipées pour vendre de l’E85 devraient booster encore plus la filière bioéthanol. Selon le SNPAA, une baisse de 40% de la taxe sur les véhicules de société accélérera la conversion du parc automobile français roulant au E85. Mis en vente, les véhicules d’occasion seront ensuite achetés par les foyers.