Brexit : une occasion à saisir pour repenser la PAC plaide la FNSEA
Le président de la FNSEA estime que l’Europe doit rapidement engager une réflexion stratégique sur les orientations de son agriculture, notamment dans le cadre de la PAC post-2020, pour éviter de faire du Brexit un signe avant-coureur du délitement profond de l’Union européenne.
S’il refuse d’employer le mot d’opportunité, le président de la FNSEA Xavier Beulin estime que la sortie prévue du Royaume-Uni de l’Europe doit être l’occasion d’une «réflexion de fond sur la Politique agricole commune et le projet européen». Récusant le tout libéral et le non-interventionnisme sur les marchés, qui étaient plutôt prônés par les Anglo-Saxons, il estime que «la seule loi du marché ne peut pas être le marqueur de la PAC».
Le président de la FNSEA note que le ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll a proposé à ses pairs de l’Union européenne une réunion de réflexion sur la future PAC. Xavier Beulin a souhaité être associé à la préparation de cette réunion. «Il est fondamental que nos gouvernants entendent les aspirations des agriculteurs dans le cadre d’une réflexion sur la politique agricole», estime le président de la FNSEA.
Être associé à la préparation d’une rencontre ministérielle
Le syndicat agricole refuse que quelques ministres «préemptent» de grandes orientations sur la PAC sans que les premiers intéressés n’aient été consultés. D’ailleurs, Xavier Beulin a demandé d’ores et déjà au COPA (Comité des organisations professionnelles agricoles européennes) de réunir ses membres dès que possible. Une rencontre qui pourrait se tenir mi-juillet.
D’autant que Xavier Beulin a une crainte : le manque de temps. Déjà, l’organisation de la sortie du Royaume-Uni va mobiliser les instances de Bruxelles pendant au moins deux ans. Cela laissera peu de temps à la préparation de la future politique agricole commune, celle qui doit s’appliquer à partir de 2020. En plus, «beaucoup d’États membres sont empêtrés dans leurs difficultés. Les politiques ne font plus de l’agriculture un objectif en soi». A contrario, la FNSEA estime que la question européenne et agricole doit constituer une partie du débat à l’occasion de l’élection présidentielle française de mai 2017.
Un congrès consacré à l’Europe
À ces enjeux difficiles s’ajoute la nature même de ce qu’est devenue la PAC. «La subsidiarité a renforcé les distorsions de concurrence», regrette Xavier Beulin qui note la contradiction avec une Commission européenne qui veut renforcer le fédéralisme. Quant à la FNSEA, son congrès 2017 sera consacré à la thématique de l’Europe («Repenser la PAC de l’après 2020»), a précisé son président.
Pour lui, la politique agricole doit permettre d’avoir une agriculture diversifiée qui affirme clairement sa vocation exportatrice. Et le revenu agricole doit être composé de trois éléments : le prix de vente des produits, l’aide directe et un système assurantiel pour compenser les crises éventuelles.
Le syndicat français veut faire en sorte que la politique agricole de l’Union tourne le dos au tout libéral. Que le champion du libéralisme économique quitte l’Europe, cela peut être une opportunité. Mais le Royaume-Uni est loin d’être le seul pays à avoir adopté cette posture. Depuis sa réunification, c’est aussi ce qu’a fait l’Allemagne.