Céréales : la France et l'Europe en mesure de répondre aux besoins
C'est un discours résolument tourné vers la relance de la production, l'allégement des contraintes environnementales, l'amélioration de la compétitivité et l'innovation qu'ont délivré les producteurs de céréales et d'oléagineux d'Orama réunis en congrès à Marseille, les 18 et 19 janvier.
Lors du Sommet du végétal à Marseille les 18 et 19 janvier, Bruno Le Maire partagé le diagnostic de Philippe Pinta, président d'Orama et de l'AGPB et de Christophe Terrain, président de l'AGPM. © Réussir/N. O.
Alors que les prix des céréales et des oléagineux flambent sur les marchés internationaux et que de nouvelles crises alimentaires se profilent à l'horizon, les producteurs de grandes cultures d'Orama, réunis en congrès à Marseille, les 18 et 19 janvier, ont réaffirmé la volonté d'apporter leur contribution à la satisfaction des besoins alimentaires de la planète et notamment ceux de nos voisins proches de la Méditerranée, l'Égypte et le Maghreb. « La sécurité alimentaire mondiale nécessite que soient pleinement exploitées les potentialités des zones tempérées où la production d'une année sur l'autre est stable : c'est le cas de notre pays », a plaidé Philippe Pinta, le président d'Orama.
Bien entendu, il s'agit d'une volonté politique qui doit être clairement réaffirmée par les instances publiques. D'abord à Bruxelles et dans le cadre de l'élaboration de la future PAC. Et notamment sur les DPU : « Ils doivent rester un instrument socle pour l'économie de nos exploitations », a martelé le président. Quant à leur convergence : « elle doit être nationale et progressive » avant d'être européenne, a-t-il insisté. À l'échelle européenne elle doit être repoussée au-delà de 2020, en raison du différentiel de pouvoir d'achat entre les anciens pays de l'Union européenne et les nouveaux estiment les céréaliers. Côté verdissement des aides dans le premier pilier prôné par la Commission de Bruxelles : « Il n'est pas concevable qu'il se traduise par des charges supplémentaires ».
Stocker davantage pour mieux réguler
Le président d'Orama a également insisté sur la nécessaire régulation des marchés, le parent pauvre du projet de Dacian Ciolos, pour lutter contre la volatilité des prix, tant sur le plan communautaire qu'à l'échelle internationale. Principale piste à explorer : une meilleure connaissance des stocks et la création de capacité de stockage, y compris en France. Orama plaide pour la reconstitution des capacités de stockage qui ont diminué de 10 % au cours des dernières années. « Nous évaluons les besoins à cinq millions de tonnes supplémentaires », un investissement pour lequel les céréaliers demandent l'appui de l'État.
Bien entendu la relance de la production ne doit pas être entravée par de nouvelles contraintes environnementales qui découragent les initiatives. Philippe Pinta a évoqué la protection des zones de captage, les freins à l'irrigation, les exigences en matière de traitement des semences Un discours sur lequel Orama a reçu le soutien complet du nouveau président de la FNSEA, Xavier Beulin, qui déplore comme les céréaliers les obstacles qui sont mis à l'innovation en l'agriculture. Notamment en matière de biotechnologies. « Il faut que les pouvoirs publics tiennent compte des propositions des professionnels », a insisté Xavier Beulin pour relancer la compétitivité de l'agriculture française.
Diagnostic partagé par Le Maire
Le message a été reçu cinq sur cinq par Bruno Le Maire. Il a confirmé que le G20 présidé par la France allait prendre à bras-le-corps le sujet de la volatilité des prix et la lutte contre la spéculation financière sur les matières premières. Il partage l'analyse selon laquelle la production doit revenir au centre des préoccupations des politiques. « Je défendrai l'augmentation de la production en France », a-t-il martelé. La même approche prévaut sur la nécessité d'améliorer la compétitivité en réduisant les charges et en favorisant l'innovation. « Nous ne làcherons pas sur les OGM, y compris en plein champ ». Comme les céréaliers, il n'est pas favorable au DPU unique en Europe, à cause des disparités de pouvoir d'achat en Europe. En revanche, il est plus nuancé sur le verdissement du premier pilier. Car la PAC ne concerne pas uniquement les agriculteurs, mais tous les citoyens européens