Chômage forcé pour les éleveurs de palmipèdes à foie gras
Pour l’instant, ils n’ont qu’une certitude… celle de la perte sèche. Depuis lundi 18 janvier, les éleveurs de canards et d’oies du Sud-Ouest ne peuvent plus remplir leurs bâtiments. Ils attendent les mesures financières qui devraient être annoncées ce mardi 26 janvier et espèrent qu
«On navigue à vue…» Sébastien Diaz, éleveur-gaveur à Bédeille (Pyrénées-Atlantiques), résume parfaitement le sentiment qui prédomine actuellement dans la filière palmipède. Beaucoup de questions, des réponses qui se font attendre: la mise en place du vide sanitaire laisse tout le monde dans l’expectative. Pour autant, il ne veut pas sombrer dans le fatalisme. «C’est, je pense, la décision qu’il fallait prendre. Toute la filière était menacée, donc il fallait faire quelque chose. Maintenant, j’espère qu’on pourra reprendre le plus tôt possible».
Quelle compensation des pertes?
Aussi drastique soit-elle, «la démarche est indispensable pour mettre un terme à cette épizootie», souligne l’interprofession (Cifog). Les acteurs de la filière font toutefois remarquer que cet arrêt de la production imposé par le ministère aura de «lourdes conséquences» économiques et sociales. C’est pourquoi, «des indemnisations rapides de l’État seront indispensables afin de permettre aux éleveurs et gaveurs de compenser des pertes».
D’autant que cet arrêt d’activité signifie absence de revenu mais aussi impossibilité de faire face aux charges de l’exploitation. Les responsables professionnels rappellent que 90% des producteurs viennent de réaliser d’importants investissements pour la mise aux normes des ateliers de gavage.
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Chaque année, Sébastien Diaz élève cinq bandes de 4.000 canards et gave, avec sa mère, 20 bandes de 1.200 canards. Il ne se fait pas d’illusion, les mois à venir seront difficiles. «Dans 15 jours, je n’aurai plus de canard en élevage. Je vais pouvoir gaver jusqu’à mars ou avril. Après, plus rien. Je n’aurai plus de revenu. On est au chômage sans toucher le chômage».
Plus de revenus dans les semaines à venir
Pour passer ce cap, le producteur de Bédeille s’attachera à limiter au maximum les dépenses. Il espère également que les pouvoirs publics sauront débloquer les aides nécessaires et compte sur des reports de prêts. «On vient de se mettre aux normes, donc nous avons des charges à supporter sans avoir de rentrée d’argent…».
Malgré tout, Sébastien Diaz veut rester résolument optimiste, mais il n’oublie pas ses collègues qui, pour certains, pourraient être dans une situation bien plus dramatique que la sienne. «Moi, j’arriverai à passer le cap sans trop de dégâts. Mais je pense à ceux qui ont eu des cas chez eux. Moralement, c’est très compliqué. Il y a un sentiment de culpabilité très fort, alors que les éleveurs n’y sont pour rien. Je pense aussi aux jeunes qui viennent de s’installer…».
Maintenant, comme toute la filière, l’éleveur attend avec impatience la finalisation du plan ministériel. Déblocage des aides, durée du vide sanitaire, gestion des lisiers… : toutes les réponses devraient être fournies par les pouvoirs publics dans le courant de la semaine prochaine. «Il faut espérer que cette situation reste exceptionnelle et inédite», conclut Sébastien Diaz.
Y. Allongue
Les demandes de la chambre d’agriculture 40
Dans un communiqué de presse daté du 20 janvier, la chambre d’agriculture des Landes exprime ses sollicitations concernant l’accompagnement de la filière palmipèdes. «Nous demandons que l’État et l’Europe débloquent en urgence des avances de trésorerie, et mettent en place sans tarder un plan de soutien à la hauteur de l’impact économique de cette crise, indique le communiqué. Si ces indemnisations n’étaient pas au rendez-vous, des éleveurs comme des entreprises risqueraient de disparaître, ce qui serait inacceptable! De plus, nous attirons l’attention sur l’urgence de décider des conditions de redémarrage de la filière au terme de la période de vide sanitaire, afin d’obtenir la lisibilité nécessaire pour les éleveurs et gaveurs de palmipèdes, les accouveurs et toutes les entreprises».
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