Commercialisation : les coopératives ne négligent aucun circuit
Les coopératives agricoles sont capables de se développer, d'innover et de se diversifier pour être présentes sur tous les circuits de commercialisation. Témoignages avec Coop de France Aquitaine.
Même si la grande distribution est leur circuit de commercialisation majoritaire, les coopératives agricoles savent innover tant sur les circuits courts jusqu'à la vente en magasin ou à l'international, a expliqué Jean Pierre Raynaud, président de Coop de France Aquitaine le 10 juillet lors de l'assemblée générale qui se tenait à Bordeaux. «Et avec la grande distribution, a-t-il ajouté, elles savent aussi bàtir des partenariats gràce auxquels elles assurent leur différenciation». Plusieurs témoignages ont permis d'éclairer ces propos.
Philippe Nompeix, directeur du Groupement des Éleveurs Girondins (GEG) de bovins et d'ovins a retracé l'histoire de la création des magasins de proximité qui a permis au GEG de reprendre la maîtrise de la distribution pour bàtir une filière courte. «En 2000, explique-t-il, on s'était transformé en abatteur pour aller vers boucheries partenaires. En 2002, pour voir comme on dit, et alors que cela apparaissait comme une folie, nous avons ouvert notre premier magasin en milieu rural».
De la boutique en direct à la grande distribution
La communication aidant, très vite, les clients des quatre coins du département ont été attirés et la vente s'est diversifiée rapidement. En 2003, le deuxième magasin a ouvert dans le Médoc suite à la défaillance de la grande distribution et début 2012, le quatrième magasin a été inauguré, en milieu plus urbain cette fois. «Notre développement s'illustre avec deux chiffres: de 7 salariés en 2001, le GEG en compte désormais 40».
Autre modèle économique original, celui de Rougeline, société lot-et-garonnaise créée 1990 avec pour objectif de «faire exister une marque de tomates». «L'idée, a expliqué Gilles Bertandias, directeur, était d'aller au marché de façon structurée en créant une centrale de vente pour répondre à la centrale d'achat». Douze ans plus tard, l'activité qui se concentre en France et surtout en grande distribution se résume en quelques chiffres: 70.000 tonnes de fruits et légumes mis en marché avec 150 exploitations du grand sud. «Ce système apporte de la stabilité, poursuit-il, même si la problématique de la valeur est au centre de tout».
Quant à savoir comment ce système pourrait permettre de résister à la crise, une des réponses se situe sur l'axe des économies d'énergie à l'instar de ce qui a été lancé sur la serre de Parentis où l'idée est de chauffer les serres en réutilisant de l'eau déjà chauffée pour un autre usage économique.
Autre exemple de modèle gagnant avec la grande distribution, celui des Vignerons de Tutiac, coopérative vinicole girondine qui regroupe 550 viticulteurs pour 4.000 ha de vigne. La récente signature d'un contrat avec l'enseigne Système U pour 2 millions de bouteilles a, selon son directeur, Éric Hénaux, été décrochée parce que «nous avons été capables de répondre à leur cahier des charges» qui demandait une traçabilité exemplaire. Plus qu'un référencement, ce contrat est en effet un partenariat dont la signature est directement liée la certification Agri Confiance de la coopérative.
Du Sud-Ouest à la Chine
Quant à la question de la présence des coopératives sur l'exportation, elle a été abordée à travers la présentation d'un projet de promotion collective des produits du Sud-Ouest en Chine. Un projet que pilote l'AAPra (Agence Aquitaine de promotion agroalimentaire) mais qui sera financé par des investissements chinois.
L'idée est de créer, à partir d'une première zone sous douane, un lieu de stockage et de redistribution des produits adossé à un espace de présentation et d'animation de ces mêmes produits destinés aux distributeurs chinois. La lettre d'intention donnant officiellement naissance à ce projet devrait être signée dans les prochains jours. À terme, l'objectif est d'essaimer d'autres lieux d'animation à partir de cette première tête de pont. Les porteurs du projet espèrent le déploiement, d'ici à quatre ans de 12 maisons Sud-Ouest et de 100 à 150 comptoirs.
Marie-Noëlle Charles