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Coup de froid sur les semis de mais

Si la pluie a été la bienvenue, en revanche, les basses températures ont donné un sérieux coup de frein aux cultures de mais, sans pour autant occasionner de dégàts durables. Du coup, l'avance de trois semaines a été sérieusement entamée.

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Fin avril, soit avec près de trois semaines d'avance, autour de 90 % des semis de mais de la région étaient déjà  réalisés et dans de bonnes conditions. « C'est exceptionnel. Je ne me souviens pas d'avoir déjà  vu cela » témoigne Pierre Pinchauret, directeur de réseau agro-céréales à  Maisadour. Dans le sud-Adour, reste moins de 20 % des semis à  réaliser « principalement sur les ray-grass et sur les parcelles qui avaient séché » précise Patrice Mahieu, agronome à  la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques.
La campagne 2 010 avait donc bien démarré. « Les semis précoces permettent une amélioration du rendement, une réduction de l'irrigation, mais aussi du séchage du grain et donc une amélioration de sa qualité » rappelle le spécialiste de la coopérative landaise. Mais, l'épisode de températures froides et de pluies de ce début du mois a bloqué la croissance des plantules. « Cela ne devrait pas avoir d'incidence sur les rendements ni sur le développement futur des mais» rassure Patrice Mahieu.
Pas d'incidence sur les rendementsSur les secteurs les plus froids (notamment le nord des Landes, plateau de Ger), les parties aériennes ont été touchées en partie ou en quasi-totalité par le gel. Avec une incidence très visible : « les tissus foliaires gelés se décolorent et prennent une couleur de paille plusieurs jours après la gelée » explique Gilles Espagnol, responsable de la station Arvalis de Montardon. Mais « nous n'avons pas observé de parcelles avec des plantes dont l'apex soit touché » précise l'ingénieur régional d'Aravalis. En effet, « jusqu'au stade 5 feuilles, l'apex des mais est protégé du froid de par sa position en dessous du niveau du sol » souligne-t-il.
À ce jour, aucune parcelle ne présenterait de pertes de densité due au gel. Cependant, la croissance de nouvelles feuilles a été très ralentie par les températures basses de ces dernières semaines qui ne permettaient pas d'accumuler les 44 degrés/jour nécessaire à  la sortie d'une nouvelle feuille.
Les derniers semis, réalisés juste avant l'épisode pluvieux, présentent quant à  eux une levée hétérogène selon la qualité des terres : « les semences sont restées sous terre dans le froid et l'humidité pendant une quinzaine de jours. Il peut y avoir des conséquences sur le potentiel de ces mais » relève Pierre Pinchauret. Pour « booster » ces plantules, il conseille, surtout dans les terres humides et battantes, d'apporter rapidement des compléments azotés sous forme de sulfonitrates et éventuellement des complexes foliaires. Pour le moment, il est difficile de savoir si des semis de rettrapage seront nécessaires, « il faut voir comment se relèvent les parcelles ».
Si la chaleur est de retour comme annoncé, le reverdissement des feuilles et une croissance rapide des jeunes mais devraient être au rendez-vous. Celle des dicotylédones aussi. Pour les premiers semis, l'heure est donc au désherbage de rattrapage qui doit être réalisé dans les conditions optimums : « il faut éviter les fortes températures et le vent » rappelle Richard Cousseran, conseiller à  la chambre d'agriculture des Landes. Les conditions humides ont permis d'assurer l'efficacité des désherbages de pré-levée.
Au niveau du parasitisme, il y a peu d'attaques de vers gris (noctuelle) « mais, conseille Pierre Pinchauret, il faut rester vigilant dans les sols motteux, avec l'humidité et la chaleur qui arrive ». Les limaces ne devraient plus poser de problèmes. Quant à  la protection contre le taupin, le traitement des semences a jusqu'à  présent bien fonctionné.
Une sole mais légèrement réduite Concernant l'assolement, le mais reste largement la culture dominante de la région, mais recule un peu (de 3 à  4 %) au profit des prairies, du tournesol et du gel principalement. Reviennent aussi quelques surfaces en soja et céréales à  paille. « Il y a eu de nombreuses demandes pour des MAET* prairies, précise Michel Bart à  la chambre d'agriculture des Landes, prairies qui retrouvent leur place dans certaines zones, comme dans le Tursan ». Ces éléments seront à  confirmer en fonction des déclarations PAC.
Les surfaces en contrat mais semences et mais doux, qui ont considérablement été réduites ces deux dernières années, sont en cours de semis. En mais semence 30 % a été réalisé, dans les sables du nord des Landes pour l'essentiel. Quant aux semis de mais doux, ils se déroulent normalement, en fonction du planning des entreprises de transformation. Dominique Maurel et Benoît Lalanne Paille et prairie
Si la pluie de ce début du mois a donné un coup de frein aux semis de mais, elle n'en était pas moins attendue. « Elle a fait du bien aux céréales à  paille et aux prairies et même au colza qui n'en avait pas autant besoin » précise Patrice Mahieu. Toutefois, l'agronome de la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques espère que cet épisode pluvieux et froid cesse rapidement. Maintenant, « il faut que le remplissage des grains se fasse pour les céréales et le colza ». Heureusement, « il n'est pas trop tard » précise-t-il.Autre satisfaction, ces précipitations bénéfiques n'ont pas entraîné de développement de maladieset les cultures de céréales à  paille sont restées saines. Mais, Patrice Mahieu conseille tout de même, à  ceux qui ne l'auraient pas encore fait, de procéder à  un traitement préventif. Avec l'humidité ambiante, « les conditions sont actuellement favorables au développement des attaques fongiques ». Quelques recommandations techniques 1 Gestion du risque de gel
Il n'existe pas de solution technique permettant de lutter efficacement contre le gel. Les interventions sur la culture qui modifient le sol en surface (binage, épandage d'azote avec enfouissement ou travail du sol, désherbage) accroissent le risque de gel en diminuant la protection assurée par l'effet tampon du sol. L'aération de la surface du sol empêche le transfert de chaleur du sol vers la plante et diminue la protection de l'apex. La plante est isolée du sol par l'air et devient plus sensible au gel. Les résidus de culture et les adventices peuvent diminuer par leur barrière le transfert de chaleur du sol vers les mais.

2 Désherbage
Éviter, pendant la phase sensible de reprise de la croissance d'intervenir pour le désherbage de post-levée. Il est préférable de décaler cette intervention une fois que le mais sera en phase active de croissance. Au besoin, il conviendra, en fonction du stade, d'intervenir en traitement dirigé avec des pendillards.Il est important de bien évaluer le stade réel des mais si une partie du feuillage est grillée par le gel, pour les applications à  base de sulfonylurées anti-graminées ou de dérivés auxiniques.

3 Fertilisation azotée
Dans la mesure du possible il sera opportun d'anticiper les apports d'azote pour favoriser une reprise active de la croissance. Ceci d'autant plus que les précipitations ont été très abondantes début mai (certains secteurs ayant reçu plus de 140 mm d'eau en moins d'une semaine.)

4 Vigilance accrue aux risques de développement de nécroses racinaires
Les conditions climatiques que nous avons connues permettent de craindre des risques de développement de nécroses racinaires en particulier sur des parcelles avec des variétés de faible vigueur ou ayant une reprise de croissance lente. À l'exception de Pythium, tous les autres organismes responsables des maladies des jeunes mais peuvent vivre sur la semence de mais ou à  l'intérieur de celle-ci. La plupart du temps, la couleur des racines fournit une bonne indication de l'organisme ou des organismes présents :
- Les semences, plantules et racines infectées par Pythium sont le plus souvent molles (mouillées) et de couleur sombre
- un blanc grisàtre correspond au champignon Diplodia ;
- une couleur allant du chamois au rose, à  Fusarium ou à  Gibberella ;
- une couleur allant du rougeàtre au brun, à  Rhizoctonia ;
- un bleu-vert, à  Penicillium ou à  Trichoderma.
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