Crise aviaire : les indemnisations et la feuille de route post-influenza se précisent
Le comité de suivi organisé ce mardi par le ministre de l’Agriculture a fait le point sur les différents dispositifs d’indemnisations ainsi que sur les mesures de protection à prévoir à l’avenir et dont la feuille de route sera présentée «courant juillet».
Alors que la récente levée des zones permet, depuis le 18 mars, des remises en place progressives des élevages de gallinacés, ce mardi 11 mai, Julien Denormandie a réuni représentants professionnels, syndicats agricoles, mais aussi les élus et les différents services de l’État concernés (95 participants en visioconférence) pour dresser un point d’étape sur les différents aspects de la crise consécutive à l’épizootie d’influenza aviaire qui a frappé la région cet hiver. Cette rencontre était extrêmement attendue par les acteurs des filières avicoles et celle des palmipèdes en particulier.
En préambule, le locataire de la rue de Varenne a rappelé que «l’objectif est de se relever de cette crise, sans opposer les modèles d’élevage, et de construire une filière encore plus forte». Avant de détailler les indemnisations pour pertes économiques qui totalisent environ 89,5 millions d’euros, le ministre de l’Agriculture a indiqué que «l’ensemble des acomptes est aujourd’hui versé, à deux ou trois exceptions près» concernant les indemnisations pour les pertes sanitaires (abattages de foyers et préventifs).
Deux nouveaux dispositifs
La plus grande partie de cette enveloppe concerne les élevages de palmipèdes et de volailles de chair, avec un montant prévisionnel de 40 M€ destinées à compenser les vides sanitaires et l’absence de production. «L’ouverture du dispositif devrait être effective entre juin et juillet sous l’égide de FranceAgriMer», indique le cabinet du ministère.
Par rapport à l’épizootie de 2017, deux nouveaux dispositifs font leur apparition. 500.000 € sont alloués aux éleveurs de poules pondeuses ayant dû détruire leurs œufs, et 9 M€ aux éleveurs de gibiers n’ayant pas pu vendre leur production (en deux dispositifs de 2,50 M€, puis 6,50 M€). «C’est une bonne chose. Ils avaient été laissés sur la touche en 2017», souligne Nathalie Gourdon, présidente de la section palmipèdes de la FDSEA et élue à la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques. Pour les gaveurs, les indemnisations couvrent «100% des pertes sur les 90 jours suivant la période de restriction.» Les accouveurs quant à eux pourront émarger à une enveloppe de 30 M€, sur la base d’un dispositif identique à 2017.
S’agissant de l’aval, un mécanisme d’avance de trésorerie remboursable a été annoncé avec une première enveloppe de 8 millions d’euros (M€) et des versements qui pourraient démarrer en septembre (possiblement sur la base d’une perte d’excédent brut d’exploitation plutôt que sur le chiffre d’affaires). Ces aides pourraient être suivies d’un deuxième dispositif, un «sujet rude à négocier, notamment avec la Commission européenne», précise la Rue de Varenne.
Reprise dans l’expectative
Alors que la profession attendait de ce point d’étape des nouvelles annonces du ministre sur la reprise de l’après crise, son cabinet s’en est tenu à relayer les pistes données par l’Anses… Prévue initialement pour fin juin, la feuille de route — articulée en trois axes : «anticiper, prévenir, adapter» — sera présentée finalement «courant juillet», indique le ministère de l’Agriculture tandis que l’Anses doit «dans les prochains jours» publier son avis sur «les facteurs de risque d’introduction et de diffusion du virus».
À ce jour, l’Anses «préconise de supprimer la dérogation à la claustration pour les élevages de moins de 3.200 animaux en fonction de l’analyse de risque et évoque une mise à l’abri adaptée à la typologie d’élevage», relève le ministère. Une décision partagée par Nathalie Gourdon.
Toujours selon le cabinet Rue de Varenne, le groupe de travail sur l’adaptation de la production devra «définir les typologies de mise à l’abri pendant les périodes à risque en fonction de différents critères notamment celui des espèces animales, du mode d’élevage, des zones à risque particulier…»
À ce sujet, des inquiétudes demeurent pour Nathalie Gourdon. «Certains éleveurs réfléchissent, d’autres ont anticipé et d’autres n’ont encore rien fait. C’est sûr qu’il y en a qui vont arrêter, déplore-t-elle. La question des volumes reste également ouverte.»
La profession écoutée
En amont de la réunion, le Cifog avait tenu à rappeler «qu’en cas de risque élevé déclenché par les pouvoirs publics, la mise à l’abri de tous les palmipèdes dans les zones vulnérables (haute densité, zones à risques particuliers…) pour les protéger d’une introduction du virus par les oiseaux sauvages est une nécessité impérative et temporaire. Cet impératif prôné par les experts scientifiques ne remet absolument pas en cause la pratique de l’élevage en plein air».
Outre ce sujet de la mise à l’abri, le cabinet de Julien Denormandie indique que plusieurs volets doivent encore être discutés, comme l’utilisation des bases de données (une généralisation de la BDavicole est envisagée), l’amélioration de la biosécurité ou encore le recours à la vaccination préventive.
«On peut être globalement satisfait des annonces, que ce soit au niveau des indemnisations pour les différents maillons que dans la perspective de la feuille de route, commente Hervé Dupouy, président de la section palmipèdes de la FDSEA des Landes et membre du Cifog. La profession est relativement bien écoutée. Maintenant, on a besoin que les règles qui seront annoncées en juillet soient les plus claires possible».