Crise bovine : l'insémination artificielle trinque
Le contexte des filières d'élevage bovin, qu'elles soient allaitantes ou laitières, pénalise fortement les activités de la coopérative Gen'Adour. La baisse est toutefois contenue.
Dans un contexte de crise pour les filières bovines, l'érosion de l'activité est difficile à enrayer pour la coopérative d'insémination Gen'Adour. « Nous travaillons d'arrache-pied pour maîtriser les charges » commente le préside
Quand l'élevage bovin va mal, le monde de la génétique est l'un des premiers secteurs d'amont à subir les dommages collatéraux. C'est un fait. Lorsqu'ils voient leurs marges se réduire comme peau de chagrin, les éleveurs ont tendance à privilégier des investissements qu'ils jugent plus nécessaires à court terme. Ce constat explique pourquoi de nombreuses coopératives d'insémination animale ne sont actuellement pas à la fête.
Implantée sur les Landes, le Gers et le Pays basque, la coopérative Gen'Adour n'échappe pas à la règle. Le bilan du dernier exercice, dressé à l'occasion de l'assemblée générale du 20 mars, à Bégaar (Landes), a permis de le confirmer. Plusieurs de ces activités ont souffert. Véritable «coeur du métier» de la structure, les mises en place et les ventes de doses de semences ont reculé.
Des inséminations en baisse
Dans le détail, le nombre d'inséminations artificielles totales (IAT) a enregistré un repli de 5%. Mais celui des premières inséminations (IAP) a reculé de 1% seulement. «La baisse a concerné essentiellement les inséminations multiples», confirme le directeur, Jean-Paul Naprous.
Les services génétiques de la structure comprennent aussi l'offre de transplantation embryonnaire. En raison de la démobilisation des éleveurs laitiers, son chiffre d'affaires accuse également le coup. Il recule de 25%, mais gràce à une bonne gestion, dégage un résultat positif. «Une quarantaine de collectes a été réalisée», précise le président, Michel Idiart. Dans la même logique, les activités de synchronisation des chaleurs ont légèrement diminué.
Seuls secteurs à tirer leurs épingles du jeu, les diagnostics de gestation progressent. Au Pays basque, de nombreux éleveurs font appel à la fouille de leurs animaux, tandis que dans le Gers, les échographies sont privilégiées. Développée depuis peu, l'offre de produits de monitoring, dédiés à la surveillance des vêlages, fait son chemin. La coopérative diffuse notamment le Vel'Phone, de la société Médria et le SmartVel, mis au point par l'union de coopératives Créavia.
Recul des produits
À côté de ces services «génétique et reproduction», Gen'Adour a conservé certaines activités historiques. L'exercice se caractérise par une baisse importante au niveau des ventes d'approvisionnements (luzerne, soja, paille). Elle s'explique très clairement par l'augmentation du prix des intrants. Toutefois, le repli important du chiffre d'affaires de ce secteur n'a aucun impact sur le résultat général de la structure, car il s'agit d'une activité au service des éleveurs. Aucune marge n'est réalisée sur ces produits.
Au final, le chiffre d'affaires global de Gen'Adour s'est replié de 11,7% par rapport à l'exercice précédent. Face au recul des produits, les charges d'exploitation ont, elles aussi, été contenues, malgré l'envolée des frais liés aux déplacements et la hausse du prix des carburants. La restructuration du schéma de sélection de la race Blonde d'Aquitaine a notamment permis de réduire de manière significative les achats de veaux de testage, qui étaient à la charge de la coopérative. En effet, les veaux màles ne sont plus achetés, depuis la dernière campagne.
Un résultat négatif
En associant ces éléments, le résultat d'exploitation du dernier exercice apparaît négatif, à hauteur de 55.000 euros environ. Toutefois, ce chiffre est compensé par une croissance sensible des produits exceptionnels et des produits financiers. Malgré tout, pour la première fois depuis longtemps, la coopérative affiche un résultat final légèrement négatif (1.500 euros). Si la situation de la structure reste tout à fait saine, avec une trésorerie conséquente, ce constat amène de nombreuses réflexions. «La coopérative travaille d'arrache-pied pour maintenir un équilibre, au travers de la maîtrise des charges d'exploitation notamment», indique Michel Idiart.
Au mois de février, une hausse minime des tarifs de mise en place de semences a été décidée, après deux années de maintien. Les responsables misent aussi sur un travail de prospection afin de regagner des parts de marché. «Notre priorité est de rester très proches de notre métier de base, poursuit le président. Il y a notamment un gros travail à mener autour des problèmes de reproduction que connaissent de nombreux élevages. C'est une des missions de l'inséminateur, en partenariat avec les organisations professionnelles».
Fabien Brèthes