Crise porcine : 10 à 15 % d'éleveurs en cessation d'activité
Au moment où l'affaire de la dioxine en Allemagne plonge le marché européen de la viande porcine dans la tourmente, la Fédération nationale porcine (FNP) demande aux industriels et aux distributeurs de mettre en place immédiatement la mention d'origine des viandes porcines et l'affichage du logo VPF (viande porcine française) dans les rayons pour enrayer une nouvelle crise qui se profile.
On n'a pas envie de payer pour les Allemands ». Jean-Michel Serres, le président de la Fédération nationale porcine (FNP) ne veut pas que les producteurs français, déjà en crise, soient victimes de l'affaire de la dioxine qui frappe l'Allemagne depuis quelques semaines. Il y a en effet de fortes craintes que l'effondrement des prix à la production en Allemagne, consécutif à la chute de consommation et à la perte de débouchés dans les pays tiers, se répercute dans toute l'Europe et en France en particulier.
L'objectif affiché est de pallier l'arrivée massive de viandes de premier prix complètement banalisées, dans les circuits de distribution en provenance d'outre-Rhin qui n'auraient d'autres effets que de précipiter la chute des cours. C'est pourquoi la FNP demande à l'ensemble des industriels la mise en place « immédiate » de la mention d'origine conformément à l'accord interprofessionnel du 15 décembre dernier et à l'ensemble des acteurs l'affichage du logo VPF sur tous les produits répondant au cahier des charges.
Nouvelle crise en perspectives
Il était prévu que ces dispositions se mettent en oeuvre dans le courant du premier semestre 2011 mais Jean-Michel Serres entend accélérer le tempo pour échapper à la pression allemande. Pour enrayer la nouvelle crise qui s'annonce, la FNP demande également à Bruxelles la mise en place d'un stockage privé qui permettrait de soustraire du marché les viandes excédentaires. Mais à une condition précise, plaide Jean-Michel Serres, « que les entreprises aient l'obligation d'exporter » pour ne pas retrouver sur le marché communautaire dans quelques semaines ou quelques mois les produits qui ont été ainsi retirés.
Les producteurs estiment que la filière et la Commission européenne doivent se mobiliser dans les plus brefs délais pour ne pas en rajouter à la détresse actuelle des éleveurs. « 10 à 15 % des éleveurs seraient en cessation d'activité ou sur le point de l'être », estime le président. « Et si rien ne change dans les semaines qui viennent, ce sera 30 à 35 %».
La FNP plaide pour une année blanche
Conséquence de la flambée du prix des céréales, le coût de production s'établit actuellement à 1,55 Kg/carcasse actuellement, pour un prix moyen à l'éleveur compris entre 1,25 à 1,30 €/kg. Les éleveurs perdent entre 20 à 30 centimes par kilo de carcasse produit. Soit 9.000 € par mois, selon Jean-Michel Serres. Et la situation pourrait se détériorer davantage si les matières premières continuent d'augmenter au cours du premier semestre.
Au-delà des mesures urgentes sur le marché, la FNP plaide pour la mise en oeuvre « d'une année blanche » pour tous les éleveurs. À savoir un report en fin de tableau d'amortissement des annuités de remboursement. Pas question en effet, pour les éleveurs de subir de nouvelles charges, au moment où ils sont en train de solder les différents dispositifs qui avaient été accordés lors de la crise précédente.
Aliments du bétail : la FNP favorable à la contractualisation Pour faire face à la volatilité des marchés, la FNP est prête à s'engager dans la voie de la contractualisation avec les fabricants d'aliments du bétail et les céréaliers. Les producteurs seraient favorables à un lissage des prix des matières premières destinées à l'aliment du bétail, une piste avancée par les céréaliers. Mais ils y mettent néanmoins un bémol.
« Je ne vois pas comment on pourrait contractualiser l'approvisionnement qui correspond à 65 % du coût de production, si les ventes ne le sont pas », explique Jean-Michel Serres. Autrement dit les éleveurs ne vont pas s'engager sur un prix d'achat de l'aliment du bétail, s'ils ne connaissent pas le prix de vente de leurs porcs. Ce qui pose d'ailleurs la question du prix de référence à retenir. Autrement dit, le prix du marché au cadran doit-il être la seule référence à retenir ?
Cette cotation qui est un prix « spot » doit être dissociée des mécanismes de paiement des éleveurs, estime d'ailleurs Paul Auffray, le secrétaire général de la FNP, évoquant la prise en compte d'autres indicateurs sur les coûts de production par exemple pour rémunérer les éleveurs
« Je ne vois pas comment on pourrait contractualiser l'approvisionnement qui correspond à 65 % du coût de production, si les ventes ne le sont pas », explique Jean-Michel Serres. Autrement dit les éleveurs ne vont pas s'engager sur un prix d'achat de l'aliment du bétail, s'ils ne connaissent pas le prix de vente de leurs porcs. Ce qui pose d'ailleurs la question du prix de référence à retenir. Autrement dit, le prix du marché au cadran doit-il être la seule référence à retenir ?
Cette cotation qui est un prix « spot » doit être dissociée des mécanismes de paiement des éleveurs, estime d'ailleurs Paul Auffray, le secrétaire général de la FNP, évoquant la prise en compte d'autres indicateurs sur les coûts de production par exemple pour rémunérer les éleveurs