Crise porcine : une table ronde… de plus!
Alors que la crise du porc reste plus que jamais d’actualité, une table ronde a réuni la filière, le 27août, pour travailler sur l’amélioration des relations commerciales, en l’absence de la Cooperl et Bigard.
Si la filière porcine attend toujours des réponses urgentes à la crise qu’elle traverse, la réunion qui s’est tenue autour de l’amélioration des relations commerciales, le 27août dernier sous l’égide du ministre de l’agriculture, a permis d’avancer des pistes pour des solutions plus structurelles, en particulier la contractualisation. Tous les maillons de la filière étaient représentés, sauf la Cooperl et Bigard, les industriels dont la décision de ne plus participer au Marché du porc breton depuis début août a ravivé les difficultés de la filière.
Dans un communiqué du 25 août, le SNIV-SNCP (Syndicat national de l’industrie des viandes) et Coop de France jugeaient cette réunion inutile «tant que les éléments d’équilibres économiques essentiels au bon fonctionnement du marché ne sont pas retrouvés», à savoir l’identification généralisée de l’origine des viandes, l’export et la réduction des distorsions de concurrence (lire zoom ci-contre). Sur ces sujets, le ministre de l’agriculture a réaffirmé son engagement, arguant par exemple que sur l’étiquetage, les choses étaient en cours au niveau européen.
«Mais si on doit régler ça avant de revenir à la table des discussions, qu’est-ce qu’on fait en attendant?», s’interroge le ministre, qui rappelle également que les allégements de charges se poursuivent avec le pacte de responsabilité. De même, «la question de l’investissement fera l’objet de propositions du Premier ministre le 3 septembre», ajoute Stéphane Le Foll.
Redonner des perspectives
Les mesures conjoncturelles ne faisaient d’ailleurs pas partie du programme de la réunion qui devait initier des pistes pour «donner des objectifs à moyen et long terme», et «inventer une forme de commercialisation qui permette de sécuriser des prix pour la production», a rappelé le ministre à l’issue de la table ronde. Pour Paul Auffray, président de la Fédération nationale porcine (FNP), la compétitivité et les niveaux de salaires sont importants, mais «un autre sujet important, peut-être le plus important pour nous, concerne tout ce qui tourne autour des relations commerciales». «Si l’on veut préserver la filière porcine française, attirer des jeunes, il faut qu’on trouve des perspectives», insiste-t-il en rappelant que la filière est en déclin avec une diminution du nombre d’éleveurs et de porcs produits depuis une dizaine d’années.
La contractualisation est une des solutions avancées, car «pour trouver des financements pour investir, il faut des garanties économiques», note le président de la FNP. Les discussions ont permis d’évoquer plusieurs possibilités de contrats entre les différents maillons de la filière, intégrant des volumes, des prix et des durées. Stéphane Le Foll a également relevé l’idée de «caisses de sécurisation», «provisionnées quand tout va bien», un mécanisme qui pourrait atténuer la volatilité des prix. Les versements à la caisse pourraient bénéficier d’une défiscalisation, précise un communiqué du ministère diffusé après la réunion.
La réforme de Plérin au cœur des solutions
Un document recensant et organisant les différentes propositions de la table ronde sera envoyé aux participants sous dix jours par le ministère. Néanmoins, les discussions ne font que commencer. «Dans une filière longue, la contractualisation demande beaucoup d’expertise pour trouver les convergences entre les producteurs, les industriels, et les distributeurs», rappelle Paul Auffray. D’autant plus que «la production de porc est un marché de pièces et non de carcasses», indique de son côté André Sergent, président de la chambre d’agriculture du Finistère.
La teneur des discussions a été jugée globalement positive par les différents participants, même si le travail pour réformer le marché du porc breton (MPB) de Plérin reste d’actualité. Pour Daniel Picart, président du MPB, «le bazar reste le même en Bretagne». «Faire revenir Bigard et Cooperl va demander du doigté», souligne Paul Auffray, pour qui «le marché du porc breton reste le socle de base pour l’élaboration de nouvelles relations commerciales».
«Sortir de la crise»Dans un communiqué commun, Coop de France (dont la Cooperl est membre) et le SNIV-SNCP (dont fait partie le groupe Bigard) notent que les prochaines réunions prévues par le ministre de l’agriculture sur les promotions et la contractualisation traitent de «sujets très importants», mais «ce ne sont pas, loin de là, les modalités qui permettront à la filière porcine de sortir de la crise». Les deux organisations soulignent «trois points incontournables» pour sortir de la crise: «la généralisation de l’indication de l’origine des viandes» sur les produits transformés, de charcuterie et les plats préparés, «une mobilisation pour l’export» et «une réduction des distorsions de concurrences en matière sociale et fiscale, ainsi qu’en termes de normes». |