Dans sa mutation, Euralis garde le cap et conserve sa dynamique
Le groupe coopératif Euralis reste fidèle à ses ambitions : développer de la valeur ajoutée sur son territoire.
En pleine mise en route de sa nouvelle stratégie de développement, la coopérative Euralis n’a pas été épargnée par les aléas conjoncturels. Le Covid-19, la sécheresse de 2020 ou encore l’influenza aviaire, survenues ces derniers mois, sont venues perturber l’activité de la coopérative béarnaise. «Malgré cette période difficile, Euralis a conforté sa stratégie de développement», affirme Christophe Congues, président du groupe, qui, aux côtés du directeur général Philippe Saux, présentait devant la presse ce lundi 13 décembre les grandes tendances de l’exercice 2020-2021.
Le groupe affiche un chiffre d’affaires de 1,44 milliard d’euros — en croissance de plus de 100 millions d’euros par rapport au précédent exercice — et un Ebitda (N.D.L.R. : qui mesure la performance de l’entreprise) «porté principalement par les efforts de l’activité alimentaire» établis à 78 millions d’euros. «Avec 7 mois de fermeture de restaurants et une récolte 2020 catastrophique, c’est un chiffre à remettre tout de même dans son contexte… C’est une réussite», souligne le dirigeant.
L’alimentaire en progression
Ainsi, dopées par les bonnes performances de ses trois familles de produits (pâtisserie salée, plats cuisinés et les saucissons), qui «alimentent nos magasins mais aussi des bouchers dans la France entière et avec comme fil conducteur, le comme fait maison», la croissance de l’activité Stalaven et de l’Atelier Traiteur a contribué fortement à la bonne santé du groupe.
Il y a quelques mois, l’arrêt de la vente de phytos décidé par Euralis, suite à l’application d’Egalim, marquait un tournant dans l’histoire du groupe coopératif béarnais. Plus qu’un symbole, cette décision a modifié radicalement les pratiques opérées au sein de toutes ses équipes. Un vaste programme axé autour de la formation et du conseil a ainsi été déployé. «Aujourd’hui, nous proposons notre offre auprès de 1.800 agriculteurs», rappelle Philippe Saux, qui ambitionne rapidement «d’atteindre les 2.200.»
Malgré l’épizootie d’influenza, l’activité canard a amélioré sa rentabilité. Sur l’exercice, «alors que sur une année normale, elle est autour des 7 millions de canards», Euralis en a produit 5,6 millions en raison des contraintes de production liées à cette crise sanitaire. «Mais la complémentarité entre nos deux bassins (Grand Ouest et Sud-Ouest) nous a permis de limiter cela, souligne Christophe Congues. Grâce à la production continue en Vendée, nous avons pu remettre en place localement dès la reprise».
Cet atelier pourrait connaître un nouveau sort si le rapprochement avec la coopérative landaise Maïsadour voit le jour. Mais pour l’instant, la prudence est de mise. «Pour l’heure, rien n’est encore acté, tempère le président Congues. Quelles marques garderons-nous ? Quelles seront les modalités exactes ? À ce stade, la restructuration est encore difficilement imaginable et nous ne pouvons rien affirmer».
Lidéa attractive
Au niveau de son activité agricole, malgré une récolte automnale historiquement basse avec «-30% des volumes», l’entreprise enregistre une hausse de 17% de ses surfaces en légumes et de 3% en semences. Si une légère hausse de 2% en productions bovines est à noter, les résultats demeurent plus contrastés pour sa filière volaille qui déplore une baisse de 11%.
Portée par une dynamique des marchés du sud et de l’est de l’Europe, la nouvelle activité semences Lidéa a confirmé son attractivité et son rayonnement à international avec un chiffre d’affaires déjà en progression de 2%. Les deux nouvelles implantations en Roumanie et en Russie confirment cette dynamique «autour de la génétique et de développement de semences», se réjouit le binôme. «Cette présence à l’internationale fera qu’on existera d’autant mieux sur notre bassin local», insiste Christophe Congues.
Comptant désormais cinquante producteurs, le récent partenariat noué avec la Scaap Kiwifruits porte déjà ses fruits. «Se lancer dans cette production de kiwis jaunes et verts répond à notre stratégie de créer de la valeur ajoutée sur les fermes de nos adhérents», souligne le directeur. En ce sens, Euralis devrait rapidement développer la production de kiwi rouge sous panneaux photovoltaïques.
Le groupe souhaite d’ailleurs dynamiser cette production d’énergie décarbonée. «Qui maîtrise son énergie, maîtrise ses coûts, observe Christophe Congues. Avant d’aller au sol, on va saturer les toitures de nos coopérateurs». Soixante projets sont déjà en cours chez des adhérents. En phase avec la politique RSE engagée dans ses murs, le groupe pourrait également installer des panneaux sur ses sites.
Enfin, comme le «collectif est une valeur immuable chez Euralis» notamment en cette période «où c’est grâce à cela qu’on s’en est sorti», ses dirigeants souhaitent ouvrir le capital de l’entreprise. Là encore, rien n’est figé. «On part d’une feuille blanche. Mais je suis persuadé qu’on a beaucoup à aller chercher de ça», conclut Christophe Congues.
B. Ducasse