Denis Lafargue, nouveau président des JA landais
Jeudi 29 mars, les Jeunes Agriculteurs landais renouvelaient leur conseil d'administration et élisaient leur président. Denis Lafargue, 34 ans, JA depuis 7 ans et précédemment trésorier du syndicat, succède ainsi à Pascal Lafenètre aux commandes depuis deux ans.
L'ancien trésorier des Jeunes Agriculteurs landais, installé à Heugas hors cadre familial, entend dynamiser la structure, avec notamment une plus grande mobilisation de ses adhérents. Il répond à nos questions.
Vous avez un parcours d'installation atypique, pouvez en tracer les principales étapes?
Denis Lafargue » Fils d'agriculteur, je souhaitais initialement m'installer sur l'exploitation de mes parents, dans une activité de gavage, avec transformation et vente directe. C'est pourquoi j'avais orienté ma formation sur un CAP avicole, suivi d'un BEP agroalimentaire cuisine et enfin un BPREA (brevet professionnel responsable d'exploitation agricole) obtenu en 1999, j'avais 19 ans.
Mais la petite taille de l'exploitation familiale ne permettant pas mon installation, j'ai acheté des terres par l'intermédiaire de la Safer, 13ha. Pour les financer, j'ai dû assurer un emploi de chauffeur d'engins pendant 5 ans. Hélas, mon dossier d'installation a été refusé à deux reprises en CDOA.
Qu'est ce qui a finalement permis que votre dossier soit accepté?
D. L. » Je le dois beaucoup à mon maître de stage de BEP, Pierre Darricau à Benesse-les-Dax chez qui j'ai fait deux ans d'apprentissage. Il m'avait promis qu'il me louerait ses terres à sa retraite. C'est ce qu'il a fait. J'ai ainsi pu obtenir 24ha de SAU et un hangar en fermage. Je lui tire mon chapeau et suis, depuis, convaincu de l'importance du coaching par les anciens. Ils sont, en outre, ravis de pouvoir venir donner un coup de main de temps en temps.
Je remercie aussi vivement la Safer qui m'a permis de compléter cette surface en location par l'achat de foncier, dont une partie en forêt. Bien que souvent critiqué, la Safer est un outil indispensable au milieu agricole, notamment pour l'installation des jeunes sur des projets viables. Mon projet d'installation en production de mais et sylviculture, avec vente de bois de chauffage, a ainsi été enfin accepté à la CDOA du 1er juin 2006.
Vous étiez déjà en contact avec JA à ce moment-là et depuis vous n'avez cessé de vous y impliquer. Pourquoi?
D. L. » Ce syndicat fait avancer les choses. C'est pour cela qu'il est écouté et respecté. Il y a une liberté de parole importante qui n'existe pas dans tous les syndicats et la possibilité de travailler en groupe sur des dossiers. C'est important pour ouvrir l'esprit, sans rester dans son petit chez-soi. Tout cela me plaît beaucoup. Dès mon adhésion, j'ai tout de suite vu que chez JA je pourrai, moi aussi, participer à faire avancer les choses. Non seulement pour mon intérêt personnel (c'est aussi important), mais en même temps pour l'ensemble de la profession.
Il y a des possibilités de s'investir pour qui le souhaite C'est un appel aux bonnes volontés. C'est ainsi que je suis maintenant représentant des JA depuis quatre ans à la Safer et à la CDOA. Je fais aussi partie depuis deux ans du groupe de travail “foncier†à JA national, avec Guillaume Dezes. Notre action dans ce groupe a porté ses fruits puisque les idées des Landais sur le foncier ont été reprises dans le rapport d'orientation national.
Pourquoi vous êtes-vous présenté à la présidence des JA et quelle est la feuille de route pour les prochains mois?
D. L. » J'avais envie d'accroître mon engagement syndical. Je pense que dans un contexte d'installations en berne, mon exemple de parcours difficile, mais réussi, peut montrer aux jeunes qui veulent s'installer qu'il n'y a pas de parcours type et qu'il ne faut pas se décourager. On trouve des solutions quand la passion est là !
Une des priorités de mon mandat sera la défense des produits de qualité, y compris le mais irrigué. Je suis en effet convaincu que bien alimenté en eau, le mais est un produit de qualité indispensable à nos élevages de renommée. Autre dossier en tête de nos préoccupations, la défense des terres agricoles face à l'artificialisation car l'installation en dépend. La question du défrichement en fait partie. La profession sera sollicitée rapidement pour donner son avis sur le sujet, pour dire quelle agriculture nous voulons demain.
Il est sûr aussi que nos adhérents seront appelés à de plus fréquentes mobilisations, tant dans des groupes de travail desquels doivent sortir des idées (c'est ce qui a permis à JA de gagner sa place de syndicat jeune majoritaire), que dans des manifestations pour communiquer, mais aussi pour protester. Je tiens à ce rôle des JA d'aiguillon de la profession.
Dominique Maurel