Des ventes multipliées par quatre voire cinq pour les drives fermiers
Durant le confinement, les formules de ventes directes mises en place, notamment, par les membres du réseau Bienvenue à la ferme, ont rencontré un vif succès auprès de nouveaux consommateurs. Le phénomène sera-t-il durable ?
Avec la fermeture de nombreuses enseignes et la crainte d’aller côtoyer des inconnus dans les supermarchés, les drives fermiers ont très bien fonctionné durant la période de confinement. «Les ventes ont été multipliées par 4 à 5 par rapport à d’habitude, témoigne Laure Buthon, conseillère agritourisme à la chambre d’agriculture des Landes. Et encore, c’est parce que nous avons limité les ventes à 200 commandes par site. Au-delà, nous n’étions plus en mesure d’accueillir les clients dans de bonnes conditions. Certaines semaines, nous avons été obligés de stopper les commandes trois jours avant la livraison, tellement il y en avait !».
Ouvert en 2016, le drive fermier du Grand Dax a doublé ses commandes la première semaine du confinement et quadruplé dès la deuxième semaine ! Juste après la fermeture du marché Saint-Roch de Mont-de-Marsan, un point de retrait a également été ouvert à partir du 3 avril dans la préfecture landaise. Là aussi, l’engouement a été immédiat. «Nous avons enregistré 104 commandes dès la première livraison !».
Même son de cloche à Pau, où, face à l’arrêt des marchés et de plusieurs canaux de vente, la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques a réagi en mettant en place, dans l’urgence, un drive fermier. «Le projet était dans les tuyaux depuis plusieurs semaines et la crise a finalement été un élément déclencheur, souligne Claire Ramezi, directrice de service. On ne s’est pas posé de question et on y est allé. Et si tout n’était pas parfait au début, on s’est rapidement amélioré et au final, le résultat est là. Il y a en qui ont fait de belles recettes».
Ce succès foudroyant, le réseau le doit en partie à une large communication sur les réseaux sociaux (Facebook et Instagram) et dans la presse locale. Il a aussi pu compter sur des relais à la télévision avec un reportage sur France 3 Aquitaine et dans le 20 heures de TF1.
Des situations contrastées
Dans les Landes, vingt-quatre producteurs ont assuré les approvisionnements de consommateurs avides de produits frais, fermiers et de qualité. «En plus de nos adhérents habituels, nous en avons accueilli quelques nouveaux qui avaient perdu leurs circuits de distribution traditionnels ou qui sont venus répondre à une demande en forte hausse sur certains produits, comme les œufs notamment.»
Durant cette période, les drives fermiers landais n’ont pas seulement servi près d’un millier de clients supplémentaires, ils ont également livré de plus gros paniers, l’achat moyen passant d’une fourchette de 35/40 euros à 50/55 euros. Au final, les producteurs ont, en moyenne, multiplié leur chiffre d’affaires par 6… voire par 10 pour certains. Mais la réalité recouvre des situations bien différentes.
Quelles perspectives pour l’avenir ?
Forts de leur montée en puissance lors de ce confinement, les drives fermiers espèrent maintenant pouvoir pérenniser leurs acquis. Mais, depuis le 11 mai, beaucoup de clients ont retrouvé leurs habitudes de consommation d’avant la crise.
Dès la semaine dernière, ils ont constaté une érosion de leur nouvelle clientèle. «Les ventes ont beaucoup baissé sur Mont-de-Marsan, moins sur Dax où on reste toujours sur une fourchette haute, indique Laure Buthon, conseillère à la chambre d’agriculture des Landes. Je pense, toutefois, qu’il faut attendre début juin pour se faire une réelle idée du niveau auquel vont se maintenir les commandes dans la durée.»
À Pau, la chambre d’agriculture a sondé l’ensemble des producteurs pour savoir s’il fallait maintenir l’opération. Et leur réponse a été sans équivoque. «À l’unanimité, ils ont trouvé intéressant de poursuivre l’aventure», assure Claire Ramezi. Durant tout l’été donc, le drive fermier se déroulera désormais les vendredis à 17h30, toujours au niveau du parking de la Maison de l'agriculture. «Un questionnaire va être transmis à tous les clients. L’idée est d’adapter vraiment ce drive à la demande.»
Et à la rentrée, l’opération pourrait prendre une autre envergure… «L‘idée est d’organiser, dès le mois de septembre, quelque chose de plus professionnel avec un lieu dédié, animé par les producteurs eux-mêmes.» En attendant la finalisation de ce point relais, la chambre d’agriculture peaufine la démarche et souhaite se professionnaliser sur le service de paiement en ligne. «C’est très certainement avec le logiciel mesproduitsenligne (N.D.L.R. : développé par Bienvenue à la ferme) que nous allons fonctionner. Il nous faut une plateforme qui soit capable de gérer des commandes en différenciant les points de retrait sur un même produit. Le drive fermier doit devenir un circuit de consommation habituel.»
La crise sanitaire a révélé de nouveaux comportements de consommation auxquels les agriculteurs ont essayé de répondre en développant ou en mettant en place à la hâte des drives fermiers. Désormais reste à fidéliser ces nouveaux adeptes des circuits courts.
C. A. et B. D.