Dialogue et relations avec les élus locaux, mode d'emploi
Maire, conseiller départemental ou régional, député, sénateur, préfet, président de communauté de communes : le maillage des élus et des représentants territoriaux est dense. Lorsqu’il s’agit de soigner ses relations avec eux, autant savoir quel est leur rôle. Mode d’emploi du dialogue avec les collectivités.
Début octobre, Passion céréales a proposé un tutoriel en ligne pour identifier les élus du territoire. Agnès Dubois Colineau, directrice générale d’Arcturus Group, introduisait cette séance en rappelant qu’il existe «beaucoup de strates de collectivités territoriales avec des compétences réelles, qui peuvent avoir des conséquences sur l’activité agricole.»
Au préalable, elle insiste sur «l’importance d’établir un dialogue constructif et régulier avec les instances» capables à la fois d’agir au niveau local, mais aussi de faire remonter des problématiques au niveau national. Ce sont donc «des acteurs utiles», qu’il ne faut pas hésiter à contacter en cas de problème. Car il s’agit «d’un dialogue légitime, poursuit l’experte. Ces élus sont au service de l’ensemble des citoyens. Et pour que les décisions publiques soient éclairées, il faut qu’elles soient connectées à la réalité du terrain».
Chacun ses compétences
Pour engager un dialogue efficace, il convient d’identifier le champ de compétences des collectivités en relation avec le sujet sur lequel l’agriculteur souhaite les interpeller. Par exemple, l’urbanisme sera le champ de la commune ou de l’intercommunalité. L’économique relève de la Région.
Les compétences partagées entre Département et Région portent sur le tourisme, l’agritourisme ou la culture. Le Département est en outre compétent sur les infrastructures, quand la Région s’occupe d’aménagement du territoire, de transports ou de la formation.
«Les maillons interagissent et il faut en tenir compte», ajoute Agnès Dubois Colineau. Elle précise le rôle des parlementaires, à la fois agissant pour leur territoire et siégeant en commissions nationales thématiques. «Ils peuvent aussi se saisir de sujets qui les tiennent à cœur», note l’intervenante.
Autre paramètre : la couleur politique de la personne à laquelle on s’adresse. «Il ne faut pas faire l’erreur de ne pas s’adresser à un élu parce qu’il n’aurait pas “la bonne couleur politique” car les choses changent et parfois, les relations sont très fluides entre les élus de l’opposition et ceux de la majorité en place», déclare Agnès Dubois Colineau.
Ne pas sursolliciter
Parmi les remarques formulées par les agriculteurs participant au webinaire, certaines portaient sur le décalage entre la réalité de l’agriculture et les élus. L’un d’entre eux s’est ému que dans certaines villes, les élus ne parlent qu’avec les agriculteurs bio ou n’ont plus de lien avec l’agriculture. «L’agriculture biologique est un travers fortement ressenti», confirme la consultante. Le numérique, les réseaux sociaux «offrent une image écornée» où «des acteurs ayant une utilité économique mais avec un impact sur l’environnement se retrouvent au banc des accusés.» C’est le cas en agriculture ou dans la chimie. «Il faut accepter de participer au dialogue dans sa cité», conseille Agnès Dubois Colineau.
Elle glisse aussi quelques recommandations dans la relation aux élus. «Ne pas les sursolliciter, mais les solliciter seulement quand il se passe quelque chose d’important et d’intéressant à partager.» Une actualité sur une exploitation, un investissement, une innovation, sont autant d’occasions de se connaître en organisant une inauguration. Les exploitants agricoles peuvent aussi participer à des événements de la vie locale. «Cela permet d’être identifié et de créer du lien avec d’autres acteurs, mais aussi d’interpeller les élus lors de ces événements, de se présenter et de proposer d’approfondir le sujet.»
Dernier précieux conseil en cas de blocage : demander un rendez-vous en urgence ou par mail. Et c’est là qu’il ne faut absolument pas négliger le rôle d’un secrétariat, véritable «tour de contrôle du travail politique au niveau local» et porte d’entrée vers l’élu. Enfin, une bonne relance s’étaye «en présentant les difficultés rencontrées à mettre en perspective avec les priorités du territoire», assure l’intervenante.
Isabelle Doucet