Didier Guillaume, un spécialiste des questions agricoles, remplace Stéphane Travert
À la suite du remaniement intervenu le 16 octobre, le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert a cédé sa place au sénateur de la Drôme Didier Guillaume. «L’agriculture française, c’est deux choses. C’est la compétitivité économique et l’exportation. Et en même temps, c’est le lien local, l’agroécologie», a déclaré le nouveau ministre. Deux facettes que ce familier des questions agricoles ne veut «pas opposer mais rassembler» et qu’il entend «faire rayonner».
Régulièrement cité comme ministrable à chaque annonce de remaniement au cours du précédent quinquennat, le sénateur de la Drôme Didier Guillaume a finalement été nommé ministre de l’Agriculture le 16 octobre, remplaçant Stéphane Travert dont le départ était pressenti. Ce dernier a eu le temps de mener à bien le chantier des États généraux de l’alimentation, avec le vote de la loi Egalim le 2 octobre.
Âgé de 59 ans, le nouveau ministre a été président de la Drôme pendant 11 ans puis président du groupe socialiste au Sénat de 2014 à 2017, avant de rejoindre le groupe RDSE en mai 2018. «Mon histoire personnelle et familiale est intrinsèquement liée à la ruralité et à l’agriculture», a tenu à souligner Didier Guillaume lors de la passation de pouvoirs.
En terrain connu
Le nouveau venu rue de Varenne connaît en effet les lieux, puisqu’il a été conseiller politique de Jean Glavany lorsque ce dernier était ministre de l’Agriculture. Il a également été le rapporteur de la loi d’avenir agricole de Stéphane Le Foll en 2013. Au conseil général de la Drôme, premier département bio de France qu’il a présidé pendant plus de dix ans, il a notamment porté l’initiative Agrilocal, pour l’approvisionnement de la restauration collective, qui rassemble aujourd’hui plusieurs dizaines de collectivités territoriales.
Localement, il est reconnu par les différents syndicats pour avoir fortement soutenu au travers du conseil général l’arboriculture locale lorsqu’elle fut touchée par la sharka (maladie des arbres fruitiers). Pour la FDSEA de la Drôme, il a également fortement œuvré au maintien du TODE au début du mandat de François Hollande. Il est par ailleurs apprécié pour ses positions en faveur du pastoralisme sur le dossier des prédateurs.
Après avoir loué l’action de Stéphane Travert, «un ministre écouté», qui «n’a pas mesuré (son) temps et (ses) heures au ministère», Didier Guillaume a fait, une première déclaration d’orientation générale : «L’agriculture française, c’est deux choses - il ne faut jamais rien opposer, toujours rassembler. C’est la compétitivité, le développement économique, l’export. Et en même temps c’est le lien local, l’agroécologie, qui est tellement importante dans notre pays».
Et de conclure : «Si nous (réussissons) à la fin à la fois cette agriculture compétitive, la faire rayonner, exporter, et à la fois la transition écologique, travailler sur les territoires, je pense que nous serons plus en phase avec la population.» Il a par ailleurs prévenu : «Il ne faut céder à aucun lobby.»
L’une de ses priorités sera la négociation de la future PAC, une bataille dans laquelle Didier Guillaume compte «mettre toutes ses forces» pour faire en sorte de conserver un maximum d’aides directes. De façon plus immédiate, le nouveau ministre a promis que, pour pallier la suppression du TO/DE, «des évolutions sont à venir dans les jours qui viennent». Il compte également se rendre très vite dans l’Aude pour faire le point sur la situation, après les inondations dramatiques qui ont frappé le département.
Un accueil quasi unanime
À l’exception du Modef, l’ensemble des syndicats agricoles a salué l’arrivée de Didier Guillaume à la tête du ministère de l’agriculture. La FNSEA l’incite à «l’action» et au «pragmatisme». La centrale syndicale lui demande de mener à bien le travail en cours sur tous les sujets clés : les ordonnances issues de la loi EGA, le budget de la PAC, les conséquences de la sécheresse, la gestion des grands prédateurs, la compétitivité de l’agriculture française et le TO/DE.
«Il appartiendra aussi au nouveau ministre de poser le cadre permettant de redonner de la fierté aux agriculteurs français, en soulignant leur engagement quotidien à défendre le bien commun et en leur donnant les moyens d’accompagner leurs transitions dans des conditions économiquement et socialement acceptables» indique un communiqué de la FNSEA qui «demeurera un partenaire ouvert et à l’écoute du nouveau ministre».