Directive nitrate : une première couche en guise d'avertissement
Pour dénoncer les entraves réglementaires qui s'accumulent sans concertation et sans fondement technique, la FNSEA et les JA ont sonné la mobilisation pour le 5 novembre. D'ici là , l'exaspération allant grandissant dans les campagnes, les actions sur le terrain risquent de se multiplier.
Face au dialogue de sourds opposé par l'administration, la FDSEA et les JA des Pyrénées-Atlantiques ont mené une opération coup de poing devant la DDTM de Pau. © Le Sillon
Extension des zones vulnérables, restriction des périodes et des pratiques d'épandage des effluents d'élevages, interdiction de curage des fossés, obligation de diversification d'assolement Depuis quelques mois, les nouvelles contraintes réglementaires s'abattent sur l'agriculture. Pourtant, à tous les niveaux, les responsables professionnels n'ont cessé d'alerter les pouvoirs publics sur les conséquences économiques désastreuses que ces mesures environnementales supplémentaires auront sur les exploitations et sur tout le tissu économique agricole et agroalimentaire régional.
Dans sa conférence de presse de rentrée (lire ici), Dominique Graciet, président de la chambre régionale d'agriculture, estimait que le socle de l'économie agricole du Sud-Ouest, essentiellement basé sur la culture du mais valorisé par des productions animales de qualité et très souvent sous signes officiels de qualité dont l'Aquitaine est la championne, en sortira fortement ébranlé.
Opération coup-de-poing
«Il faut que l'administration arrête de nous empêcher de travailler correctement et de créer de la richesse» gronde Bernard Layre, le président de la FDSEA des Pyrénées-Atlantiques. Sa colère est d'autant plus vive que «toutes ces nouvelles mesures sont absurdes et incompréhensibles et ne reposent sur aucun fondement technique et/ou agronomique. Il s'agit uniquement de décisions politiques où tout le monde veut laver plus blanc que blanc. Il faut arrêter cette surenchère» tempête-t-il.
Cette avalanche d'interdictions en tout genre suscite un ras-le-bol général et une exaspération grandissante dans les campagnes. C'est pourquoi, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs ont décidé de passer à l'action le 5 novembre prochain. Mais ce lundi 29 septembre, Basques et Béarnais ont décidé de ne pas attendre cette échéance pour donner un premier coup de semonce. À l'issue d'un conseil d'administration de la FDSEA qui s'est tenu en fin de journée, le syndicat des aînés et les Jeunes Agriculteurs décidaient d'une action coup de poing dans la foulée.
«Laissez-nous travailler»
Ainsi, sur le coup de minuit, dans la nuit de lundi à mardi, une douzaine de tracteurs attelés de tonnes à lisier, d'épandeurs et de remorques déboulait sur le boulevard Tourasse de Pau en direction de la Cité administrative. Une vingtaine de minutes plus tard, le contenu de leur chargement projeté sur la façade principale et le perron d'entrée du bàtiment abritant les services de la DDTM, ils repartaient sous les applaudissements des membres du conseil d'administration de la FDSEA.
«On fait beaucoup de réunions avec l'administration qui n'aboutissent à rien. C'est un dialogue de sourds» déplore Alex Casteret. «On leur demande de nous aider, mais nous n'avons aucun retour. Leur seule réponse, c'est de mettre en place des contrôles toujours plus tatillons et de nous sanctionner». «Sur le terrain, les agriculteurs n'en peuvent plus de l'excès de zèle des contrôleurs PAC et de l'Onema» làche Iban Pebet, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs des Pyrénées-Atlantiques.
Lassés d'être ainsi menés en bateau, lundi soir «nous avons voulu leur montrer ce que cela allait donner si on appliquait leur nouvelle décision de concentrer les épandages» ironise-t-il. Une mesure «qui est anti-environnementale» précise Bernard Layre. À l'issue de la CDOA qui s'est tenue le lendemain et que les représentants de la FDSEA et des JA ont quittée en nouveau signe de protestation, le président de la FDSEA des Pyrénées- Atlantiques argumentait: «Nous ne demandons pas d'argent, ni de subvention. Nous voulons juste l'arrêt de cette surenchère réglementaire et le droit de continuer à vivre de notre métier qui est de nourrir les hommes».
Benoît Lalanne