Dominique Graciet : trente ans d’engagement au service de l’agriculture landaise et régionale
Comme il l’avait annoncé lors de sa réélection en février 2019, Dominique Graciet passe le relais à la tête de la chambre d’agriculture des Landes et de la chambre régionale de Nouvelle-Aquitaine.
Un chapitre se tourne au sein de la chambre d’agriculture des Landes et de la chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine. Après vingt ans passés à la tête des deux organismes, Dominique Graciet a démissionné des deux présidences. Une démarche attendue, conforme à son engagement pris lors des dernières élections de février 2019 et justifiée par sa retraite agricole imminente.
Concernant la présidence de la chambre d’agriculture des Landes, l’annonce a été officialisée lors de la session consacrée au budget qui s’est tenue le lundi 30 novembre. Marie Hélène Cazaubon, première vice-présidente, devrait lui succéder au cours d’une session élective prévue ce vendredi 11 décembre au lycée agricole de Dax.
Le 7 décembre, c’est par un message adressé par courriel, que Dominique Graciet a annoncé qu’il quittait également ses fonctions de président de la chambre d’agriculture régionale. Son successeur sera élu mardi prochain, 15 décembre, au cours d’une session qui se tiendra à Lanaud dans la Haute-Vienne.
À l’école des Jeunes Agriculteurs
S’il a été élu pour la première fois à la présidence de la chambre d’agriculture des Landes et d’Aquitaine en 2001, Dominique Graciet a entamé son engagement professionnel une quinzaine d’années auparavant. En 1988, il prenait la tête du Centre départemental des Jeunes Agriculteurs (CDJA). «J’ai démarré au moment des négociations de la PAC, se souvient-il. C’est le premier grand combat qui m’a marqué…». De son passage chez les Jeunes Agriculteurs landais, il garde également en mémoire la finale nationale de labour en 1992 à Monségur. «Une superbe rencontre couronnée d’un vrai succès».
Une autre page s’est ouverte ensuite à la FDSEA, avec trois mandats de président entre 1993 et 2001. «C’est peut-être la responsabilité la plus difficile que j’ai eue à conduire, souffle-t-il. Il faut à la fois s’investir dans des dossiers généraux relevant de la politique agricole mais aussi traités des problématiques locales et des dossiers individuels d’agriculteurs. C’est très accaparant».
Changement de capitaine
À l‘aube des années 2000, l’accès à la présidence de la chambre d’agriculture des Landes a constitué un prolongement de l’engagement syndical. «Quand j’ai pris la présidence, j’ai eu la grande satisfaction de pouvoir le faire avec une équipe dynamique et rajeunie…». Cette notion de collectif lui tient particulièrement à cœur. «Au niveau professionnel, nous avons œuvré de concert pour défendre notre département, avec des valeurs communes et une répartition des rôles, et avec le souci de faire rayonner les responsables landais au sein des organisations nationales… Aujourd’hui, l’équipe change de capitaine, mais elle reste en place pour poursuivre le travail».
À l’heure du bilan, résumer en quelques lignes vingt années de mandature est un exercice impossible. Les dossiers ont été légion, les concrétisations nombreuses, les sujets de négociations multiples… Bien sûr, certains épisodes de crise qui ont nécessité une intense mobilisation reviennent à l’esprit. Parmi ceux-ci figurent les crises sanitaires, celle de l’ESB (encéphalopathie spongiforme bovine), puis la fièvre catarrhale ovine (FCO) et bien sûr les crises successives de l’influenza aviaire.
En 2009, le passage de la tempête Klaus reste un autre épisode marquant. «À chaque fois, la chambre d’agriculture a été reconnue comme une organisation autour de laquelle les acteurs agricoles et au-delà ont pu se rassembler… Grâce à cette adhésion globale, on a toujours essayé de sortir par le haut et reconstruire en faisant en sorte de préparer l’avenir…».
Du pain sur la planche
Au moment de transmettre le flambeau, il voit se profiler quelques enjeux majeurs pour le monde agricole. L’accès à la ressource en eau est l’un d’eux. «En 2011, nous avons signé un protocole d’accord avec l’État qui prévoit de nouvelles modalités de gestion collective et la création de nouveaux volumes de stockage. De notre côté, on a travaillé pendant dix ans pour réformer le système, avec la création de l’organisme IrrigAdour notamment. La profession a fait son travail, mais les pouvoirs publics, eux, n’ont pas rempli leurs obligations. Pourtant, on voit bien que l’accès à l’eau est un défi essentiel au regard du changement climatique. Si rien n’est fait, on pourrait assister à une perte très importante de revenu».
Un autre chantier concerne le dialogue avec la société. «Aujourd’hui, il faut reconnaître qu’il y a une forme d’incompréhension avec le grand public. Dans les dernières générations, on a certainement pris du retard à ce niveau-là. À l’avenir, il va falloir être plus fort et plus organisé».
Avec ce passage de témoin, Dominique Graciet boucle donc trente-cinq années d’engagement professionnel au service de l’agriculture landaise. «Au début, on choisit de s’engager pour agir, pour pouvoir participer aux décisions… Par la suite, les événements et les agriculteurs vous donnent d’autres responsabilités… J’ai été de plus en plus pris. Cela entraîne forcément des sacrifices sur le plan personnel et au niveau de l’exploitation. En parallèle, c’est une vie professionnelle pleine de passion, qui m’a permis de nombreuses rencontres et de mieux comprendre les enjeux qui nous entourent».
Fabien Brèthes