Eau : La DRAAF veut rétablir le courant
Les membres du conseil d'administration ont rencontré, sur le terrain, le directeur régional de l'agriculture et de l'alimentation, Hervé Durand, pour faire un large tour des dossiers d'actualité.
Revenu en berne, crise du lait, loi sur l'eau L'agriculture d'Aquitaine serait-elle en danger ? La question a clairement été évoquée lors d'un conseil d'administration décentralisé de la FRSEA, organisé le vendredi 9 juillet dernier sur une exploitation des Pyrénées-Atlantiques. À cette occasion, le syndicat avait invité le directeur régional de l'agriculture et de l'alimentation (DRAAF) d'Aquitaine, Hervé Durand. Ce dernier a ainsi pu se rendre compte du désarroi et des fortes attentes de la profession.
Parmi les nombreux sujets abordés durant cette matinée de travail, le dossier de l'irrigation a monopolisé la plus grande partie des interventions. Et pour cause, « sur les 27 000 agriculteurs professionnels que compte l'Aquitaine, la moitié irrigue, note la FRSEA. L'irrigation n'est-elle pas la première assurance revenu de l'exploitant ? »
La réforme initiée par la loi sur l'eau prévoit une révision des volumes prélevables affectés à l'agriculture. C'est principalement ce volet qui cristallise les tensions entre la profession et l'administration Une tension qui a atteint son paroxysme le 28 juin dernier lors de la session de la chambre d'agriculture des Landes. En effet, exaspérés par le sentiment de ne pas être entendus, les professionnels ont décidé de suspendre toute relation de travail avec l'administration.
« Il y a des marges de manoeuvre »Dans ce contexte extrêmement tendu, le DRAAF a invité les responsables agricoles à rester dans la danse. Rappelant que cette réforme est pilotée par la DREAL (N.D.L.R. : direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement), et non pas par ses services, Hervé Durand a insisté sur « la dynamique de discussion ». Selon lui, « il faut renforcer nos échanges. Il y a des marges de manoeuvre envisageables, il faut donc continuer à échanger ». Cette invitation laisse les responsables de la FRSEA dans l'expectative. « Vous dites qu'il y a concertation et échanges, lance le président Henri Bies-Péré. Nous ne sommes vraiment pas d'accord avec ces mots. Nous n'avons jamais été entendus sur le sujet. On n'est pas sur un consensus ». Le président enfonce le clou : « Au sein de l'administration, on se demande si on discute dans le même cadre. Il faut convaincre les gens de l'environnement. Nous avons depuis toujours conduit une gestion de l'eau raisonnée et raisonnable. Je ne vois pas les raisons de nous l'enlever ».
Conscient de l'importance du sujet et de marcher sur des charbons ardents, le DRAAF tente d'éteindre l'incendie, maniant au passage quelque peu la langue de bois. « Le sujet est délicat, indique Hervé Durand. Le rôle de la DRAAF est de rendre compte des enjeux attachés à l'utilisation de l'eau dans l'agriculture. Nous savons que derrière la pratique de l'irrigation, il y a un impact direct sur le résultat des exploitations agricoles. Toute une économie de filière est dépendante de l'irrigation. Nous allons analyser les difficultés et on essaiera de dégager des solutions ».
FRSEA et DRAAF sont par contre d'accord sur un point. Au sein de certains bassins, notamment dans les Landes, la mise en oeuvre de la réforme en l'état induirait une fin pure et simple de l'irrigation. C'est pourquoi, là encore, Hervé Durand invite les responsables agricoles « à conduire un travail avec la DREAL ». Et donc à renouer le dialogue. Ce qui semble en fait le plus compliqué à mettre en oeuvre. « Nous ne reviendrons autour de la table que si nous avons la certitude de continuer à gérer l'eau, prévient en effet le secrétaire général de la FDSEA des Landes, Jean-Marc Benquet. Tant qu'il n'y aura pas de geste de la DREAL, notre position ne bougera pas ».
Le DRAAF semble avoir pris la mesure des attentes et des demandes de la profession agricole. Face à son auditoire, il a même donné l'impression de partager la position de la FRSEA. Son président n'a donc pas manqué l'occasion de saisir la balle au bond : « Nous comptons sur vous pour être combatif et faire plier vos collègues de la DREAL ». C'est à ce prix que le courant pourra être rétabli entre fonctionnaires et agriculteurs.
Yannick Allongue Le lait et ses quotasProfitant de la venue du DRAAF sur une exploitation laitière, Hubert Majesté, administrateur de la FRPL, a interpellé Hervé Durand sur la situation des producteurs du Sud-Ouest. Selon lui, deux points sont essentiels pour permettre aux éleveurs de faire face à la crise. Tout d'adord, « il faut éviter les sous-réalisations et permettre l'utilisation des reliquats qui restent dans les départements ». Pour cela, Hubert Majesté est convaincu qu'« il faut aller vers la régionalisation. Il est primordial d'avoir une mobilité des volumes ». D'autre part, le responsable de la FRPL milite pour « une récupération plus rapide des sous réalisations structurelles ». Sur ce dossier encore, Hervé Durand prône le dialogue. « Il faut échanger là -dessus » Henri Bies-Péré : « Il faudra être extrêmement vigilant »
Que retenez-vous de cette rencontre avec le DRAAF ?
Il à été très à l'écoute de nos problèmes et à montré dans ses réponses le souci qu'il a de l'approche économique de l'agriculture. Le fait qu'il ait passé une journée avec les responsables FRSEA, qui plus est sur le terrain, nous à permis de prendre le temps de creuser les dossiers et d'échanger nos points de vue.
Dans quelle situation économique sont à ce jour les exploitations agricoles d'Aquitaine ?
Sur le plan économique, la plupart des exploitations est en train de digérer, au prix d'efforts énormes, la crise grave qu'elles ont subie en 2009. Pour certaines, les prix des produits qu'elles vendent sont en train de remonter, ce qui va leur permettre de retrouver petit à petit leur trésorerie. Pour d'autres, comme la viande bovine, le porc ou le vin, les situations de marché sont toujours difficiles et l'année 2010 ne se présente pas bien du tout. Il faudra être extrêmement vigilant et à l'écoute pour anticiper les situations dramatiques.
Concernant l'irrigation et la réforme des volumes prélevables, pensez-vous être au final entendu par l'administration ?
Le débat sur l'irrigation est particulièrement difficile, nous sommes engagés dans un bras de fer avec le ministère de l'écologie qui n'a apparemment pas entendu le message du chef de l'état. Le DRAAF nous à dit être à nos côtés pour porter ce dossier. Nous avons de bons arguments pour le faire avancer mais il faut rester mobilisés et combatifs.
Parmi les nombreux sujets abordés durant cette matinée de travail, le dossier de l'irrigation a monopolisé la plus grande partie des interventions. Et pour cause, « sur les 27 000 agriculteurs professionnels que compte l'Aquitaine, la moitié irrigue, note la FRSEA. L'irrigation n'est-elle pas la première assurance revenu de l'exploitant ? »
La réforme initiée par la loi sur l'eau prévoit une révision des volumes prélevables affectés à l'agriculture. C'est principalement ce volet qui cristallise les tensions entre la profession et l'administration Une tension qui a atteint son paroxysme le 28 juin dernier lors de la session de la chambre d'agriculture des Landes. En effet, exaspérés par le sentiment de ne pas être entendus, les professionnels ont décidé de suspendre toute relation de travail avec l'administration.
« Il y a des marges de manoeuvre »Dans ce contexte extrêmement tendu, le DRAAF a invité les responsables agricoles à rester dans la danse. Rappelant que cette réforme est pilotée par la DREAL (N.D.L.R. : direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement), et non pas par ses services, Hervé Durand a insisté sur « la dynamique de discussion ». Selon lui, « il faut renforcer nos échanges. Il y a des marges de manoeuvre envisageables, il faut donc continuer à échanger ». Cette invitation laisse les responsables de la FRSEA dans l'expectative. « Vous dites qu'il y a concertation et échanges, lance le président Henri Bies-Péré. Nous ne sommes vraiment pas d'accord avec ces mots. Nous n'avons jamais été entendus sur le sujet. On n'est pas sur un consensus ». Le président enfonce le clou : « Au sein de l'administration, on se demande si on discute dans le même cadre. Il faut convaincre les gens de l'environnement. Nous avons depuis toujours conduit une gestion de l'eau raisonnée et raisonnable. Je ne vois pas les raisons de nous l'enlever ».
Conscient de l'importance du sujet et de marcher sur des charbons ardents, le DRAAF tente d'éteindre l'incendie, maniant au passage quelque peu la langue de bois. « Le sujet est délicat, indique Hervé Durand. Le rôle de la DRAAF est de rendre compte des enjeux attachés à l'utilisation de l'eau dans l'agriculture. Nous savons que derrière la pratique de l'irrigation, il y a un impact direct sur le résultat des exploitations agricoles. Toute une économie de filière est dépendante de l'irrigation. Nous allons analyser les difficultés et on essaiera de dégager des solutions ».
FRSEA et DRAAF sont par contre d'accord sur un point. Au sein de certains bassins, notamment dans les Landes, la mise en oeuvre de la réforme en l'état induirait une fin pure et simple de l'irrigation. C'est pourquoi, là encore, Hervé Durand invite les responsables agricoles « à conduire un travail avec la DREAL ». Et donc à renouer le dialogue. Ce qui semble en fait le plus compliqué à mettre en oeuvre. « Nous ne reviendrons autour de la table que si nous avons la certitude de continuer à gérer l'eau, prévient en effet le secrétaire général de la FDSEA des Landes, Jean-Marc Benquet. Tant qu'il n'y aura pas de geste de la DREAL, notre position ne bougera pas ».
Le DRAAF semble avoir pris la mesure des attentes et des demandes de la profession agricole. Face à son auditoire, il a même donné l'impression de partager la position de la FRSEA. Son président n'a donc pas manqué l'occasion de saisir la balle au bond : « Nous comptons sur vous pour être combatif et faire plier vos collègues de la DREAL ». C'est à ce prix que le courant pourra être rétabli entre fonctionnaires et agriculteurs.
Yannick Allongue Le lait et ses quotasProfitant de la venue du DRAAF sur une exploitation laitière, Hubert Majesté, administrateur de la FRPL, a interpellé Hervé Durand sur la situation des producteurs du Sud-Ouest. Selon lui, deux points sont essentiels pour permettre aux éleveurs de faire face à la crise. Tout d'adord, « il faut éviter les sous-réalisations et permettre l'utilisation des reliquats qui restent dans les départements ». Pour cela, Hubert Majesté est convaincu qu'« il faut aller vers la régionalisation. Il est primordial d'avoir une mobilité des volumes ». D'autre part, le responsable de la FRPL milite pour « une récupération plus rapide des sous réalisations structurelles ». Sur ce dossier encore, Hervé Durand prône le dialogue. « Il faut échanger là -dessus » Henri Bies-Péré : « Il faudra être extrêmement vigilant »
Que retenez-vous de cette rencontre avec le DRAAF ?
Il à été très à l'écoute de nos problèmes et à montré dans ses réponses le souci qu'il a de l'approche économique de l'agriculture. Le fait qu'il ait passé une journée avec les responsables FRSEA, qui plus est sur le terrain, nous à permis de prendre le temps de creuser les dossiers et d'échanger nos points de vue.
Dans quelle situation économique sont à ce jour les exploitations agricoles d'Aquitaine ?
Sur le plan économique, la plupart des exploitations est en train de digérer, au prix d'efforts énormes, la crise grave qu'elles ont subie en 2009. Pour certaines, les prix des produits qu'elles vendent sont en train de remonter, ce qui va leur permettre de retrouver petit à petit leur trésorerie. Pour d'autres, comme la viande bovine, le porc ou le vin, les situations de marché sont toujours difficiles et l'année 2010 ne se présente pas bien du tout. Il faudra être extrêmement vigilant et à l'écoute pour anticiper les situations dramatiques.
Concernant l'irrigation et la réforme des volumes prélevables, pensez-vous être au final entendu par l'administration ?
Le débat sur l'irrigation est particulièrement difficile, nous sommes engagés dans un bras de fer avec le ministère de l'écologie qui n'a apparemment pas entendu le message du chef de l'état. Le DRAAF nous à dit être à nos côtés pour porter ce dossier. Nous avons de bons arguments pour le faire avancer mais il faut rester mobilisés et combatifs.