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En mai, le salon l’agriculture de Nouvelle-Aquitaine remplacé par une Semaine de l’agriculture

Contrainte d’annuler le SANA en raison de l’épidémie du Covid-19, la filière agricole régionale lance, à la place, la Semaine de l’agriculture en Nouvelle-Aquitaine.

file-Dès le début de la crise, on savait que les choses seraient compliquées pour maintenir le SANA.
Dès le début de la crise, on savait que les choses seraient compliquées pour maintenir le SANA.

L’agriculture régionale n’échappe pas à la crise du coronavirus. En conséquence, son événement le plus fort de l’année, le Salon de l’agriculture Nouvelle-Aquitaine (SANA), qui était prévu du 16 au 24 mai, a dû être annulé après de multiples tergiversations. Les enjeux étaient de taille, les partenaires à consulter étaient nombreux.

C’est finalement une solution hybride qui a été choisie. À la place, Dominique Graciet, président de la chambre d’agriculture régionale et président du SANA, a annoncé la tenue d’une Semaine de l’agriculture Nouvelle-Aquitaine du 14 au 22 mai. Les contours en sont encore flous, mais les organisateurs ont voulu conserver une certaine activité dans la communication de leur filière.

Comment a été prise la décision concernant le SANA 2020 ?
Dominique Graciet - Même si le contexte a évolué au jour le jour, et que l’on a beaucoup été dans l’observation et dans l’attente des décisions, dès le début de la crise on savait que les choses seraient compliquées. Pour le salon, il y a deux mois de préparation, des dépenses qui sont engagées très tôt, et on a compris que conserver le SANA sous sa forme physique traditionnelle ne serait pas possible. C’est pour cela que l’on a mis sur pied un nouvel événement. L’objectif est d’avoir une communication positive des agriculteurs avec la société.

Pourquoi se séparer de la Foire internationale de Bordeaux ?
D. G. - La Foire cherche encore des dates pour reporter son organisation. Mais de notre côté, on avait des enjeux immédiats, notamment le Concours de Bordeaux-Vins d’Aquitaine. Celui-ci devrait se tenir en juin ou début juillet, toujours selon l’évolution de la crise, pour ne pas laisser tomber la filière viticole.
Ensuite, la Foire devrait se tenir au début de l’hiver, mais il y a déjà plusieurs événements agricoles à cette période. On a préféré une solution innovante et ambitieuse, celle de l’ouverture et de la communication avec les citoyens.

À quoi faut-il s’attendre au cœur de ce nouvel événement ?
D. G. - Cette Semaine de l’agriculture Nouvelle-Aquitaine va reposer en partie sur les événements professionnels du SANA. Certains d’entre eux, tels que les États généraux de l’innovation ou les Assises de l’origine, concernent une centaine de personnes. Si on sort du confinement et de la crise, ils se tiendront sous leur forme physique. Sinon, on utilisera des moyens dématérialisés, à travers une série de témoignages filmés qui seront diffusés sur les réseaux sociaux par exemple. Ces événements sont le fondement du message que l’on veut porter à travers cette semaine de l’agriculture. Pour le reste, on n’a pas d’idée précise de ce que l’on sera en mesure de réaliser dans le contexte du mois de mai…

Comment l’agriculture régionale traverse cette crise actuellement ?
D. G. - Notre activité est à la fois préservée et fortement gênée, avec de multiples contraintes de biosécurité. Il faut trouver les mesures les plus adaptées avec les pouvoirs publics. Les questions de logistique et d’organisation du travail se posent. Ensuite, il y a le problème des filières saisonnières. Pour les asperges et les autres légumes de printemps, pour les fraises, ou pour l’agneau de Pâques, la période est critique. Les inquiétudes sont là, les difficultés pour continuer notre exercice aussi, mais chaque jour on réfléchit aux meilleures solutions pour la continuité de nos exploitations.

Quels peuvent être les conséquences, aujourd’hui et en sortie de crise?
D. G. - On parle de solutions en termes d’organisation du travail, on parle des problèmes économiques et de main-d’œuvre, mais on pense déjà à demain. Certaines filières étaient en difficulté, la situation ne va pas améliorer les choses. La solution est dans une mobilisation syndicale pour demander aux pouvoirs publics une année blanche, afin de redonner de l’oxygène à la profession et de permettre que demain soit possible. Il faut tout mettre en œuvre pour qu’à la sortie de la crise, on puisse continuer à produire.

Paradoxalement, il y a aussi un effet positif pour l’image de l’agriculture…
D. G. - On sent en effet un basculement de l’ambiance générale autour de notre profession. L’agriculteur a un certain nombre de contradicteurs, ils sont peu nombreux mais très actifs. Mais on sait aussi que 80 % de la société nous soutient. Aujourd’hui, c’est cette grande majorité silencieuse qui se réveille pour souligner le rôle de l’agriculture et remettre les pendules à l’heure. On est là pour proposer une alimentation à la société, avec des denrées fraîches. Il va aussi falloir que les grandes surfaces et les metteurs en marché jouent le jeu.

Propos recueillis parSylvain Desgroppes

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