Entre Bayer et Monsanto, fiançailles de géants dans l’agrochimie
Le chimiste allemand Bayer a détaillé, le 23 mai, avoir fait une offre à 62 milliards de dollars (55 milliards d’euros) pour racheter le spécialiste américain des biotechnologies Monsanto. Mais pour l’heure aucun accord ferme n’a été trouvé.
«Bayer a fait une offre en numéraire pour acquérir toutes les actions de Monsanto, au prix de 122 dollars par action ou une valeur totale de 62 milliards de dollars», indique un communiqué de la multinationale allemande. En mettant un tel prix sur la table, Bayer indique qu’il propose aux actionnaires de Monsanto une prime de 37% par rapport au cours de l’action du groupe américain le 9 mai, veille de l’offre.
Pour l’heure, Monsanto a rejeté cette offre de rachat, mais a laissé la porte ouverte à un mariage avec une meilleure dot. Le conseil d’administration a «unanimement jugé l’offre de Bayer incomplète et financièrement inappropriée mais reste ouvert à poursuivre des discussions constructives pour déterminer si une transaction dans l’intérêt des actionnaires de Monsanto est possible».
En avalant Monsanto, Bayer espère réaliser, au bout de trois ans, environ 1,5 milliard de dollars d’économies et enregistrer une hausse de son bénéfice par action d’environ 5% la première année et d’au moins 10% les suivantes. Déjà très lourdement endetté, le chimiste allemand se dit pourtant «hautement confiant» dans sa capacité à financer un tel rachat.
Chocs de titans
Une telle fusion donnerait naissance à un géant dans le secteur de l’agrochimie et des semences OGM. Elle confirmerait également la consolidation s’opérant dans le secteur avec la fusion en cours des Américains Dow Chemical et DuPont — qui doit faire émerger un poids lourd pesant quelque 130 milliards de dollars — et celle du suisse Syngenta avec le chinois ChemChina.
Syngenta avait au préalable rejeté les avances de Monsanto. Après l’échec de ses discussions avec Syngenta, Monsanto a engagé une vaste restructuration comprenant la suppression de 3.600 emplois, soit 16% de ses effectifs, d’ici 2018 et la fermeture de sites et des dépréciations d’actifs.
Le groupe de Saint-Louis, dans le centre des États-Unis, connu notamment pour son herbicide Roundup, dont la substance active glyphosate est actuellement controversée surtout en Europe, souffre de la chute des ventes des semences transgéniques.
Au creux de la vague
Cela est la conséquence d’abord de la baisse des revenus des agriculteurs depuis quelques années, qui affecte la demande en machinisme, engrais, phytos et semences, mais aussi de l’appréciation du dollar qui rend les produits Monsanto chers pour les agriculteurs d’Amérique latine. La division d’agrochimie de Bayer, dont les néonicotinoïdes sont aussi décriés, a également souffert ces derniers mois.
Ces discussions avaient été dévoilées dans la nuit du 18 au 19 mai par le Wall Street Journal. Des rumeurs relayées par Bloomberg News avaient déjà circulé la semaine précédente à ce sujet faisant s’envoler l’action Monsanto et pesant au contraire sur celle de Bayer.