Euralis : bilan contrasté selon les pôles
À l'image de son siège de Lescar, en pleine rénovation, la coopérative Euralis apporte les dernières retouches à son organisation. Il y a deux ans, le groupe a lancé un «plan de transformation», visant à poser les jalons d'un nouveau modèle. Il s'est traduit par une restructuration des différents pôles et du pilotage de la structure. Sa mise en oeuvre a été confiée au directeur, Pierre Couderc, et ses équipes.
Depuis 2010, le groupe Euralis s'est engagé dans un vaste plan de restructuration. « Notre objectif est d'augmenter le revenu des agriculteurs en construisant des filières performantes », explique le président Christian Pèes. © DR
Présenté à la presse, lundi 4 février, puis deux jours plus tard lors de l'assemblée générale, au Palais Beaumont à Pau, le bilan du dernier exercice d'Euralis montre que la démarche porte ses premiers fruits. Le groupe coopératif semble sur orbite pour atteindre un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros, à l'horizon 2020. Pour l'exercice 2011-2012, les résultats restent toutefois contrastés selon les pôles.
Les secteurs agricole et semence affichent une santé de fer. Ils poursuivent leur croissance. Le pôle participations et développement, qui réunit les activités situées hors du territoire coopératif et les partenariats industriels (nutrition animale, productions légumières ou de chanvre), tire également son épingle du jeu. Seul le pôle alimentaire fait grise mine. Ce dernier subit notamment de plein fouet la hausse des prix des matières premières, dont l'impact est estimé à 16 millions d'euros. En outre, sa réorganisation profonde, l'année dernière, semble avoir pesé sur les résultats.
Un modèle repensé
Pour l'heure, le bilan 2011-2012 s'avère donc mitigé. Certes, le groupe affiche un résultat net négatif à hauteur de 10 millions d'euros, mais celui-ci s'explique essentiellement par un élément exceptionnel, à savoir le provisionnement du plan de restructuration du pôle alimentaire. Près de 17 millions d'euros ont ainsi été mis en réserve pour le plan de sauvegarde de l'emploi. Cela mis à part, le résultat d'exploitation, qui selon le président Christian Pées constitue le «véritable juge de paie de nos activités», est quant à lui largement positif (20 millions d'euros).
Avec plus d'un million de tonnes de céréales collectées lors de l'exercice (clôturé au 31 août 2012), le pôle agricole a traité des volumes jamais vus. Mais sa bonne santé s'appuie également sur le déploiement de nouveaux outils. Les économies réalisées gràce à la centrale d'achat Agrihub (lire également encadré ci-dessous) et au dispositif logistique mutualisé, au travers duquel les coopératives Euralis et Maisadour mettent en commun leurs outils de stockage, ont permis de redistribuer 5 millions d'euros aux coopérateurs.
Marchés porteurs
Avec un chiffre d'affaires ayant progressé de 70% en l'espace de cinq ans, l'activité semence surfe elle aussi sur la vague d'un marché porteur des céréales. Mais Euralis va plus loin. Lors du dernier exercice, le chiffre d'affaires du pôle a bondi de nouveau de 12%, alors que le marché mondial progressait «seulement» de 4%. Dans ce contexte, le groupe étoffe sa présence à l'international. L'outil de production basé en Ukraine, qui enregistre déjà des performances inattendues, va être développé. Des instruments de recherche ont été implantés en Roumanie et en Russie, où une usine de transformation devrait voir le jour. Au total, le réseau commercial d'Euralis est désormais présent dans dix pays.
Cette bonne dynamique a également des répercussions locales. Christian Pées a annoncé une croissance de 1000 hectares de la sole de mais semence dans le Sud-Ouest. Ici aussi, un nouveau silo de séchage devrait voir le jour.
Recentrage du pôle alimentaire
Troisième volet de l'activité d'Euralis, le pôle alimentaire a donc été totalement repensé (lire ci-dessous). «Nous avons fait le choix d'un dispositif industriel recentré et plus efficace», explique Pierre Couderc. D'où la mise en oeuvre d'un plan de restructuration qui ne concerne nullement l'activité foie gras ni la région Sud-Ouest. Il s'est traduit par la fermeture de plusieurs sites. 73% des salariés concernés par un licenciement sont déjà en cours de reclassement. Les sites restants, notamment celui d'Yffiniac (Cotes d'Armor), vont bénéficier d'un regain de compétitivité, par le biais d'investissements.
Euralis entend aussi recentrer ses gammes à destination des bouchers, charcutiers, traiteurs autour des produits les plus efficients. Près de deux mille références ont d'ores et déjà été retirées. D'un autre côté, un plan d'optimisation des achats d'emballages a été imaginé. Il devrait permettre une économie de 6millions d'euros d'ici deux ans. Enfin, le groupe mise aussi sur l'innovation. Des produits inédits voient régulièrement le jour, à l'image du petit dernier, le homard bleu décortiqué cru. C'est ce mode de préparation qui le rend original, car traditionnellement le décorticage des homards nécessite une cuisson. Gràce à un procédé utilisant un système haute pression, les équipes de la marque Rougié s'affranchissent de cette contrainte et proposent un produit surgelé plus goutteux, avec une grande souplesse de préparation.
Objectifs ambitieux
Plus généralement, le groupe prévoit, à court terme, une stabilité de son chiffre d'affaires et le retour à l'équilibre de son résultat net, bien que l'environnement économique reste difficile sur les marchés agroalimentaires. Dans un contexte de cours des matières premières élevés, la situation devrait rester plus favorable sur les marchés agricoles, céréales et semence.
À plus long terme, pour atteindre ses objectifs de croissance ambitieux, Euralis veut se focaliser sur ses forces et les marchés qui présentent le meilleur potentiel. Cela passera incontestablement par un développement à l'international, notamment avec les pôles semences et la marque Rougié. Localement, le groupe entend aussi impulser un nouvel élan. Avec ses contrats de progrès, il veut faire office de catalyseur de projets. Sa nouvelle organisation, basée sur une gouvernance territoriale, doit lui permettre d'être au plus près du terrain et de ses adhérents.
Fabien Brèthes
En chiffresLors de l'exercice 2011-2012 (clôturé au 31 août), le chiffre d'affaires (CA) net du groupe Euralis s'établit à 1,32 milliard d'euros. Il est stable vis-à -vis de l'année précédente. Avec un CA de 596 millions d'euros le pôle agricole pèse le plus lourd, devant le secteur alimentaire (519 millions d'euros de CA), le pôle semence (141 millions) et le pôle participations et développement (121 millions). Le résultat d'exploitation ressort positif à hauteur de 20 millions d'euros. Le résultat net est quant à lui positif de 7 millions d'euros, hors éléments exceptionnels. En trois ans, la dette du groupe a baissé de 76 millions d'euros, soit un recul de 27%.
En chiffresLors de l'exercice 2011-2012 (clôturé au 31 août), le chiffre d'affaires (CA) net du groupe Euralis s'établit à 1,32 milliard d'euros. Il est stable vis-à -vis de l'année précédente. Avec un CA de 596 millions d'euros le pôle agricole pèse le plus lourd, devant le secteur alimentaire (519 millions d'euros de CA), le pôle semence (141 millions) et le pôle participations et développement (121 millions). Le résultat d'exploitation ressort positif à hauteur de 20 millions d'euros. Le résultat net est quant à lui positif de 7 millions d'euros, hors éléments exceptionnels. En trois ans, la dette du groupe a baissé de 76 millions d'euros, soit un recul de 27%.