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Face aux controverses qui les affectent, les agriculteurs doivent communiquer

Le monde agricole est au cœur de nombreuses polémiques. Elles sont très relayées dans les médias, leur donnant parfois un poids plus important que leur impact réel sur l’opinion publique. Et quand la parole des experts scientifiques ne suffit pas pour contrebalancer ces polémiques, les agriculteurs sont invités à faire entendre leur voix pour expliquer leurs pratiques.

file-Les agriculteurs se doivent d’être les ambassadeurs de leur métier, comme ici dans les Pyrénées-Atlantiques à l’occasion de l’opération “Fermes ouvertes”
Les agriculteurs se doivent d’être les ambassadeurs de leur métier, comme ici dans les Pyrénées-Atlantiques à l’occasion de l’opération “Fermes ouvertes”

À l’occasion des rencontres de l’agriculture positive organisées par AgroParisTech, Elsa Delanou, agronome et sociologue, a présenté les résultats d’une étude sur «l’acceptabilité de l’élevage France». Ce sondage révèle que 40% des citoyens se disent satisfaits du respect de l’environnement par les éleveurs, 60% de l’entretien des paysages, 33% du respect du bien-être animal.

L’agriculture bashing à la mode

Selon cette enquête, 60% des personnes interrogées ne pensent pas réduire leur consommation de viande, 14% déclarent envisager de cesser de manger de la viande et 18% envisagent de diminuer leur consommation. 2% des personnes interrogées souhaitent la fin de l’élevage.

Malgré ces chiffres démontrant une bonne acceptabilité de l’élevage, avec tout de même une tendance globale à la diminution de la consommation de viande, l’élevage est bien au centre d’une controverse, grandement relayée dans les médias. Le point de vue des anti-élevages est ainsi plus relayé que celui des pros viande.

Pour Jean-Marc Petat, de BASF France, cela s’applique à toutes les filières et «l’agriculture bashing est devenu un business model». «Le marketing de la peur de l’agriculture» s’exprime beaucoup dans les médias. Jean-Marc Petat précise qu’«en 2015, 85 reportages à charge contre l’agriculture ont été diffusés sur les chaînes de télévisions françaises». Il a également souligné le paradoxe français ou «plus de réglementation ne veut pas dire plus de confiance des consommateurs à l’égard des produits issus de l’agriculture».

Les experts pas toujours entendus

Pour contrebalancer les controverses et les polémiques, la parole des experts ne fait pas toujours foi auprès de l’opinion publique. Jean-François Huneau, membre du Comité d’experts de nutrition humaine à l’Anses, estime que «si l’avis rendu par les experts est à rebrousse-poil de l’opinion que la population a commencé à se forger, il fera l’objet de défiance, ou pourra être déformé».

Il se souvient notamment d’une étude menée par l’Anses sur les qualités nutritives des produits issus de l’agriculture biologique. Elle avait démontré que, si la consommation de ces produits réduisait l’exposition aux pesticides, l’effet sur la qualité nutritionnelle des aliments était limité. Or, de nombreuses communications, articles, reportages, etc. avaient utilisé ces résultats pour mettre en avant les bienfaits nutritionnels des produits bio. Ainsi, 79% des consommateurs sont d’accord avec l’idée que les produits bios sont meilleurs sur le plan nutritionnel.

Pour réduire l’impact des polémiques Jean-Marc Petat appelle la profession à «prendre ses responsabilités et à communiquer pour se réconcilier avec les citoyens». Guillaume Lefort l’a bien compris, le céréalier, ambassadeur d’AgriDemain communique régulièrement sur son métier auprès du grand public. Il estime que «quand chacun prend le temps d’échanger, d’écouter, les messages passent. Quand j’explique aux gens pourquoi et comment je dois traiter avec du glyphosate, par exemple, ils comprennent».

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